A la quatrième vague des contaminations liées au coronavirus, il apparaît que les denses centres urbains du nord du pays sont les plus touchés par la pandémie.
Le Dr Mohamed Bekkat Berkani, président de l’Ordre national des médecins, explique, à ce propos, que le nombre des contaminations évolue au gré de la densité de la population. «Si l’on prend Alger à titre illustratif, il y a une concentration importante de la population dans plusieurs de ses quartiers. Il en est de même pour Tizi Ouzou qui a un centre-ville étriqué», énonce le responsable de l’Ordre des médecins. Et de préciser : «Il y a des éléments majeurs susceptibles de créer des foyers de contamination. Plus grande est la distance entre les individus, moins il y a de contaminations.
C’est ce qui explique que certaines wilayas du sud du pays ont relativement été épargnées. La hausse des contaminations est tributaire du mode de vie de la population.» C’est également l’analyse du Dr Lyes Merabet, président du Syndicat national des praticiens de la santé publique (SNPSP), qui observe que plusieurs wilayas sont en tête de liste en matière de contaminations, à l’exemple d’Alger, Blida, Tizi Ouzou, Béjaïa, Jijel, Constantine...
Il fait le diagnostic suivant : «Il y a des foyers de contamination qui sont apparus dans les grandes villes du Nord et qui, malgré quelques périodes d’accalmie, ne se sont jamais taris. La flambée revient tous les cinq à 6 mois.» Il considère que l’Algérie est d’ores et déjà entrée de plain-pied dans la quatrième vague des contaminations.
«Cela a commencé timidement à la fin du mois d’octobre 2021. A la mi-novembre 2021, il y avait de plus en plus de malades présentant des symptômes de la Covid dans les hôpitaux et leur nombre ne cesse de progresser de jour en jour. En quelques mois, le pays est passé de 120 nouveaux cas par jour à plus de 370.
C’est là un élément qui doit attirer l’attention des responsables et des citoyens.» Son inquiétude est d’autant plus grande qu’il observe un certain laxisme dans le respect des gestes barrières et que la grande majorité de la population continue de bouder la campagne de vaccination. «Il faut savoir que nous ne sommes qu’au début de la quatrième vague – sachant que, d’après les expériences précédentes, elle pourrait s’étaler de 6 à 8 semaines – et que nous ne savons pas comment les choses pourraient évoluer.»
Le Dr Bekkat Berkani tient néanmoins à préciser que le dépistage ne révèle pas le nombre de cas, il concerne uniquement les personnes qui sont passées par le circuit formel pour se faire dépister avant l’hospitalisation.
Aussi les chiffres journaliers qu’affichent les responsables de la santé sont bien en deçà de la réalité. «Les chiffres ne comptabilisent pas les cas positifs qui se sont fait dépister dans les laboratoires privés ou ceux qui se sont dirigés vers les cabinets privés. On peut dire que 60 à 70% des malades qui observent les premiers symptômes de la Covid se dirigent d’abord vers les cabinets médicaux privés.»
D’ores et déjà, six médecins ont trouvé la mort des suites de la Covid en l’espace de dix jours, selon le responsable du Syndicat national des praticiens de la santé publique. «Le fait est que le personnel médical est exposé à une importante charge virale et que les médecins continuent de payer un lourd tribut.»