Leur popularité a décliné au fil des années : Dernier tour de piste pour un fabricant malaisien de rickshaws

16/04/2023 mis à jour: 18:05
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Photo : D. R.

Dans un atelier malaisien rustique vieux d’environ un siècle et encombré de piles de pneus, un homme aux cheveux blancs, vêtu d’un t-shirt et d’un short, inspecte son rickshaw à pédales presque terminé.

Choo Yew Choon est un fabricant chevronné de cyclopousses et serait le dernier à exercer ce métier en voie de disparition sur l’île de Penang, au nord de Kuala Lumpur, la capitale de la Malaisie. Mais cet homme âgé de 66 ans compte bien prendre sa retraite dans quelques années, malgré l’absence de relève.

Les rickshaws à pédales sont des taxis propulsés à la force des mollets qui circulaient autrefois partout en Malaisie et dans de nombreux pays d’Asie. Leur popularité a décliné à mesure que des modes de transport modernes prenaient le dessus et que la région se développait.

«Je prévois de travailler jusqu’à mes 70 ans et ensuite de prendre ma retraite», indique Choo, aujourd’hui 66 ans, à l’AFP dans son atelier jonché d’outils. «Il faut beaucoup d’énergie pour fabriquer des rickshaws».

Comme il n’y a pratiquement plus de demande pour les utiliser comme moyens de transport, les dernières commandes du Malaisien sont destinées à la décoration ou à des collectionneurs.

Il représente la quatrième génération d’une famille qui fabrique des rickshaws depuis un siècle environ. Choo a pris la succession à la fin des années 1980 de son père qui a abandonné cette activité pour raisons de santé. S’il savait déjà attacher des pneus quand il était adolescent, il a dû apprendre l’art de fabriquer les cadres en métal de ces véhicules à partir de zéro. La structure en acier des rickshaws est courbée et soudée pièce par pièce.

On y ajoute ensuite les sièges en bois et des pièces d’usine comme les moyeux et les chaînes. En travaillant sans relâche, Choo dit pouvoir fabriquer un rickshaw en 20 jours, mais la plupart de ses créations prennent environ six semaines.

Il produit de trois à quatre rickshaws par an, qu’il vend pour 7500 ringgits (1700 dollars) pièce. «Je ne suis pas sentimental, c’est juste un travail», dit-il quand on l’interroge sur ce qu’il ressent après avoir achevé la fabrication d’un véhicule. Il reste quelque 130 rickshaws à Penang, qui sont d’un style différent de ceux rencontrés dans l’Etat de Malacca, au sud-ouest du pays où ces véhicules sont appréciés des touristes.

Les conducteurs de rickshaws de Malacca sont assis devant les passagers, tandis qu’à Penang, ils pédalent derrière eux. Aucun des enfants de Choo n’est intéressé par ces véhicules vieillots qui demandent beaucoup de travail d’entretien et dont les pièces de rechange sont difficiles à trouver. Quel projet pour la retraite? «J’irai peut-être chez mon fils ou en vacances», dit-il avec un petit sourire. 

 

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