La demande de classement est officiellement introduite auprès de la Commission de classement des aires protégées de la wilaya de Aïn Témouchent. L’étude de classement du BE «Abyss» approuvée a donc été validée.
Depuis un mois, le 24 mars, date de la présentation par le Bureau d’études Abyss du dossier de classement en Réserve naturelle marine et côtière devant les autorités de la wilaya de Aïn Temouchent, la demande de classement est officiellement introduite auprès de la Commission de classement des aires protégées de la wilaya de Aïn Temouchent, comme le veut la loi depuis 2011 et 2016.
C’est en effet les attributions de la Commission de la circonscription administrative de l’autorité qui a demandé le classement, en l’occurrence la direction de l’environnement de Aïn Temouchent porteuse du projet. L’étude de classement du BE Abyss, approuvée, a donc été validée.
Elle comprend la description et l’inventaire du patrimoine floristique, faunistique et paysager, la description du contexte socio-économique, l’analyse des interactions relatives à l’utilisation de l’espace par les populations locales, l’évaluation du patrimoine et la mise en évidence des principaux enjeux, l’identification des facteurs présentant une menace, la proposition du zonage de l’aire, l’élaboration d’un projet de plan d’action définissant les objectifs généraux et opérationnels.
Une étude menée avec une approche participative et la collaboration entre le ministère de l’Environnement et le Centre d’activités régionales pour les aires spécialement protégées (CAR/SPA), instrument depuis 1985 de la Convention de Barcelone dont le siège est à Tunis.
L’étude s’inscrit dans le cadre du projet régional «vers le bon état écologique de la mer et des côtes méditerranéennes à travers un réseau d’aires marines protégées écologiquement représentatives et efficacement gérées et surveillées» financé par l’UE et la fondation Mava pour la nature.
Importance internationale
L’île de Rachgoun est située face à l’embouchure de l’oued Tafna, à 2 km au nord de Rachgoun (Beni Saf), célèbre station balnéaire du littoral oranien. Elle est considérée comme un joyau du complexe insulaire de l’Ouest algérien riche d’une dizaine d’îles dont les plus connues sont les Îles Habibas au large de Madagh (Bouzedjar) classée depuis 2005 aire marine spécialement protégée (ASPIM) et l’Île Paloma (dite Plane) au large des Andalouses plus à l’est dans la wilaya d’Oran. Depuis juin 2011, l’île de Rachgoun est le cinquantième et dernier site inscrit sur la liste Ramsar des zones humides d’importance internationale.
Large de 15 hectares à peine, avec une histoire de citadelle conquise et reconquise, elle a autrefois porté le nom antique d’Insula Acra, puis Erechgoul devenue Rachgoun. De nos jours, on la désigne aussi localement par le joli nom aussi Layella. Les inventaires et expertises scientifiques ont mis au jour un riche patrimoine naturel avec une grande diversité spécifique notamment pour les espèces marines.
L’état de conservation et l’abondance de la faune et de la flore sont remarquables. Dernier site connu du phoque moine en Algérie, elle joue un rôle important dans l’alimentation des zones de pêche avoisinantes.
En effet, elle est ceinte, entre la surface et 40 m de profondeur, d’un important herbier de Posidonie et de nombreuses anfractuosités qui offrent des abris et des frayères aux espèces commerciales recherchées par les pêcheurs.
Sur la route des oiseaux migrateurs qui traversent la Méditerranée, on y a dénombré des colonies de 20 000 oiseaux dont des espèces rares ou menacées qui ont en fait une leur site de nidification.
Au débouché de la mer d’Alboran, exposée au courant atlantique par le détroit de Gibraltar, de grands mammifères marins comme le Rorqual commun, le grand cachalot, ou encore la baleine à bec de cuvier y ont trouvé nourriture abondante et refuge.
Proche de la côte où les activités de la pêche, du tourisme et l’urbanisation sont en perpétuelle extension, elle a progressivement perdu l’isolement qui a assuré son exceptionnel état de conservation.
C’est ainsi un site à enjeux socioéconomiques et culturels, on y découverts de ruines antiques et historiques, et de conservation où l’on devra assurer le maintien des services écosystémiques fournis par ses ressources naturelles.