Les pays arabes «normalisateurs» inertes

05/11/2023 mis à jour: 01:56
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La guerre à Ghaza, violente et barbare, marquée par les tueries contre les civils palestiniens, pourrait torpiller le processus de normalisation en cours entre plusieurs capitales arabes et Israël. 

Les pays ayant signé les accords d’Abraham, prévoyant de normaliser leurs rapports avec l’entité sioniste, tels que Bahreïn, les Emirats arabes unis, le Maroc et le Soudan, ainsi que ceux ayant établi des relations avec Israël depuis plus longtemps, comme l’Egypte et la Jordanie, sont aujourd’hui dans l’embarras, d’autant que leurs populations restent, dans leur grande majorité, profondément attachées à la cause palestinienne. 

Les pourparlers entamés entre Riyad et Tel-Aviv sous l’égide de Washington pour la signature de ces mêmes accords sont aujourd’hui suspendus. Parmi ces pays, seuls la Jordanie et Bahreïn ont fait exception, en rappelant leurs ambassadeurs, tandis que les regards se tournent aujourd’hui vers Rabat. Alors que l’armée israélienne bombarde sans relâche les populations civiles à Ghaza, ces deux pays arabes entretenant des liens diplomatiques avec Israël prennent leur distance. 

La Jordanie, premier pays arabe à entretenir des relations diplomatiques avec Israël, a rappelé son ambassadeur après avoir préalablement condamné les actions de l’armée israélienne à Ghaza. Emboîtant le pas, la Chambre basse du Parlement de Bahreïn a annoncé jeudi dernier la suspension des liens économiques avec Israël et le rappel des ambassadeurs, bien que le gouvernement n’ait pas encore confirmé cette décision. La Chambre basse invoque «la position historique et ferme de Bahreïn de soutien à la cause palestinienne» pour justifier cette décision et dénonce «l’irrespect total de la loi humanitaire internationale» par l’Etat sioniste. Avant cela, le Maroc a été l’un des seuls pays du monde arabo-musulman qui a – avec les Emirats arabes unis – condamné ce qu’il a appelé les «massacres du Hamas» le 7 octobre. 

Son ministère cherche aujourd’hui à tenir une position plus équilibrée, sachant que la rue marocaine gronde, soulignant dans un communiqué du 2 novembre «sa grande inquiétude et sa profonde indignation» face à la recrudescence des actions militaires et la détérioration de la situation humanitaire dans la bande de Ghaza. La diplomatie marocaine a affirmé que les «actes d’escalade israéliens sont en contradiction avec le droit international humanitaire et les valeurs humaines communes» et a mis en garde contre la déstabilisation de toute la région du Moyen-Orient. 

Le Maroc a, par ailleurs, regretté l’inaction de la communauté internationale et a également pointé l’incapacité du Conseil de sécurité de prendre ses responsabilités et des pays influents à mettre un terme à ce qu’il a qualifié de «situation catastrophique». Le rappel de l’ambassadeur ne semble toutefois pas encore à l’ordre du jour. Bien que timorée, la réaction des pays arabes sous l’égide de la Ligue arabe s’est toutefois voulue unie. Du Caire à Amman, de Riyad à Doha, tous ont imputé la responsabilité de la violence à l’occupation israélienne et aux violations répétées des droits des Palestiniens. 

Mais il était attendu que la réaction soit bien plus ferme, d’autant qu’après près d’un mois de bombardements incessants et barbares, Israël n’entend toujours pas arrêter son agression et ni les Nations unies ni les puissances occidentales ne peuvent (ou ne veulent ?) stopper le massacre. Force est de constater aujourd’hui que la voix des pays arabes est inaudible.

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