L’intensité des frappes israéliennes sur le Liban a grimpé encore de plusieurs crans hier, précipitant le pays dans l’engrenage d’une guerre d’une plus grande ampleur.
En témoigne le bilan des victimes enregistré dans la seule journée d’hier, et qui représente le bilan le plus lourd en près d’une année d’affrontements entre le Hezbollah et Israël.
Le décompte provisoire donné par le ministre libanais de la Santé, Firas Abiad, lors d’une conférence de presse hier en fin de journée, fait état de 274 morts, dont 21 enfants, et 1024 blessés. «Le nombre de personnes tuées aujourd’hui (hier, ndlr) par les raids israéliens est le plus élevé depuis la fin de la guerre civile», a-t-il affirmé.
Firas Abiad a ajouté qu’en moins d’une semaine, il a été recensé près de 5000 blessés suite à la dernière série d’attaques israéliennes, depuis ces mystérieuses explosions simultanées de bipeurs jusqu’aux bombardements d’hier qui se sont acharnés sur le Liban-Sud et la plaine de la Békaa, fiefs traditionnels du Hezbollah. «Durant toute la guerre de 2006, il y a eu près de 10 000 blessés», a indiqué le ministre de la Santé libanais à titre de comparaison. Il a mis l’accent par ailleurs sur le fait que ces raids massifs ont provoqué un important mouvement d’exode.
Tapis de bombes
Un plan spécial a été mis en place pour accueillir les déplacés. Des écoles ont été réquisitionnées dans différentes régions, notamment au Sud, pour servir d’abris d’urgence.
L’armée israélienne a affirmé de son côté avoir visé quelque «800 cibles du Hezbollah dans la Békaa et au Liban-Sud». Les cibles en question comprenaient «des missiles, des lanceurs, des drones et des bâtiments où le Hezbollah dissimulait des roquettes». L’Etat hébreu a prévenu qu’il allait intensifier davantage ses opérations au Liban dans les jours qui viennent. «Nous nous préparons à une attaque ciblée et de grande envergure dans la vallée de la Békaa», a déclaré le porte-parole de l’armée sioniste, Daniel Hagari, lors d’un point de presse, appelant les habitants de la région à «s'éloigner» des sites du Hezbollah «pour leur sécurité», rapporte l’AFP.
Selon l’Agence nationale d’information libanaise citée par l’APS, l’aviation sioniste a mené hier des raids meurtriers sur des «dizaines de localités et de zones dans le sud du Liban, dont au moins 80 frappes sur la ville de Nabatieh». Ces frappes ont provoqué plusieurs incendies, signale-t-on. Des bombardements ont également touché les localités de «Shmustar, Taraya et Bodai au nord de Baalbek, située à 90 km de Beyrouth».
Des missiles sont en outre tombés près de Byblos, précisément à Laqlouq, dans le nord du Liban. L’AFP parle de cortèges de «blessés arrivant en masse aux hôpitaux», et de processions d’habitants «fuyant à la hâte». L’agence française décrit un climat de «terreur» qui régnait hier dans le Sud après le «tapis de bombes» qui a ravagé la région.
«C’est une catastrophe, un massacre», témoigne aux journalistes de la même agence Jamal Badrane, médecin de l’hôpital du Secours populaire à Nabatieh. «Les frappes n’arrêtent pas, ils nous ont bombardés alors qu’on retirait des blessés», a-t-il dénoncé.
Dans la ville de Sour, plus au sud, «des centaines de personnes sont arrivées dans une école abritant des déplacés», a affirmé à l’AFP Bilal Kachmar, un responsable de l’organisme de gestion des catastrophes. D’autres «campent dans la rue», a-t-il ajouté.
A noter également que l’armée israélienne a adressé pour la première fois des messages à la population civile, obligeant les habitants à quitter leurs maisons sous peine d’être fauchés par les frappes sauvages de l’aviation sioniste. Sur les réseaux sociaux, le porte-parole arabophone de l’armée israélienne, Avichay Adraee, s’est adressé aux villageois de la plaine de la Békaa.
«Si vous vous trouvez dans ou à proximité d’une maison contenant des armes du Hezbollah, vous devez la quitter et vous éloigner, dans les deux heures, à au moins 1 kilomètre, et vous rendre dans l’école la plus proche. Toute personne qui se trouve à proximité de membres, d’installations ou d’armes du Hezbollah met en danger sa vie et celle de sa famille», a-t-il averti.
Messages d’évacuation
Par ailleurs, des milliers de messages d’avertissement ont été adressés aux Libanais sur leurs téléphones portables et aussi sur le fixe. Même des organismes publics et des institutions officielles, des ministres ont été surpris par cette campagne qui a fait craindre un piratage à grand échelle des réseaux de télécommunication.
Le quotidien L’Orient-Le Jour a relayé une déclaration du président d’Ogero, l’organisme public de Télécommunications au Liban, Imad Kreidiyé, faite à l’agence Reuters, où il dit : «Le Liban a reçu plus de 80 000 appels israéliens présumés demandant à des personnes d’évacuer leurs régions.» Pour M. Kreidiyé, ces appels «sont de l’ordre de la guerre psychologique et visent à semer le chaos».
C’est aussi l’avis du ministère de l’Information qui a réagi à cette campagne via un communiqué. «Dans le cadre de la guerre psychologique d’intimidation adoptée par l’ennemi israélien, un grand nombre de citoyens de Beyrouth et des régions ont reçu des messages téléphoniques aléatoires simultanés via le réseau terrestre, appelant la personne contactée à évacuer les lieux. Le cabinet du ministre de l’Information était l’un de ceux qui ont reçu ce genre de messages. Cette méthode n’est pas étrangère à l’ennemi israélien qui ne recule devant aucun moyen dans sa guerre psychologique», peut-on lire dans ce communiqué.
L’AFP rapporte que la radio officielle libanaise, située dans le même bâtiment que le ministère de l’Information, a reçu un message similaire «et l’immeuble a été évacué».
Pour faire face à ce déluge de feu, le Hezbollah a riposté avec de nouvelles salves de roquettes tirées vers le nord d’Israël.
Dans deux communiqués distincts, il dit avoir visé «les principaux entrepôts» de l’armée sioniste à l'ouest de Tibériade ainsi qu’une caserne militaire «en réponse aux agressions de l’ennemi israélien». Mustapha Benfodil
Jusqu’à 7 martyrs sur 10 sont des femmes et des enfants à Ghaza
La Société palestinienne de Défense civile a affirmé que les principales victimes de la guerre génocidaire sioniste en cours dans la bande de Ghaza sont des femmes et des enfants. Dans son rapport mensuel, publié dimanche, la société a indiqué que parmi «10 martyrs, 3 à 7 sont des femmes et des enfants». Selon le rapport, «2 à 8 corps sur 10 présentent des signes de mutilation, comme des amputations, en raison de l’intensité des bombardements et de l’exposition aux toits qui s’effondrent et aux débris de béton». Les forces armées sionistes continuent de commettre le crime de génocide dans la bande de Ghaza, pour le 353ème jour consécutif, en lançant des dizaines de frappes aériennes et de tirs d’artillerie, tout en perpétrant des massacres contre des civils, dans un contexte humanitaire catastrophique dû au siège et au déplacement de plus de 95% de la population. Les avions et l’artillerie d’occupation sioniste ont poursuivi leurs raids et leurs violents bombardements, lundi, dans diverses parties de la bande
de Ghaza, en ciblant les maisons, les rassemblements de personnes déplacées et les rues, tuant et blessant des dizaines de citoyens civils innocents, en violation flagrante du droit international et humanitaire.