L’ex-gendarme Mohamed Abdellah comparaîtra demain

04/01/2022 mis à jour: 03:30
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L’ex-gendarme Mohamed Abdellah / Photo : D. R.

Mohamed Abdellah, qui a déserté les rangs de la gendarmerie avant de rejoindre l’Espagne, d’où il a été expulsé au mois d’août dernier, comparaîtra demain devant le tribunal de Bir Mourad Raïs, à Alger. Dimanche dernier, la même juridiction a renvoyé son premier procès pour le 23 du mois en cours, à la demande de ses avocats. L’ex-gendarme fait l’objet d’une dizaine de poursuites, dont au moins deux criminelles.

Expulsé par les autorités espagnoles au mois d’août dernier, Mohamed Abdellah, ancien gendarme, qui a déserté les rangs de la Gendarmerie nationale et rejoint l’Espagne avec sa famille, comparaîtra demain devant le tribunal de Bir Mourad Raïs, près la cour d’Alger, avec un autre prévenu, pour des faits liés à ses activités sur les réseaux sociaux. Il avait été déféré devant la même juridiction dimanche dernier, pour une autre affaire, mais son procès a été renvoyé au 23 du mois en cours, à la demande de ses avocats, constitués par sa famille il y a à peine une semaine.

Depuis son entrée sur le territoire espagnol avec son épouse et son enfant, en 2018, Abdellah s’est converti en «activiste» sur les réseaux sociaux, multipliant les déclarations enflammées contre de nombreuses personnalités politiques, médiatiques, civiles, militaires, etc.

En 2019, son nom se retrouve sur une première liste de personnes poursuivies pour «appartenance à une organisation terroriste» et «financement d’une organisation terroriste», dans laquelle est impliqué un ancien repenti du GIA, puis une seconde et une troisième listes. Un mandat d’arrêt international est alors lancé contre lui, ainsi que d’autres mis en cause, par le magistrat de la section de lutte antiterroriste et du crime transfrontalier de Sidi M’hamed.

La première concerne le réseau dit «Pion-Pion dz» et qui serait financé par des officines étrangères. Une dizaine de personnes mises en cause ont été arrêtées en Algérie, 12 autres en fuite, parmi lesquelles 6 installées à l’étranger, étaient poursuivies pour «adhésion à un groupe destructif visant l’unité et l’intégrité territoriales», «utilisation des TIC pour le recrutement de personnes», «complot visant à inciter les citoyens à se rebeller contre l’autorité de l’Etat et attenter à l’intégrité», «propagation de fausses informations dans le but de porter atteinte à la sécurité et à l’ordre publics», «placement d’argent», «diffusion de publications portant atteinte aux institutions de l’Etat», «attroupement non autorisé», «détention de stupéfiants pour consommation», «infraction à la législation et à la réglementation relatives aux mouvements de capitaux de et vers l’étranger».

«Des comptes suspects»

Selon le procureur général près la cour d’Alger, l’enquête a dévoilé «des comptes suspects avec de faux noms et d’autres avec de vrais profils qui relayaient des fake news et des publications incitant les citoyens aux troubles à l’ordre public (…). Les membres de ce réseau activent dans un groupe fermé sur Facebook et travaillent suivant les ordres d’un ‘‘chef’’, qui n’était autre que Maâmar Farouk, installé aux Etats-Unis, ainsi que Thouraya Boudiaf, se trouvant en France, en lien avec le mouvement Rachad classé terroriste, et d’autres personnes en Belgique et en Suisse». Mohamed Abdellah est également poursuivi dans l’affaire de la présumée «agression sexuelle» sur un mineur, au centre de laquelle se trouve une «bande dont les membres ont été inculpés pour ‘‘financements douteux’’ et ‘‘appel d’individus aux activités hostiles à l’Algérie’’».

Mohamed Abdellah devra faire face aussi à plusieurs autres affaires pénales, telles que «complot et incitation des citoyens contre l’Etat», «atteinte à l’unité nationale», «financement par des individus à l’intérieur ou à l’extérieur du pays dans le but de commettre des actes visant la stabilité de l’Etat, de ses institutions, de son fonctionnement ordinaire, portant atteinte à l’unité nationale, à l’intégrité territoriale, ainsi qu’à la sécurité et à l’ordre publics, pour exécuter un plan ficelé à l’intérieur et à l’extérieur du pays».

En bref, près d’une dizaine de procès, dont deux seulement sont prêts, attendent cet ancien gendarme, qui devra également comparaître devant le tribunal militaire pour sa désertion, mais aussi pour ses déclarations, notamment à propos de son travail, qui tombent sous le coup de la divulgation du secret professionnel et peut- être même de l’espionnage, c’est-à-dire la divulgation «d’informations à des parties étrangères».

Demain, il sera déféré devant le tribunal de Bir Mourad Raïs, avec un autre prévenu, en détention. Mais il est peu probable que son procès puisse avoir lieu, comme cela a été le cas dimanche dernier, devant la même juridiction, pour une autre affaire, étant donné que son collectif de défense vient à peine d’être constitué.

 

 

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