Le carnage continue à Ghaza. Dans la nuit de vendredi à hier, alors que les membres de l’Assemblée générale des Nations unies venaient d’adopter à la majorité une résolution en faveur d’un cessez-le-feu, les forces d’occupation israéliennes redoublent de férocité en intensifiant leurs bombardements aériens, terrestres et maritimes sur Ghaza.
«Du jamais-vu» depuis le début de l’agression israélienne contre cette enclave de 2,3 millions habitants, estiment plusieurs correspondants de médias internationaux présents sur place. Plus de 150 explosions ont été signalées dans le secteur nord de la bande totalement dévasté. Selon l’agence palestinienne Wafa, 53 nouveaux massacres ont été commis durant cette nuit à Ghaza.
«L’occupation a commis des dizaines de massacres, les plus graves et les plus violents depuis le début de l’agression, la majorité des martyrs étaient des personnes déplacées, contraintes à se rendre au sud de la bande de Ghaza, qu’Israël prétendait être une zone sûre», affirme le ministère palestinien de la Santé, relevant «la paralysie complète des capacités du système de santé, des ambulances et des équipes médicales en raison de la coupure des communications et de l’internet».
En effet, le pilonnage massif est, cette fois-ci, accompagné d’une coupure de tous les réseaux de communication et d’internet de la bande de Ghaza. Une manière pour les forces d’occupation de provoquer un black-out qui leur permettrait de poursuivre leur entreprise macabre à huis clos, sans images. L’occupant cherche par ce vil procédé à empêcher les nombreux journalistes et humanitaires qui sont sur place de rendre compte de la barbarie que subit une population sans défense. L’ONG américaine Human Rights Watch (HRW) parle d’une volonté de «dissimuler des atrocités de masse». «Cette coupure de l'information risque de servir de couverture à des atrocités de masse et de contribuer à l'impunité des violations des droits humains», a dénoncé Deborah Brown, une responsable de HRW dans un communiqué.
Amnesty International s’est de son côté inquiété de cette coupure de toutes les communications à Ghaza. «Cette coupure des communications signifie qu’il sera encore plus difficile d’obtenir des informations et des preuves essentielles sur les violations des droits humains et les crimes de guerre commis contre les civils palestiniens à Ghaza, et d'entendre directement ceux qui subissent ces violations», a déploré cet autre ONG. Le bilan des morts dans les frappes continues contre la bande Ghaza a atteint 7703, dont 3195 enfants et 1863 femmes. Un bilan qui risque d’augmenter d’heure en heure, en raison du nombre estimé important de personnes encore sous les décombres. Le ministère palestinien de la Santé fait état de 1800 personnes portées disparues, dont 1000 enfants. Le nombre de blessés, quant à lui, frôle les 20 000, dont des centaines sont dans un état grave.
Mises en garde contre une opération terrestre
En Cisjordanie, où les forces d’occupation continuent de mâter la révolte palestinienne par des procédés abjects, on fait état de quelque 111 morts et près de 2000 blessés depuis le début de l’agression contre Ghaza le 7 octobre. Même le personnel de la santé n’a pas été épargné par l’atrocité de l’agresseur. Jusqu’à présent, 110 personnes du corps médical ont été tuées, 25 ambulances carbonisées, 54 établissements de soins complètement détruits, 12 hôpitaux mis hors service et 32 centres de santé endommagés.
Et la destruction des infrastructures de base se poursuit à Ghaza, ville réduite en poussière. Les forces d’occupation tuent tout espoir de survie dans cette enclave, soumise à une véritable épuration ethnique. «Ce qui se passe à Ghaza est un génocide. L’occupation tue des citoyens et des personnels de la santé, détruit et bombarde des centres de traitement et des ambulances, empêche le carburant nécessaire au fonctionnement des hôpitaux, empêche l’acheminement des produits médicaux d’urgence, entrave l’évacuation des blessés et des malades en dehors de la bande pour leur traitement ainsi que l’entrée des équipes médicales volontaires», dénonce Mai Al Kaileh, ministre palestinien de la Santé.
Le Haut commissaire des Nations unies aux droits de l’homme, Volker Türk, met en garde l’occupant israélien contre les graves conséquences d’une opération terrestre à grande échelle dans la bande de Ghaza, qui «entraînerait la mort de milliers de civils». «A la lumière de la manière dont les opérations militaires ont été menées jusqu'à présent, et dans le contexte d’une occupation remontant à 56 ans, un avertissement a été lancé concernant les conséquences potentiellement catastrophiques d’une opération terrestre à grande échelle dans la bande de Ghaza et la mort possible de milliers de civils supplémentaires», a-t-il averti dans un communiqué rendu public hier depuis Genève. M. Türk estime que «les bombardements sur les infrastructures de communication exposent les civils à de graves dangers, les ambulances et les équipes de protection civile ne sont plus en mesure de localiser les blessés ou les milliers de personnes qui se trouveraient encore sous les décombres. Les civils ne peuvent plus recevoir d’informations actualisées sur les endroits où ils peuvent accéder à l’aide humanitaire, de nombreux journalistes ne peuvent désormais plus rendre compte de la situation».
Le ministère saoudien des Affaires étrangères a, pour sa part, averti du danger d’une opération terrestre à Ghaza. «Le royaume condamne et dénonce toute opération terrestre menée par Israël en raison de la menace contre la vie des civils palestiniens et les expose à davantage de dangers et à des conditions inhumaines», a affirmé ce département ministériel dans un communiqué, mettant en garde contre la poursuite des «violations flagrantes et injustifiées ainsi que la violation du droit international contre le peuple palestinien frère et les graves répercussions qui en découleront sur la stabilité de la région et sur la paix et la sécurité régionales et internationales».
L’Arabie Saoudite appelle dans ce sillage la communauté internationale à «assumer ses responsabilités en vue d’une cessation immédiate de cette opération militaire conformément à la résolution de l’Assemblée générale des Nations unies du 27 octobre 2023, en préservant les infrastructures, les intérêts vitaux et en permettant aux organisations humanitaires et de secours de fournir une aide humanitaire urgente et nécessaire aux civils de la bande de Ghaza sans entrave».