Quand on feuillète cet énorme livre de sanctions qu’est le code pénal, source de tous les enfermements et supérieur à la Constitution, il y a de quoi avoir peur.
De l’article 87 bis qui dit qu’est «considéré comme acte terroriste un acte ayant pour objet d’entraver la circulation ou la liberté de mouvement sur les voies et occuper les places publiques par attroupement», à l’article 98, «est punie d’un emprisonnement de deux mois à un 1 an toute personne non armée qui, faisant partie d’un attroupement armé ou non armé, ne l’a pas abandonné après la première sommation», tout mouvement a été prévu et même les non mouvements comme dans cet étrange nouvel article 343 qui «punit d’un emprisonnement de 2 à 5 ans et d’une amende de 500 à 20 000 DA, quiconque vit sciemment avec une personne se livrant habituellement à la prostitution».
On pourrait en citer beaucoup, comme cette «atteinte au moral des troupes de l’ANP en temps de paix», délit qui a conduit le général Ghediri à 4 ans de prison. Si on était en guerre, il aurait donc sûrement été condamné à mort, mais sommes-nous en paix ? Avec les voisins, proches et lointains, pas vraiment, y compris au Sud où deux militaires sont tombés dans un accrochage avec un groupe terroriste. Sommes-nous en guerre ? Nous ne sommes en tous les cas pas en paix avec nos gouvernants qui nous mettent en prison à la moindre occasion en exhibant le code pénal et bloquent les réformes nécessaires en se contentant de gérer les équilibres et les clientèles avec un argent qu’ils ne produisent pas, issu de la fiscalité ordinaire, ceux qui travaillent, et pétrolière, ceux qui creusent. Y a-t-il un article du code pénal qui sanctionne ceux qui ne font rien ? Oui, il y a l’article 195 du code pénal : «est puni d’emprisonnement d’1 à 6 mois quiconque ayant des moyens de subsistance ou étant en mesure de se les procurer par le travail ou de toute autre manière licite se livre habituellement à la mendicité en quelque lieu que ce soit».