Les faucons dominent le ciel ukrainien

16/02/2023 mis à jour: 02:21
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La guerre entre la Russie et l’Ukraine est le plus important point de tension depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Il est celui qui a le plus impacté les équilibres politiques et économiques et vient nous rappeler que les rapports géostratégiques sont fluctuants au gré des intérêts des uns et des autres. En fait, depuis, le monde n’a pas connu d’apaisement, sauf qu’il y a eu de tout temps des conflits localisés sans grande conséquence et des guerres plus importantes, plus déstabilisantes, comme celle que l’Europe centrale a pour théâtre aujourd’hui. Les conflits sont constants et cycliques à travers la planète et les points chauds, pas loin d’une déflagration, sont légion sur tous les continents et viennent nous rappeler que l’humanité ne connaîtra pas l’apaisement. La guerre russo-ukrainienne va boucler, dans quelques jours, une année de conflit charriant son cortège de morts, de blessés et de destructions massives. Une année qui a eu des conséquences particulières, impliquant directement ou indirectement autant de nations qu’elle n’a ébranlé les grands équilibres stratégiques, économiques, énergétiques et, bien sûr, de cause à effet, son décompte macabre de perte en vies humaines et en dommages importants militaires et civils. Cette guerre, on la disait au départ plutôt courte, «à peine quelques mois». Force est de constater que le conflit, en bouclant bientôt sa première année, s’installe inexorablement dans la durée et va donc malheureusement pérenniser les graves conséquences qui lui sont rattachées. De guerre de mouvements au début du conflit, l’affrontement s’est embourbé en guerre statique et s’est fixé sur une ligne de front aussi étalée que ne l’est la largeur géographique de l’espace ukrainien.

Depuis, aucune colombe annonciatrice de la paix n’est venue survoler ce pays. Pas l’ombre d’une initiative poussant à l’apaisement et au dialogue n’a été amorcée, ni par les belligérants, ni par les «cobelligérants», ni par les instances mondiales chargées de veiller à contenir les animosités guerrières par des actions diplomatiques et de concertation. Des deux côtés, la tendance dominante est que les choses se joueront sur le terrain de la lutte armée et non sur la table des négociations. En fait, la guerre russo-ukrainienne a plusieurs démembrements. Elle génère forcément d’autres luttes adjacentes en fonction des intérêts des uns et des autres : une guerre économique, une guerre énergétique, une guerre cybernétique, une guerre d’influence, une guerre de l’information… Les Occidentaux, comme au temps honni de la guerre froide, tentent à n’importe quel prix d’isoler et d’affaiblir Poutine et la Russie. L’envoi d’armes de ces mêmes pays occidentaux vers l’Ukraine veut dire plus de guerre et moins de paix. Bien entendu, c’est aux Etats-Unis, comme d’habitude, que profite la guerre et à leur économie. Les Américains compensent vers l’Europe et le reste du monde le déficit en pétrole et en gaz de schiste et pourvoient le marché libre international en produits que l’Ukraine et la Russie n’écoulent plus : blé, orge, maïs, avoine, etc.

Pour un temps donc, la situation demeurera tendue et les canaux de dialogue restreints. En élargissant leur aide et en tendant une main secourable à l’allié ukrainien postulant à l’entrée dans l’OTAN, les Etats-Unis espèrent que, trente-trois ans après la déconfiture de l’Union soviétique en Afghanistan, le scénario va de nouveau avoir lieu. Ces forces antagoniques n’ont pas exprimé jusque-là leur volonté d’appeler à la paix en esquissant l’idée de pourparlers sérieux pour sortir de cette crise très dommageable. L’administration américaine ajoute au discours va-t-en-guerre de Zelinski une surenchère en financement et en armement pour tenter d’enraciner le conflit en le faisant durer dans le temps. Jusqu’à aujourd’hui, ce sont les faucons qui dominent les hauteurs dans cette guerre russo-ukrainienne, poussant à plus d’intensité guerrière et éloignant pour un temps les perspectives de détente et de paix. De quel côté que l’on se trouve, il n’est question que de surarmement et de multiplication des hommes en arme. Il persiste dans l’air comme une odeur de poudre. Personne ne sait de quoi demain sera fait.

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