L'Europe ne constitue plus pour eux une priorité : Les destinations étrangères préférées des Algériens

10/08/2023 mis à jour: 00:49
20609
Quelque 3,5 millions d’Algériens quittent chaque année le territoire national pour se rendre à l’étranger dans le cadre de leurs vacances (Photo : Sami K)

Les destinations préférées des Algériens, selon de nombreuses agences de voyages, sont la Tunisie, la Turquie (Antalya), l’Egypte (Sharm el Sheikh), la Malaisie et les côtes européennes de la Méditerranée pour ceux qui ont la chance de décrocher le fameux visa Schengen de type C à entrées multiples. 
 

Derrière cette séduction et ces choix, se cache un travail minutieux de marketing pour développer une image de marque forte et se démarquer de la concurrence. Le message véhiculé est basé sur l’expérience du client pendant son séjour, en veillant à ce que chaque interaction soit positive et mémorable.   
 

«Ces deux pays, l’Egypte et la Jordanie, ont mis au point des stratégies adaptées à la demande. Vols directs sans escale, tarification attractive, lobbying au profit des sous-traitants algériens, plateformes et eductour pour les agences. Les prix de la destination Tunisie ont connu une nette augmentation estimée entre 20 et 35% et même plus pour certains pôles. Mais les Tunisiens arrivent à s’en sortir, les flux se maintiennent encore. Les Tunisiens sont rodés pour défendre leurs parts de marché. Ils ont par contre perdu le marché russe du fait du conflit actuel avec l’Ukraine», analyse Mohamed Bourad, consultant en tourisme.     
 

Pour stimuler la demande touristique, la compagnie égyptienne EgyptAir opère une série de vols directs spéciaux depuis l’Algérie vers Sharm el Sheikh à bord d'Airbus A220-300, pouvant accueillir 140 passagers. Il s’agit d’encourager les flux touristiques vers l’Égypte, en particulier vers les villes d’attractions touristiques, dans le cadre des directives du ministère de l’Aviation civile et de la société EgyptAir Holding pour mettre en œuvre la vision 2030 de l’Egypte dans ce domaine. 
 

Le gouvernement égyptien vise 15 millions de touristes en 2023, à la lumière des mesures positives prises pour améliorer l’expérience des touristes, d’autant plus que ce pays a enregistré en 2022 l’afflux d’environ 11,7 millions de touristes. 
 

Vols directs, All inclusive et circuits combinés  

Des vols charter sont aussi opérés par la compagnie Tassili Airlines en partenariat avec les agences de voyages. Un séjour de 10 jours/9 nuits à partir de 242 000 DA. Certaines agences proposent juste le prix du billet 110 000 DA entre les deux destinations. 

Le tarif complet comporte en plus de l’hébergement et de la restauration (souvent en All inclusive) des excursions, des guides professionnels arabophones et francophones, transfert aéroport-hôtel et un cité tour à Sharm El Sheikh. 

Elle concurrence frontalement la Tunisie en nette perte de vitesse. La destination tunisienne a perdu, selon le président du Syndicat national des agences de voyages, Nadir Belhadj, des parts de marché auprès des Algériens au profit de la Turquie et de l’Egypte, en raison des prix élevés de l’hôtellerie et de la restauration. Les prix des séjours touristiques les plus bas en Tunisie, par exemple, tournent autour de 13 millions par personne pour une semaine, contre 18 millions par personne pour une semaine en Turquie ou en Egypte. 

L’inflation, la trajectoire incertaine du secteur du tourisme et la fragilité de la situation politique pèsent dans la balance. Et quelles que soient les circonstances, le nombre de ces départs sera inférieur à celui de 2019.   
 

Il y a aussi les circuits combinés. Le principal avantage est la possibilité de découvrir plusieurs endroits différents au cours d’un seul voyage. Cela permet aux voyageurs de maximiser leur temps et de visiter des lieux variés sans avoir à organiser plusieurs voyages séparés. 

Cela rend le voyage plus enrichissant et diversifié et permet aux voyageurs de profiter de leur séjour sans se soucier des détails de réservation et de transport entre les destinations. 

Parmi ces formules, on peut citer le combiné Caire/Sharm El Sheikh à partir de 210 000 DA avec excursion d’une journée pour visiter les pyramides de Gizeh, le sphinx et le musée égyptien avec déjeuner, dîner croisière avec spectacle de divertissement sur le Nil. Il y a aussi 2 visites à Sharm El Sheikh (vieux marché et Soho Square). Il y a aussi le produit Istanbul/Antalya (Le Grand Bazar, Taksim, Sainte-Sophie, la Mosquée bleue), mais les prix diffèrent d’une agence à une autre et peuvent aller de 177 000 DA à 355 000 DA. 

 

 

L’une des clés de la réussite de ces destinations est l’organisation des «éductours», également appelés voyages de familiarisation (FAM trips) au profit des agences de voyages algériennes et accessoirement aux journalistes. Ces voyages ont pour objectif de promouvoir une destination spécifique en leur permettant de découvrir directement les attraits touristiques, les infrastructures hôtelières, les activités et les expériences que la destination a à offrir. 
 

