L’intégration nationale, progrès et consensus social

14/05/2024 mis à jour: 15:42
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Par Dr  Moussa Tamadartaza

La construction démocratique de la nation algérienne ne peut se faire en dehors de la fidélité aux idéaux de liberté, d’égalité et de solidarité de la Révolution algérienne. La stratégie permettant de concrétiser ces idéaux consiste à restituer aux Algériens et aux Algériennes qui ont gagné la guerre, les instruments démocratiques qui leur garantissent de ne pas perdre la paix, mais au contraire de la construire en toute démocratie. Tout cela ne peut se construire que dans la liberté et dans les réponses nécessaires plurielles que le peuple apporte aux grandes questions de la vie.

Elle ne peut se construire également que dans le cadre de l’intégration nationale, qui consiste  en la consolidation de l’unité nationale, qui ne doit pas constituer une justification à l’appropriation du pouvoir politique. Elle ne doit pas être un instrument qui contraint à un étouffement des potentiels humain, régional et culturel.

L’intégration nationale consiste à mettre tous les citoyens dans la position de participer à la vie de la nation, de bénéficier de ses avantages, comme d’en assumer la charge. L’intégration nationale doit prendre en considération toutes les dimensions de notre société.

Elle a en vue tous les Algériens, y compris ceux vivant à l’étranger et chaque localité de notre territoire national, et pour que cet objectif se réalise la société civile doit avoir les moyens de s’exprimer.

Les associations comme les syndicats et les partis politiques doivent se faire entendre. Enfin, l’intégration nationale permettra la construction d’une nation solide, fière de son identité, de ses valeurs, de son travail et capable de vivre un véritable progrès social.

Le progrès social ne peut être affectif qu’en dépassant la contrainte majeure qui concerne particulièrement la stabilisation de l’économie et analyser suffisamment cette difficulté dans toutes stratégies futures.
Pour cela, il ne faut pas cesser de mettre en évidence :
-  Le rôle moteur et incitateur de l’Etat ;
- Les moyens appropriés à mettre en œuvre pour réaliser les différents programmes de développement ;
- La démarche prospective en plus des éléments de stratégie et de politiques sectorielles ;    
- Les forces et les faiblesses caractérisant l’économie nationale, les opportunités et les menaces occasionnées par l’environnement  national et international ;

- Les différents scénarios alternatifs.

Le progrès social est indissociable de la politique sociale de l’Etat qui doit être conçue et conduite pour assurer une meilleure couverture de santé, de sécurité sociale, d’éducation et surtout la recherche de tous les moyens de développement de l’emploi.

Dans cette optique, l’action sociale de l’Etat vaste, dispersée et coûteuse d’une part, doit obéir à la règle de transparence, bien ciblée et qualitativement forte et équitable d’autre part, afin de ne pas accentuer la frustration populaire et ne pas contribuer à l’affaiblissement de l’Etat. Les objectifs fixés aussi bien en matière de protection sociale que de pacte social doivent être quantifiés et leurs moyens de mise en œuvre définis.
Dans cette optique, il convient d’assurer :

- La consolidation et la préservation du système de sécurité sociale dans son unité institutionnelle, son unification organisationnelle  et sa fiabilité financière ;
- La préservation du régime de retraité actuellement fragile ;
- Une réflexion sur les moyens d’amélioration du pouvoir d’achat des citoyens et l’augmentation des salaires ;
- La réduction du déficit en logement et sa répartition rationnelle au double plan économique et social en luttant contre la spéculation immobilière.

L’emploi : Priorité nationale et enjeux de cohésion sociale.

Il est difficile d’admettre qu’un dossier si complexe, enjeu principal, d’une stratégie de construction de développement et de progrès social, ne soit pas entouré d’un maximum de rigueur. Des objectifs en matière d’emploi doivent êtres fixés avec identification des moyens de réalisation. Il faut savoir que le traitement du problème de l’emploi est avant tout économique et non seulement social. La création d’emploi doit être le critère majeur dans le choix des investissements et leur localisation.

Dans ce cadre, un encadrement important par l’Etat, les collectivités locales et les institutions financières est souhaitable. Cet encadrement devra reposer sur une organisation transparente du marché du travail. Le progrès social est tributaire du diagnostic sur la situation économique et sociale qui nous renseigne sur ce qu’il ne faut plus faire et ce qu’il faut ordonner et réadapter.

Dans le domaine social justement, les différentes actions à mener ne doivent plus obéir au conjoncturel et au spécifique au détriment d’une politique sociale cohérente et transparente qui puisse consolider la cohésion sociale, montrer la solidarité nationale dans sa pleine expression, offrir dans le cadre d’une stratégie de développement des perspectives réelles pour les générations qui arrivent en masse sur le marché du travail et pour leur donner confiance, foi et espoir en leur pays.

