La présence de vaches en milieu urbain devient une réalité inquiétante pour les habitants des périphéries de la wilaya d’Annaba.
Ces ruminants, souvent perçus comme symbole de vie rurale et de prospérité agricole, engendrent en réalité de lourdes nuisances lorsqu’ils s’aventurent dans les zones urbaines. Leur présence ne se limite pas à une simple question de nuisance visuelle, mais s’étend à des problématiques graves de salubrité, d’hygiène et de sécurité publique, plongeant les quartiers affectés dans une atmosphère lugubre et dégradée. Face à ce désastre écologique et sanitaire, les autorités locales ont pris des mesures drastiques. Le wali d’Annaba, Abdelkader Djellaoui, a frappé fort en promulguant, le 24 septembre, un arrêté ordonnant «la saisie systématique des vaches errant dans les cités urbaines.
Ces animaux seront abattus immédiatement dans des abattoirs, et leur viande, si elle est propre à la consommation, sera redistribuée aux associations caritatives et aux maisons des personnes âgées». Cette décision, louable à plus d’un titre, a été accueillie avec une grande joie par la totalité des habitants des localités concernées, soulagés de voir enfin une réponse ferme à ce fléau occulté par les présidents des assemblées communales. «La distribution de la viande à des fins sociales est perçue comme une mesure salvatrice, transformant une menace en une opportunité d’entraide.
Cependant, cette décision ne peut effacer l’image inquiétante de ces vaches déambulant dans les ruelles poussiéreuses, broutant entre les carcasses de voitures et les amoncellements d’ordures, tout en contaminant l’environnement par leurs déjections. La décision du wali de prendre le taureau par les cornes ne peut qu’être saluée par tous les habitants», estiment des cadres retraités de Sider El Hadjar habitant la commune de Sidi Amar, concernée par ce fléau. Les vaches errant, souvent laissées sans surveillance, se nourrissent des rares espaces verts qui subsistent dans les localités concernées.
Ces zones, initialement prévues pour offrir des lieux de détente aux habitants, se transforment peu à peu en terrains désertiques et boueux, abîmés par le piétinement incessant des herbivores. Les espaces verts, déjà peu nombreux dans les zones urbaines denses, sont ainsi dévastés, laissant un paysage morose et dénué de vie végétale. Leur impact ne se limite pas aux espaces verts : les ruminants s’aventurent aussi dans les milieux publics tels que les trottoirs et les routes, devenant une source de danger pour la circulation automobile. Des accidents, parfois graves, ont été signalés dans plusieurs quartiers périphériques, aggravant la situation.
Les décharges, un festin toxique
Le danger le plus alarmant réside dans les habitudes alimentaires de ces vaches en errance. Incapables de trouver une alimentation adéquate, elles se rabattent sur les déchets toxiques des décharges publiques. En quête de nourriture, elles ingèrent des produits chimiques, du plastique, des restes alimentaires pourris et même des objets métalliques. Cette consommation dangereuse entraîne non seulement des conséquences néfastes sur la santé des animaux, mais surtout une contamination directe du lait qu’elles produisent, rendant ce dernier hautement toxique pour l’homme.
Ainsi, explique un vétérinaire à la chambre agriculture d’Annaba : «La qualité du lait issu de ces bovins urbains est fortement compromise.
Ce lait, potentiellement infecté par des substances chimiques ou des maladies, devient une menace directe pour la santé des consommateurs, notamment des enfants et des personnes vulnérables». Loin d’être un phénomène isolé, la présence de ruminants en milieu urbain à Sidi Amar, Sidi Salem, Séraïdi et autres localités rappelle que l’élevage urbain, bien que marginalisé, persiste dans plusieurs régions du pays, souvent en raison d’une mauvaise gestion des territoires et des infrastructures.
De plus, l’exode rural, qui a conduit des milliers de familles à s’installer dans les périphéries de la wilaya d’Annaba, n’a pas totalement effacé les pratiques rurales, comme l’élevage de vaches en zones urbaines. Ainsi, la décision du wali constitue une réponse immédiate à la crise confirmant son expertise dans la gestion de l’urbanisation et l’harmonisation des activités humaines avec le cadre environnemental.