Les habitants privés d’eau, de nourriture et de soins médicaux : Siège total et impitoyable sur Jabaliya

19/10/2024 mis à jour: 01:30
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Les habitants de Jabaliya, déjà épuisés par plus d’un an de guerre, se retrouvent face à une situation extrême - Photo : D. R.

L’Agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) a alerté sur un «vrai risque» de famine dans le territoire palestinien assiégé, accusant «certains membres du gouvernement israélien» d’en faire «une arme de guerre».

Dans le camp de Jabaliya, au nord de la bande de Ghaza, le quotidien des habitants se résume aujourd’hui à une course désespérée contre la faim, les bombardements et l’enfermement. Depuis le 12 octobre 2024, cette zone a été déclarée zone militaire par l’armée d’occupation israélienne, qui y mène une offensive sauvage. Le territoire est désormais complètement isolé du monde extérieur, privé de toute aide humanitaire, tandis que la population se bat pour sa survie au milieu des ruines. Hier encore, trois enfants y ont été tués, tandis qu’une frappe de drone a tué deux Palestiniens dans la même région, selon la Défense civile.

L’armée d’occupation a annoncé poursuivre ses opérations dans le camp de Jabaliya, dans le nord du territoire, qu’elle encercle et pilonne sans relâche en prétendant que le Hamas tente d’y reconstituer ses forces. Les habitants de Jabaliya, déjà épuisés par plus d’un an de guerre, se retrouvent face à une situation extrême.

Depuis le début du siège, des dizaines de milliers de personnes sont prises au piège, sans accès à l’eau, à la nourriture ou aux soins médicaux. «Nous ne pouvons pas bouger en raison de la présence de tireurs d’élite et du survol constant de drones», confie un habitant, dont le témoignage a été diffusé sur les réseaux sociaux.

Ceux qui s’aventurent sur les routes désignées comme corridors d’évacuation sont exposés au feu des drones et des tireurs d’élite. Des vidéos circulent sur internet montrant des familles déplacées tentant de fuir à pied et qui sont visées par des tirs alors qu’elles empruntent des routes prétendument sûres désignées par l’armée d’occupation.

Jeudi, une frappe aérienne israélienne a touché une école gérée par les Nations unies, transformée en refuge pour les déplacés, tuant au moins 28 personnes, dont des enfants. Dans la même journée, trois autres civils ont été tués dans le quartier d’El Fakhoura. Les bombardements se poursuivent sur des cibles civiles, comme à proximité du rond-point de Nassar, où plusieurs familles ont été décimées.

Affamer pour mieux contrôler

L’Agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) a alerté sur un «vrai risque» de famine dans le territoire palestinien assiégé, accusant «certains membres du gouvernement israélien» d’en faire «une arme de guerre». En mai dernier, le Programme alimentaire mondial alertait déjà sur le risque de famine généralisée à Ghaza. Aujourd’hui, ces prévisions sont devenues une réalité. «Depuis 20 jours, aucune aide humanitaire n’a pu entrer», déplore un responsable de la santé sur place.

Le siège de Jabaliya s’inscrit dans une stratégie dénoncée par plusieurs ONG, qui y voient une mise en œuvre brutale des préconisations avancées par Giora Eiland, ancien chef du Conseil national de sécurité israélien. Dans une vidéo publiée le 4 septembre 2024, Eiland présentait son plan en ces termes : «Nous n’encourageons pas la population à quitter le nord de Ghaza ; nous lui ordonnons de le faire.

Aucun ravitaillement n’y sera acheminé.» Cette logique de blocus, associée à la destruction systématique des infrastructures, semble viser non seulement à évincer les habitants, mais aussi à préparer une possible annexion de la zone.

Les habitants du camp, descendants de réfugiés de la Nakba de 1948, savent que l’offensive actuelle dépasse les simples objectifs militaires. Elle s’inscrit dans un projet d’occupation à long terme. Les habitants de Jabaliya sont confrontés à un dilemme : quitter le territoire sous peine d’être visés par les snipers, se rendre aux forces d’occupation israéliennes ou mourir de faim.

La couverture médiatique du drame de Jabaliya est également entravée. Parmi les rares reporters encore présents sur le terrain, Hassan Hamad, 19 ans, a été tué par un sniper israélien alors qu’il se trouvait chez lui. La chaîne Al Jazeera rapporte qu’il avait reçu des menaces explicites de l’armée d’occupation israélienne pour l’obliger à cesser de filmer.

Cette absence de témoins contribue à l’impunité. Alors que la communauté internationale appelle – timidement – à une désescalade, les bombardements se poursuivent, touchant non seulement Jabaliya mais aussi d’autres zones de l’enclave palestinienne et même la Cisjordanie occupée. 
 

 

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