C’est la finalité de toute stratégie de développement économique et sociale. C’est dans ce cadre enfin que s’inscrit le principe d’un pacte social qui doit constituer l’illustration concrète d’une culture consensuelle chez tous les partenaires.

La nécessité d’approfondir et d’élargir les perspectives et le cadre de cette réflexion, la nature complexe des arbitrages à organiser, l’impératif vital d’offrir un grand projet mobilisateur pour la jeunesse, postulent plus que jamais, une concertation permanente, à tous les niveaux et dans tous les secteurs, entre l’ensemble des acteurs sociaux et économiques, pour élaborer, mettre en place et bâtir un nouveau consensus social.

Les portes de sortie qui s’ouvrent  permettent de briser le cercle de la fatalité et de résignation. Toutes les actions reposent sur la nécessité de fonder des espoirs raisonnés de garantir un avenir meilleur, un développement économique durable et équilibré.

Tout processus de réforme ne peut être socialement positif et porteur de plus de perspectives favorables à la sphère sociale que s’il est soutenu par une politique sociale globale et cohérente capable de maintenir la cohésion des secteurs sociaux et contrecarrer les risques d’une plus grande dégradation sociale. Une telle cohésion sociale implique que les pouvoirs publics agissent, participent et suscitent la solidarité  nationale afin d’assurer la pérennité de l’ordre social et surtout sa reproduction. 

Pour cela, il est nécessaire :
- D’assurer l’équité dans la répartition des prestations sociales garanties par l’Etat, sur la base des mécanismes efficaces et fiables ; 
- De préserver l’emploi, d’envisager la création de nouveaux postes de travail permanents et de gérer le chômage dans toutes ses dimensions ;
- D’améliorer et de renforcer les dispositifs du filet social dans le sens d’un meilleur ciblage des populations éligibles à ces prestations. Dans ce cadre, il y a lieu de responsabiliser davantage les collectivités locales, en relation avec le mouvement associatif en ciblant  les couches les plus défavorisées, en élaborant une carte sociale ;
- De réhabiliter et pérenniser le système de sécurité sociale et le rendre plus viable et plus efficient ;
- De renforcer le dispositif de préservation et de production du pouvoir d’achat notamment celui des populations les plus défavorisées ;  
- D’introduire des mécanismes efficaces et fiables destinés à favoriser le logement social ;
- De garantir la démocratisation de l’enseignement ;
- D’assurer la prise en charge des soins de santé publique ; notamment en direction des populations fragilisées et démunies ; 
- De favoriser l’adhésion sociale en associant les partenaires sociaux aux programmes de réformes sur la base du dialogue et de la concertation.

 
Dans ce domaine, les principales mesures à prendre consiste à :
- Investir, en collaboration avec les partenaires, le champ social pour animer une dynamique de promotion sociale ; le pacte social étant une donnée principale à la relance économique et à la stabilité sociale ;
- Inscrire la consolidation du système de sécurité social aux plan institutionnel, organisationnel et financier ;
- Prendre des mesures et des actions visant la protection du pouvoir d’achat.
En matière de sécurité sociale qui est la clé de voûte du système de protection sociale, celle-ci rencontre des difficultés financières, dont les causes sont à rechercher non seulement dans l’accroissement vertigineux des dépenses liées aux prestations de soin, et particulièrement celles du produit pharmaceutique, mais aussi dans : 
- Les prélèvements forfaitaires en augmentation constante depuis plusieurs années, destinés au financement des hôpitaux.   
- Tendance à relever les allocations familiales en guise d’augmentation des revenus salariaux ;
- Le transfert sur le régime de retraite des problèmes liés à l’emploi ;
- L’accaparement d’une partie importante du patrimoine de la sécurité sociale.
Tous les facteurs conjugués à la diminution du nombre de cotisants due à la baisse du niveau de l’emploi, ont contribué largement à déséquilibrer les comptes de la sécurité sociale et à laisser percer le risque d’un démembrement durable de cette institution. 
La sécurité sociale, véritable levier  de la politique sociale  doit d’être préservée en :
- Veillant à son remembrement organique en évitant la multiplication des organes de gestion ;
- Rétablissant son assise organique et financière sur la base de ses principes fondamentaux  d’autonomie financière et de solidarité ;
- Préservant ses capacités financières par leur utilisation  exclusive à ses missions propres.
C’est ainsi qu’il apparaît indispensable de concevoir, selon une démarche rationnelle, une nouvelle politique sociale capable d’assurer une adhésion à un processus de transformation économique, de partage des richesses nationales et d’abolition de l’insécurité sociale. M. T.

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