L’ex-ministre de la Culture est en prison depuis 26 mois : Renvoi du procès de Khalida Toumi

05/02/2022 mis à jour: 01:05
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Khalida Toumi, ex-ministre de la Culture

Pour la seconde fois, le pôle financier près le tribunal de Sidi M’hamed, à Alger, a renvoyé jeudi dernier le procès de l’ancienne ministre de la Culture, Khalida Toumi, au 17 du mois en cours, en raison de l’absence d’un des avocats. 

Après une attente de deux heures, dans une salle d’audience bondée, notamment d’avocats, Khalida Toumi et Hamid Benblidia, son ancien ordonnateur, ont fait leur apparition dans la salle d’audience, entourés par une armada de gendarmes et d’agents de l’administration pénitentiaire. Un peu amaigrie, le sourire aux lèvres, Mme Toumi fait des signes de la main aux nombreuses personnes présentes, venues la soutenir, dont la moudjahida et ancienne sénatrice, 

Mme Zohra Drif. Certaines se sont approchées du box pour lui exprimer de vive voix leurs compassion et solidarité. Vers 11h, l’audience est ouverte. A l’appel des prévenus, le magistrat se rend compte que l’avocat de Hamid Benblidia s’est retiré et qu’une de ses consœurs s’est constituée à sa place. Elle demande un délai pour prendre connaissance du dossier. Le juge a suspendu le procès pour une trentaine de minutes. A son retour, il a annoncé le renvoi de l’examen de l’affaire au 17 février prochain. La déception se lisait sur le visage de Khalida Toumi, elle qui ne cessait, par la voix de sa défense, de réclamer un procès. Incarcérée le 4 novembre 2019, elle a attendu plus de 18 mois en prison pour que le juge de la 5e chambre du pôle financier n’entame l’instruction au fond. 

Au moins 11 expertises et des commissions rogatoires étaient autant d’actes de procédure qui ont retardé (de manière délibérée ou non) le cours de l’instruction et prolongé, de ce fait, sa détention à la prison de Koléa (Tipasa). Pour Me Boudjemaâ Ghechir, l’ex-ministre et surtout militante politique est poursuivie pour «des actes de gestion» d’un secteur chargé d’événements politiques ayant pour but de faire revenir l’Algérie sur la scène arabe, africaine et islamique. 

Le juge a, en fait, voulu passer au crible l’exécution des opérations liées aux manifestations «Tlemcen, capitale de la culture islamique», «Alger, capitale de la culture arabe» en 2007, «Le festival panafricain» en 2009, «Le festival culturel islamique», et la réalisation du film sur l’Emir Abdelkader, exécutées par tous les organismes, sous tutelle du ministère de la Culture, dont l’Office national des droits d’auteur (ONDA), l’Office Riadh El Feth (OREF), et l’Agence algérienne pour le rayonnement culturel (AARC). Pour Me Ghechir, «aucune des 11 expertises n’a identifié un quelconque préjudice».

 Et d’ajouter : «L’IGF s’est contentée de compiler des montants liés à des dépenses d’événements politiques dont les revenus sont politiques, parce que destinés à redorer l’image de l’Algérie après une décennie de terrorisme et un embargo pesant.» Il est important de préciser que  Khalida Toumi n’est pas poursuivie pour corruption. 

Le juge a retenu contre elle trois chefs d’inculpation : «abus de fonction», «octroi d’indus avantages» et «dilapidation de deniers publics» au même titre que son co-prévenu, Hamid Benblidia (en détention). Le troisième mis en cause, Miloud Hakim, ancien directeur de la culture à Tlemcen (en liberté), est poursuivi, quant à lui, pour «abus de fonction».

 De nombreux témoins, surtout les sociétés ayant obtenu des marchés et des cadres du secteur de la Culture, seront entendus dans ce procès, qui devrait se tenir le 17 février. 
 

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