Les corps de huit femmes retrouvés dans la décharge de Nairobi : Les Kényans choqués et horrifiés

15/07/2024 mis à jour: 23:54
AFP
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Photo : D. R.

Les corps de huit femmes ont été retrouvés dans la décharge d’un bidonville du sud de Nairobi, a annoncé hier la police qui dit enquêter sur de possibles liens avec des sectes, des tueurs en série ou encore des médecins crapuleux.

La découverte macabre de corps mutilés et démembrés dans des sacs en plastique jetés dans une décharge à Mukuru, dans le sud de la capitale kényane, a horrifié et provoqué la colère dans le pays. Le chef par intérim de la police nationale du Kenya, Douglas Kanja, a déclaré que les six premiers cadavres avaient été retrouvés vendredi et que d’autres parties de corps avaient été récupérées samedi, des enquêtes préliminaires révélant qu’il s’agit uniquement de femmes.

Les corps «démembrés» sont «dans différents états de décomposition et ont été laissés dans des sacs», a déclaré Douglas Kanja lors d’une conférence de presse, ajoutant que des enquêtes sur cette macabre découverte étaient en cours. Il a également appelé à la coopération des habitants dans l’enquête «afin que nous traduisions en justice les auteurs de ces actes odieux».

L’âge des victimes va de 18 à 30 ans et elles ont toutes été tuées selon le même mode opératoire, a déclaré de son côté le chef de la Direction des enquêtes criminelles, Amin Mohammed. La police, selon lui, étudie plusieurs hypothèses. «Avons-nous affaire à une secte associée à des activités criminelles, avons-nous affaire à des tueurs en série ?» a-t-il déclaré lors du point de presse aux côtés de M. Kanja. «Nous pourrions même avoir affaire à des médecins crapuleux (impliqués dans) des activités criminelles.»

Le Kenya avait été secoué l’année dernière par la découverte, dans le sud-est du pays, de fosses communes contenant les corps de plusieurs centaines d’adeptes d’une secte qui les avaient poussés à jeûner jusqu’à la mort. Le chef de la secte évangélique, le pasteur autoproclamé Paul Nthenge Mackenzie, est jugé pour «terrorisme» dans cette affaire appelée «le massacre de la forêt Shakahola», un drame qui a choqué le Kenya et le reste du monde.

La police s’engage à mener «des enquêtes transparentes, approfondies et rapides» sur les corps abandonnés à Mukuru, a ajouté M. Kanja, soulignant que les policiers du commissariat situé à proximité de la décharge où les corps ont été retrouvés avaient été transférés ailleurs.

«Torture et mutilation»

Vendredi, l’Autorité indépendante de contrôle de la police (IPOA) avait annoncé enquêter pour savoir si la police pouvait être impliquée dans ces meurtres. «Les corps, enveloppés dans des sacs et attachés par des cordes en nylon, portaient des marques visibles de torture et de mutilation», avait précisé l’IPOA, soulignant que la décharge est située à moins de 100 mètres d’un commissariat de police.

L’IPOA cherche aussi à faire la lumière sur des allégations d’enlèvements et d’arrestations illégales de manifestants, portés disparus après le récent mouvement de protestation contre des hausses d’impôts du gouvernement. Toutefois, l’IPOA n’a établi aucun lien entre les disparus et les corps abandonnés dans la décharge.

Les forces de sécurité kényanes sont sous surveillance depuis la mort le mois dernier de dizaines de personnes lors de ces manifestations, les groupes de défense des droits humains accusant la police d’avoir recours à une force disproportionnée.

Au Kenya, la police est redoutée, et régulièrement accusée de meurtres et d’exécutions extrajudiciaires, notamment dans les quartiers pauvres, mais elle est rarement condamnée.

M. Kanja a pris ses fonctions cette semaine après la démission du chef de la police nationale, Japhet Koome, suite à la colère exprimée par les Kényans après les morts lors des manifestations de juin. Au total, 39 personnes ont été tuées et plus de 630 blessées, a annoncé la commission nationale sur les droits humains début juillet. 

 

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