Les félicitations de Tebboune au président français Emmanuel Macron : Un message cordial pour dégivrer les relations

27/04/2022 mis à jour: 03:07
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C’est un nouveau printemps qui s’annonce dans les relations algéro-françaises

Après l’orage de l’automne dernier, c’est un nouveau printemps qui s’annonce visiblement dans les relations algéro-françaises. C’est en tout cas l’impression que nous laisse le message du président de la République, Abdelmadjid Tebboune, adressé au président français, Emmanuel Macron, au lendemain de sa réélection. 

«Monsieur le Président, cher ami, je me réjouis, à l’occasion de votre réélection en qualité de président de la République française, de vous adresser, au nom du peuple et du gouvernement algériens, ainsi qu’en mon nom personnel, mes félicitations les plus chaleureuses et tous mes vœux de réussite dans la poursuite de vos hautes missions», écrit-il dans un message diffusé en langue arabe sur la page Facebook de la Présidence, et traduit par nos soins. «La confiance que vous a renouvelée le peuple français, ajoute le chef de l’Etat, est un signe de gratitude pour les réalisations que vous avez accomplies, et c’est une marque d’estime pour vos qualités d’homme d’Etat que vous avez mobilisées pour servir les intérêts de votre nation et ‘‘consolider’’ son rang sur la scène internationale.»

  M. Tebboune a tenu, en outre, à exprimer sa pleine satisfaction, dit-il, «de la bonne qualité de notre relation personnelle empreinte de confiance et d’amitié, et pour les avancées, même relatives, dans le cadre du partenariat algéro-français, grâce à notre dévouement et à notre engagement». 

Le président de la République escompte qu’avec la poursuite de l’action de son homologue français, la coopération entre les deux Etats «s’enrichira grâce à l’effort commun dans la conduite de nos relations bilatérales pour les amener au meilleur niveau souhaité». Et de noter : «Je prends la mesure de l’importance de l’opportunité historique qui nous est offerte pour appréhender l’avenir et porter nos ambitions avec courage et responsabilité.» 
 

Si le ton est extrêmement cordial, Abdelmadjid Tebboune prend tout de même le soin, à travers son message de félicitations, de souligner la nécessité de développer une relation équilibrée avec la France, basée sur le «respect de la souveraineté» et «l’équilibre des intérêts», avant de dérouler les sujets sur lesquels devrait s’articuler la coopération bilatérale au cours du prochain quinquennat de M. Macron, en commençant par la question mémorielle. «La vision renouvelée basée sur le respect de la souveraineté et l’équilibre des intérêts que nous partageons, concernant la mémoire, les relations humaines, les consultations politiques, la prospective stratégique, la coopération économique et les interactions dans tous les niveaux de l’action commune, est à même d’ouvrir à nos deux pays de vastes perspectives d’amitié, de coexistence harmonieuse et de bénéfices mutuels», plaide le président Tebboune. 
 

Invitation
 

A la fin de son message, le chef de l’Etat a invité le président français à effectuer une visite en Algérie. Pour rappel, M. Macron, lors de son premier mandat, était venu en visite officielle à Alger quelques mois seulement après sa première élection, en décembre 2017. «Je joins à ce message de vœux et de félicitations, l’expression de mon plaisir à vous accueillir prochainement en Algérie», écrit M. Tebboune. Et de conclure par ces mots : «Lançons ensemble une dynamique pour avancer dans le règlement des grands dossiers, et qui permette l’intensification et l’élargissement des relations algéro-françaises.» 

Le mot de Abdelmadjid Tebboune à Emmanuel Macron, comme on peut le constater de prime abord, n’est pas un message convenu, un geste purement formel exigé par les usages diplomatiques. La lettre exprime clairement une volonté de tourner la page de cet automne tumultueux et repartir de l’avant. Pour remettre nos lecteurs dans le contexte, il faut se rappeler des vives tensions suscitées par les déclarations inamicales de Macron du 30 septembre 2021 qui avaient jeté un froid entre Alger et Paris.

 Le président français avait reçu ce jour-là, à l’Elysée, «dix-huit jeunes gens issus de familles qui ont intimement vécu la guerre d’Algérie», comme l’explique Le Monde, seul média à avoir assisté à ces échanges autour d’un déjeuner présidentiel. Et au cours de cet échange, M. Macron a eu des mots peu amènes. En parlant de l’Algérie, à un moment, il précise : «Je ne parle pas de la société algérienne dans ses profondeurs, mais du système politico-militaire qui s’est construit sur cette rente mémorielle. On voit que le système algérien est fatigué, le hirak l’a fragilisé. J’ai un bon dialogue avec le président Tebboune, mais je vois qu’il est pris dans un système qui est très dur.» A un autre moment, il s’est interrogé : «La construction de l’Algérie comme nation est un phénomène à regarder. Est-ce qu’il y avait une nation algérienne avant la colonisation française ? Ça, c’est la question.» 
 

La sortie de Macron, qui survenait aux derniers mois de son premier mandat, mettait un coup d’arrêt à une relation qui semblait plutôt bien installée, portée à bras-le-corps par deux Présidents qui s’appréciaient. Tebboune considérait que c’est avec le jeune président français que se feraient le plus d’avancées, en particulier sur le terrain de la mémoire. «Macron a toute mon estime. 

C’est le plus éclairé d’entre tous. Les autres Présidents avaient tous une histoire avec l’Algérie», déclarait-il en juin 2021 dans une interview à l’hebdomadaire Le Point, avant de faire ce constat : «Si nous n’arrivons pas à jeter des passerelles solides entre les deux pays sous la présidence Macron, cela ne se fera jamais et nos pays garderont toujours une haine mutuelle.» 
 

De son côté, Emmanuel Macron était lui-même surpris par l’ampleur de ses propos et il s’est très tôt employé à en minimiser la portée. Le 5 octobre 2021, soit moins d’une semaine après sa diatribe explosive, il relativisait au micro de France Inter, interviewé par Léa Salamé : «On se dit des choses qui ne sont pas agréables pour nous-mêmes. Je ne nous ai pas ménagés avec notre propre histoire» s’était-il défendu. «J’ai le plus grand respect pour le peuple algérien et j’entretiens des relations vraiment cordiales avec le président Tebboune.»
 

Avec ce message de Tebboune, la voie semble dégagée, côté algérien, pour une relation apaisée. Côté français, la récente visite de Jean-Yves Le Drian était porteuse, elle aussi, d’un message d’apaisement. Elle visait manifestement à aplanir les tensions dans la perspective de la réélection d’Emmanuel Macron. 
 

«Nous avons poursuivi le travail engagé sur la relance, en cours, de nos relations bilatérales. Elles sont essentielles pour chacun de nos deux pays», soulignait le ministre français des Affaires étrangères. M. Le Drian avait insisté sur les liens «historiques profonds» qui unissent les deux peuples. «A nous de les inscrire dans une perspective historique d’avenir», a plaidé l’émissaire français.

 

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