Les cas de paludisme et de diphtérie : Au moins 40 décès et près de 600 contaminations

01/10/2024 mis à jour: 00:36
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Au moins 40 personnes sont décédées suite à leur contamination aux maladies infectieuses, la diphtérie et le paludisme, apparues dans des wilayas de l’extrême sud du pays, et ce, depuis la fin de mois d’août. Le bilan rendu public hier fait état d’au moins 536 cas recensés à ce jour (hier, 30 septembre, ndlr) pour les deux épidémies. 

Ces 40 victimes sur les 536 cas ne concernent que les foyers les plus touchés, soit In Guezzam et Tinzaouatine, ville frontalière avec le Mali. A Timiaouine, la situation est «similaire», a affirmé le président de l’Agence nationale de la sécurité sanitaire (ANSS), le Pr Kamel Sanhadji, mais dit ne pas avoir de données statistiques concernant cette zone. Intervenant hier sur les ondes de la Radio nationale Chaîne 3, le Pr Sanhadji affirme que les régions les plus touchées sont d’abord Tinzaouatine, Timiaouine, In Guezzam, puis à un degré moindre Tamanrasset, qui dispose d’un centre référant aux maladies infectieuses, et Bordj Badji Mokhtar. Par détails, 28 cas de décès causés par l’épidémie de la diphtérie (115 cas au total), dont 27 cas ont été enregistrés à Tinzaouatine et un seul cas à In Guezzam. Il explique que depuis le 28 août dernier, la majorité des cas de diphtérie signalés dans le Grand-Sud ont été recensés au niveau des zones frontalières, comme Tinzaouatine et Timiaouine.

 A Tamanrasset, peu de cas de diphtérie sont enregistrés, soit 2 par jour, explique-t-il, pouvant atteindre en fin de semaine les 6 cas par jour. 421 cas de paludisme enregistrés, dont la majorité des cas sont signalés à Tinzaouatine, dans la wilaya d’In Guezzam, où 200 cas ont été enregistrés. Il y a eu aussi 12 décès causés par le paludisme, dont 5 à In Guezzam et 7 à Tinzaouatine. Il y a «une baisse», pas encore significative, des cas depuis les trois derniers jours grâce à l’acheminement des vaccins et des médicaments. 

«Cas importés»

Comment expliquer cette réapparition de ces maladies ? Pour le paludisme, maladie pas contagieuse mais transmissible à l’être humain par les piqûres de certains types de moustiques, le Pr Sanhadji explique qu’elle s’est propagée en cette période propice marquée par les dernières pluies ayant provoqué des eaux stagnantes et l’émergence de moustiques dans le désert. Pour la diphtérie, maladie contagieuse, éradiquée grâce à un calendrier vaccinal, il précise que «le système sanitaire de certains pays voisins n’est pas développé comme le nôtre». 

Ces cas de diphtérie et de paludisme sont majoritairement «importés», résultant des migrations transfrontalières des populations des pays voisins, accentuées par les changements climatiques. Elles ont contribué à la propagation des maladies dans les régions frontalières. 

Mais, le spécialiste pose aussi un problème crucial : on se vaccine de moins au moins ! Les gens évitent de plus en plus la vaccination, et, selon son analyse, cela est dû à la crainte observée lors de la vaccination massive d’anti-Covid. Il y a une «dette immunologique» et la population est donc vite rattrapée par ces maladies. La commission médicale, dépêchée au sud du pays sur ordre du président Tebboune, «est à pied d’œuvre», explique-t-il, mais «le problème se pose dans les nouvelles wilayas et plus lointaines, qui ne sont encore dotées de grandes structures hospitalières. Leurs structures sont prises d’assaut et sont saturées», a expliqué Kamel Sanhadji, estimant qu’«avec l’évolution des populations et des déplacements, ces localités doivent être dotées de grandes structures hospitalières». Nassima Oulebsir
 

 

 

Les autorités rassurent «Le suivi de la situation épidémique se poursuit»

La situation sanitaire induite, causée par la propagation du paludisme et de la diphtérie dans certaines localités du Sud, reste préoccupante et inquiète toujours la population locale. Des députés, des sénateurs, des associations et des habitants de ces régions tirent la sonnette d’alarme et exigent un plan d’urgence et une mobilisation de tous les services concernés pour venir à bout de cette situation épidémiologique. Ils ont souligné l’urgente nécessité de fournir les médicaments nécessaires, de lancer des campagnes de sensibilisation en direction des habitants sur les méthodes de prévention en sus du renforcement des programmes de santé. Devant cette situation, ils prient «les autorités locales et les ministères compétents d’assumer leurs responsabilités par rapport à la situation sanitaire qui se détériore dans la région, et à agir au plus vite devant les risques qui menacent la santé et la vie des habitants de ces régions», affirment des représentants d’associations dans un courrier adressé aux autorités. Pour rassurer la population, le ministère de la Santé affirme que le suivi de la situation épidémique «se fait conformément au protocole scientifiques en vigueur» et que l’opération «se poursuit afin d’éradiquer cette situation épidémique». Djamel Fourar, directeur de la prévention au département de la Santé, assure que «l’Etat dispose de tous les moyens pour contenir et traiter les cas de diphtérie et de paludisme», précisant que la majorité des cas recensés sont importés. Et d’ajouter que des équipes spécialisées ont été envoyées sur le terrain pour évaluer la situation et renforcer les dispositifs sanitaires. Contactés, mais les services du ministère de la Santé étaient injoignables hier. R. N.
 

 

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