Face à la dégradation croissante de leurs conditions de travail, les médecins résidents exerçant dans les hôpitaux de la wilaya de Constantine ont entamé une grève illimitée à partir du mardi 26 novembre.
Ce mouvement intervient après deux journées de protestation pacifique, organisées les 24 et 25 novembre, marquées par des appels pressants adressés aux hautes autorités du pays pour répondre à leurs revendications. La grogne des résidents découle, selon leurs dires, d’une situation de précarité professionnelle qui impacte gravement leur performance et, par conséquent, la qualité des soins prodigués aux patients.
En s’appuyant sur la loi n° 02-90 du 6 février 1990 relative à la prévention et au règlement des conflits collectifs de travail ainsi que sur l’article 71 de la Constitution algérienne, garantissant le droit de grève, ces praticiens ont manifesté leur ras-le-bol en dénonçant l’inaction des autorités. Leur mobilisation a coïncidé avec la visite du ministre de la Santé, Abdelhak Saïhi, à Constantine jeudi 28 novembre.
Profitant de cette opportunité, les protestataires ont investi certains établissements hospitaliers visités par la délégation officielle, brandissant des pancartes arborant des slogans tels que «Dignité, salaire, avenir» ou encore «Pour un statut digne du praticien».
Les médecins résidents, qui se considèrent sous la double tutelle des ministères de la Santé et de l’Enseignement supérieur, ont présenté une liste détaillée de revendications. Parmi celles-ci figure en premier la révision de leurs salaires, qu’ils jugent dérisoires et injustes.
Ils réclament une augmentation de 300% pour refléter les efforts soutenus qu’exigent leurs fonctions sur les plans scientifique et pratique. Une autre doléance porte sur les primes de garde, actuellement plafonnées à 2800 DA pour une garde de 12 heures.
Ce montant, qualifié d’insignifiant au regard de la pression et de l’exigence des gardes, «devient encore plus problématique dans des services en sous-effectif, où certains médecins doivent effectuer jusqu’à dix gardes par mois, sans pouvoir en être rémunérés au-delà de six». Par ailleurs, les résidents revendiquent le versement des primes de la Covid-19, en attente depuis août 2022, et dénoncent des pratiques injustes, telles que le retard dans l’octroi des logements de fonction.
Ces derniers, disponibles uniquement à partir de la troisième année de résidence, contraignent de nombreux praticiens à supporter des loyers élevés, souvent supérieurs à 25 000 DA par mois. Pour eux, le logement représente «un droit constitutionnel fondamental, bien au-delà d’un simple avantage professionnel».
Interrogé lors de sa visite à Constantine sur la gestion des revendications des résidents, le ministre de la Santé a opposé un déni catégorique, affirmant ignorer l’existence de toute protestation.
Déchargeant son ministère de toute responsabilité, Abdelhak Saïhi a déclaré : «Ils sont des étudiants relevant du ministère de l’Enseignement supérieur.» Avant d’ajouter qu’en tant que stagiaires au sein du secteur de la santé, ils ne dépendaient pas de sa tutelle.
En conclusion, les grévistes lancent leur appel aux ministres concernés et au président de la République, exigeant une intervention rapide pour assurer une reconnaissance légitime de leur statut et la satisfaction de leurs revendications.
Pour rappel, les grévistes ont tenu une marche de protestation au niveau du CHU Benbadis à Constantine, le jour même de la visite du ministre de la Santé, venu inaugurer l’extension du centre anticancer situé dans la même structure hospitalière, ce qui a nécessité le déploiement d’un important dispositif des forces de l’ordre pour empêcher tout imprévu.