La rentrée scolaire est immanquablement sujette à des débats qui ont la particularité de contourner les questions essentielles restées pendantes dans ce secteur névralgique. Il y a deux ans, l’incident lié à la vétusté des tables dans les salles de classe avait défrayé la chronique, avant qu’une campagne de «renouvellement du vieux mobilier» dans les établissements scolaires ne soit annoncée par le gouvernement.
Cette année, ce sont les fournitures scolaires qui ont été au centre des débats. Une autre campagne nationale est enclenchée, avec le dynamisme coutumier du département du Commerce, afin de rendre disponibles ces produits à des prix «concurrentiels», en inaugurant à grand bruit des foires à travers le pays.
L’effet non souhaité de ce branle-bas commercial est de faire croire que la rentrée ainsi que l’année scolaire seront accomplies et l’efficacité pédagogique assurée. Une sorte d’écran de fumée qui aura pour seule vocation de voiler la stagnation sinon la régression qui lamine l’activité éducative dans notre pays. Pour mieux brouiller les pistes et les priorités, des assemblées locales se sont engouffrées dans cette brèche inattendue en s’engageant dans l’achat et la distribution de fournitures scolaires.
Des internautes ont eu la lucidité de s’interroger sur la mise en œuvre d’un décret exécutif remontant à 2016 et prévoyant l’installation d’un «Conseil de coordination dans chaque commune, composé des responsables des écoles et des APC», ayant pour mission d’identifier et de prendre en charge les lacunes dans tous les établissements. Il y a peu de chance que cette instruction soit mise en application dans les communes, auxquelles incombent la gestion financière et l’entretien des écoles primaires.
Une fois que les fournitures sont effectivement remises aux élèves, il faudra vérifier l’état des systèmes de chauffage, l’équipement puis l’approvisionnement des cantines et la disponibilité d’un personnel devant les faire fonctionner. S’il n’est pas possible de réduire la quantité et le poids des articles scolaires, en recourant à la digitalisation progressive réitérée récemment par le ministère (tablettes dans les écoles et livres électroniques), il n’est pas nécessaire d’en faire la clef de voûte du système éducatif. La refonte des programmes scolaires se fait attendre depuis de nombreuses années et a été prônée sans grand succès par les ministres qui se sont succédé à la tête de ce département hautement sensible. Les bonnes intentions n’ont pas manqué dans ce registre mais la phase pratique achoppe souvent sur d’innombrables aléas.
En dépit de la défiance soulevée dès son annonce, l’introduction de l’anglais au primaire est une mesure salutaire, sauf à se complaire dans un handicap linguistique injustifié. Il est paradoxal de s’extasier devant les quelques mots ânonnés dans cette langue par des responsables dans des rencontres internationales et de s’opposer à son enseignement à des enfants dont les capacités d’apprentissage sont maximales.
Des difficultés surgissent déjà dans ce programme ambitieux, comme le manque d’enseignants, mais à ce sujet, il convient de dire : «Jetez les langues dans les écoles et les élèves s’en empareront.»