La piscine très appréciée dans les hôtels 

Une partie des Algériens a choisi de passer ses vacances en Algérie. Mais les prix restent relativement chers au regard du pouvoir d’achat. Pour Ferragh Noureddine, fondateur de la SARL Horizons Tourisme, il s’agit d’une «offre touristique faible et une vision caduque. Comme chaque année, les Algériens sont déçus de l’offre touristique dans leur pays, en termes de qualité de services et de loisirs, mais aussi en raison des prix exorbitants proposés par les acteurs touristiques (hôtels, auberges, restaurations, services…). 

Des prix qui poussent la plupart des familles à revenu limité de ne même pas envisager un week-end, surtout pas durant les deux mois de juillet et août». Cette année, la situation est encore plus compliquée en raison de la hausse importante des produits de consommation. Le problème de l’offre touristique médiocre et de la hausse des prix en Algérie est dû à plusieurs facteurs. Il y a d’abord l’afflux des touristes pendant les mois de juillet-août, en particulier les Algériens résidant à l’étranger. 

En citant comme exemple l’année 2019, et en se basant sur les chiffres officiels communiqués par le ministère du Tourisme, d’une part, nous avons une forte demande, boostée par les émigrés en grande partie, et la demande locale d’autre part. Mais l’offre touristique est trop faible en Algérie. 

On n’a pas beaucoup d’hôtels comparé à d’autres destinations. Les chiffres officiels du ministère du Tourisme parlent de 176 000 lits au total. «En réalité, il faut diviser ce chiffre par deux, parce qu’il ne prend pas en considération les hôtels qui ont fermé leurs portes. 

Ces derniers figurent toujours dans les statistiques. Ce qui fait qu’on a une forte demande et une faible offre touristique», explique-t-il. 

Certains hôtels du groupe public HTT se jettent à l’eau et ont investi sur la piscine comme atout attractif. Dans ce contexte, l’hôtel El Aurassi (5 étoiles), situé sur les hauteurs d’Alger, a choisi de la valoriser en optant pour une nouvelle stratégie de ventes et de packaging, chose qui ne se faisait pas avant. Il s’agit d’un pack qui comprend l’hébergement, le petit-déjeuner et le dîner (formule demi-pension) proposé au prix de 28 700 DA pour une chambre double vue sur mer et 25 300 DA pour une chambre double vue jardin. 

Selon Fayçal, responsable de l’hébergement, «cela a donné des résultats appréciables. Elle a attiré des clients nouveaux qui viennent généralement en famille, surtout les Algériens résidant à l’étranger. 
 

Des travaux de maintenance ont été entrepris avant son ouverture le 15 juillet dernier (nettoyage des filtres, changement de la tuyauterie, maintenance de la vanne et des pompes)». 

Le but est de cibler le client particulier comme relais de croissance. L’hôtel des Zibans (Biskra) a joué carrément cette carte à 2000 DA, et offert la gratuité au moins de 5 ans avec jus ou boissons gazeuses + eau. A 3500 DA, le client a droit à une table (4 boissons + eau). Des soirées en famille sont programmées chaque jeudi avec clown. De son côté, l’hôtel les Zianides de Tlemcen propose le «Pack Family» dédié à la piscine. Il comprend l’accès pour 1 adulte et 2 enfants, une  pizza méga et 3 boissons au choix à 4500 DA. 1000 DA pour chaque adulte supplémentaire/500 DA pour chaque enfant supplémentaire. 

La piscine d’un hôtel pendant l’été est ainsi un endroit privilégié pour se détendre, se rafraîchir et profiter des plaisirs de l’été. Les hôtels publics et privés ont surfé sur cette vague. Que ce soit pour se relaxer, se divertir ou rencontrer d’autres vacanciers, elle est un espace apprécié par de nombreux clients en quête de moments agréables pendant leurs vacances. 

En outre, ces dernières années, les jeunes ont utilisé les réseaux sociaux comme moyen de promouvoir le tourisme interne et offrir des alternatives aux voyages à l’étranger. 
 

Selon des estimations, les Algériens dépensent 3,5 milliards de dollars par an pour leurs vacances et leurs déplacements à l’étranger. Selon les derniers chiffres officiels disponibles, quelque 3,5 millions d’Algériens quittent chaque année le territoire national pour se rendre à l’étranger dans le cadre de leurs vacances. 2,4 millions de personnes visitent l’Algérie chaque année dont 1,3 million de Tunisiens venant pour des motifs commerciaux. Le chemin sera difficile et long pour inverser la tendance, car nous avons accumulé beaucoup de retard.  
Le gouvernement veut promouvoir davantage le tourisme domestique. 

C’est ainsi que les opérateurs offrent des incitations, des réductions ou organisent des campagnes de sensibilisation pour encourager les Algériens à découvrir leur propre pays et œuvrent à capter cette manne touristique en attirant ce potentiel vers l’offre locale. 

Les résultats attendus sont la croissance du tourisme interne et une croissance économique soutenue, des flux plus importants des Algériens non résidents et un accroissement des flux de touristes étrangers.   
 

Copyright 2024 . All Rights Reserved.