L’allocution prononcée par le secrétaire général du Haut Commissariat à l’amazighité (HCA), Si El Hachemi Assad, lors de sa visite mardi dernier à Tizi Ouzou, constitue une halte pour entrevoir les perspectives nouvelles d’une cause qui marque aujourd’hui l’une des dates phares de son long cheminement remontant au Mouvement national.
Le premier président de cette institution rattachée à la présidence de la République et mise en place en 1995, Mohand Idir Aït Amrane, fut un militant nationaliste et écrivait en janvier 1945 le chant patriotique Kker a mmis umazigh.
Tout en soulignant le «sens et la portée du sacrifice consenti pour une reconnaissance constitutionnelle de tamazight en tant que socle fondateur et commun à tous les Algériens», l’actuel premier responsable du HCA a tenu à rendre hommage aux pionniers de l’enseignement de tamazight lors de son introduction dans le système éducatif, il y a près de trois décennies.
Des premiers cours dans les établissements scolaires aux départements ouverts dans plusieurs universités du pays, beaucoup de chemin a été parcouru et l’heure est sans doute à la synthèse et au bilan afin de tracer les grandes lignes d’une nouvelle dynamique qui créera les meilleures conditions d’une consécration et du développement de la langue et de la culture amazighes. «Notre credo, dira M. Assad, est de valoriser ce long processus d’accumulation scientifique et culturel engrangé depuis des années en vue d’amorcer la dynamique d’affirmation de tamazight dans sa dimension académique la plus féconde en la propulsant vers la modernité.»
Comme cela a été réitéré en de nombreuses occasions ces dernières années, à travers les interventions des responsables institutionnels mais aussi des spécialistes et des chercheurs dans le domaine, la promotion de tamazight se fonde prioritairement sur une production soutenue et la modernisation de ses supports d’expression et d’apprentissage. C’est dans cette optique que le SG du HCA a appelé à s’orienter «définitivement vers la réflexion, la recherche et la production littéraire, scientifique, culturelle et artistique».
Les Salons du livre qui étaient organisés avec beaucoup d’entrain et de motivation par le mouvement associatif avaient révélé une production littéraire amazighe d’une ampleur insoupçonnée, notamment chez la jeune génération.
Les éditeurs accomplissent un travail méritoire en direction de ces jeunes créateurs qui s’affranchissent allègrement du «butin de guerre» pour s’approprier leur legs culturel et amènent de plus en plus de passionnés de littérature à lire dans la langue de leurs ancêtres.
Ce sont sans doute ces auteurs qui poursuivent leurs efforts dans l’humilité la plus totale, toujours dans l’authenticité et souvent dans l’excellence, qui auront à trancher la question de la graphie à adopter pour la transcription de la langue amazighe.
De nombreuses expériences sont également entreprises dans le registre des nouvelles technologies, manquant pour l’heure de visibilité mais réussissant à s’illustrer dans le gotha scientifique mondial.
Ces grands bonds enregistrés au plan de la créativité et de l’innovation tranchent parfois avec les termes du débat entourant le dossier de tamazight, sans changement ni évolution depuis de nombreuses années.
A l’image de la référence régulière à la loi d’orientation de l’éducation datant de 2008 et qui constituerait, selon les mots usités à ce sujet, un «verrou» à la généralisation de l’enseignement.
Pour cette question comme pour la standardisation de la langue, ce sont la pratique et la production qui en poseront les jalons, et prodigueront les bases de travail pour l’Académie de la langue amazighe à son entrée en fonction.