Les études du projet de réhabilitation de la ligne ferroviaire reliant Bouchegouf (wilaya de Guelma) à El Khroub (wilaya de Constantine) ont consommé des sommes astronomiques sans jamais aboutir. La dernière étude en date est toujours en cours. Elle a été confiée, il y a quelques mois, à la SETI rail, un bureau d’études-filiale de la Société nationale des transports ferroviaires (SNTF).
Ainsi, la ou les variantes retenues du tracé d’une centaine de kilomètres devraient déboucher sur le lancement des travaux. «Pas si sur !», à déclaré à El Watan Abdelkader Mazare, directeur de communication de l’ANESRIF (Agence nationale d’études et de suivi de la réalisation des investissements ferroviaires), un établissement public à caractère industriel et commercial, sous la tutelle du ministère des Transports et des Travaux publics, lequel est vraisemblablement, l’unique interlocuteur habilité à parler du projet. «En effet, en général, bien qu’un projet soit en étude, il doit être maturé conformément aux orientations et aux directives que nous avons reçues.
Chaque phase de l’étude doit être également approuvée par la Caisse nationale d’équipement pour le développement (CNED) relevant du ministère des Finances». Et de poursuivre : «Concernant l’étude du projet de la ligne ferroviaire Bouchegouf-El Khroub, elle cerne entres autres les volets géologique, hydrologique, les levers topographiques du tracé qui peuvent aller jusqu’à 500 m de part et d’autre de la voie, mais aussi, les enquêtes parcellaires. Nous demandons à chaque commune de nous renseigner pour éviter toute mauvaise surprise.
Des propriétaires peuvent faire valoir leur droit en apparaissant après approbation». Et de conclure : «Une étude bien menée et mature peut aller jusqu’à 5 à 7 années de travail. Il est question de voies rapides de 160 km/h. nous attendons la réponse de la CNED». Nous n’en saurons pas plus sur ce projet névralgique qui, pour rappel, a vu sa première étude réalisée par un bureau d’études indien au début des années 1980. Cependant, quelques années plus tard, une autre étude où la même qui a été actualisée est prise en considération et le projet est inscrit au titre du plan quinquennal 2004-2009 pour un montant de 5 milliards de dinars. Abandonné, ou dans le meilleur des cas, oublié dans un tiroir, le projet refait surface en 2012.
Une variante sur 139 km
Une autre étude est alors réalisée et sera dévoilée en novembre 2014 par la direction des transports de la wilaya de Guelma. À cette époque, son responsable avait confié à El Watan qu’il était question de réaliser l’une des deux variantes proposées du tracé. En l’occurrence «l’une sur 139 km et la seconde sur 120 km» en précisant que «La ligne retenue ne sera opérationnelle qu’en 2019». Ainsi, la première variante sur 139 km, pour une vitesse de base de 160 km /h en ligne électrifiée, était la plus avantageuse. Elle prend son origine à la sortie de la gare de Bouchegouf passant par les villes de Belkheir, Guelma, Medjez Amar, Bouhamdane, Bordj Sabath, Oued Zenati, Aïn Regada (dans la wilaya de Guelma ) pour rejoindre la wilaya de Constantine à travers Aïn Abid et enfin la gare d’El Khroub. Est-ce la même étude préliminaire réalisée entre 2012 et 2014, que reprend SETI rail ?
À cette question nous n’aurons pas de réponse ou du moins le chargé de communication de l’ANESRIF n’en avait visiblement pas connaissance. En mars 2020, des bribes d’informations, rapportées par El Watan, sont distillées par Farouk Chiali, ministre des Transports et des Travaux publics lors d’une séance de travail. Le secteur du transport ferroviaire, en application du plan d’orientation des voies ferrées, issu du schéma national de l’aménagement du territoire (SDAT 2025) «a pour ambition de désenclaver les régions isolées et de raccourcir les distances» en prenant pour exemple justement le projet de la ligne de transport ferroviaire Bouchegouf-El Khroub, confié à la SETI rail pour une enveloppe de 341 millions de dinars.
Ainsi, de mémoire de guelmis, l’histoire retiendra que le train Trans-Maghrébin, Tunis-Casablanca passait par la gare de Guelma. Bien qu’ils soient trop âgés, les invétérés du rail de cette belle époque s’en rappellent comme si c’était hier. «L’aventure s’est terminée vers 1957 ou 1958 avec des inondations qui ont endommagé le tracé dans la région ouest de Guelma. La ligne Guelma-Bouchegouf est restée en service jusqu’en 1995 pour être désaffectée définitivement ainsi que la gare de Guelma. C’est malheureux», nous disent-ils.