Le président A. Tebboune doit effectuer deux visites, pour le moins cruciales, en Russie et en Chine (cette dernière a été reportée pour des raisons de pandémie dans ce pays). Dans les deux cas, ces visites nécessitent une attention particulière, car elles seront scrutées par toutes les chancelleries au monde.
En effet, les liens historiques entre notre pays remontent à la lutte de Libération nationale et se sont consolidés depuis jusqu’à l’heure actuelle, même si entre-temps l’URSS est devenue la Russie et la Chine populaire est devenue la première usine du monde capitaliste, sous le contrôle du parti communiste chinois ! Mais ces deux visites viennent en plein retour d’une autre forme de «guerre froide», après que le commandement de l’OTAN ait décidé d’étendre son influence aux frontières de la Russie, malgré les promesses orales faites à M. Gorbatchev par les Occidentaux, pour qu’il accepte la réunification allemande et la chute du Mur de Berlin.
L’opération militaire spéciale menée, par la Russie contre le pouvoir en Ukraine, s’est traduite par une mise en demeure mondiale des USA et de ses alliés, à tous les pays du monde, de prendre une position, de pour ou contre cette intervention, à travers un vote au niveau de l’Assemblée générale des Nations unies. Mathématiquement, un nombre écrasant de pays membres, (quelque 180) ont condamné cette intervention, mais une trentaine se sont abstenus, dont l’Algérie !
Mais des pays majeurs comme la Chine, l’Inde et d’autres pays d’Afrique et d’Amérique latine se sont également abstenus. La «lecture qualitative» de ce vote est à analyser dans toute sa dimension géopolitique, politique et diplomatique. En premier lieu, elle fait resurgir du passé un concept trop vite abandonné qui est le «non-alignement», qui a marqué les années 60, 70 et 80, avec des victoires très importantes en matière des équilibres internationaux, de décolonisation et des discriminations (le concept de deux poids deux mesures) dans le traitement des dossiers brûlants et des guerres multiples et variées, dans les cinq continents.
En fait, l’ordre mondial était en train d’évoluer et une remise en cause de l’hégémonisme (certains parlent d’impérialisme) américain, né de la Seconde Guerre mondiale, après les Accords de Yalta, devenait de plus en plus contestable et contesté, de toute part. Le mouvement des non-alignés a été la première réaction contre le bipolarisme imposé à tous les pays, par les puissances dominantes et notamment les USA et l’URSS.
Deux blocs antagonistes se livraient une guerre, par pays interposés, qui a failli déboucher sur une confrontation nucléaire, après ce qui est appelé la guerre des missiles de Cuba.
Sommes-nous, dans le cas d’espèce, dans cette problématique, avec cette guerre d’Ukraine ? A peu de choses près, nous sommes dans le même cas de figure et notre pays est attendu, à plusieurs endroits, pour affirmer et confirmer sa position ! c’est dans ce cadre que les deux visites en Russie et en Chine sont cruciales et vont positionner notre pays dans le concert des nations, que se soit au niveau africain, arabe, méditerranéen, au niveau multilatéral ou bilatéral. Attendons donc le déroulement de ces visites.
Par Mourad Goumiri
Professeur associé