Le financement de l’économie, un dossier récurrent, qui revient à chaque fois dans les débats, est encore aujourd’hui au centre des préoccupations des pouvoirs publics.
A la faveur de la dernière rencontre entre le chef de l’Etat, Abdelmadjid Tebboune, et les opérateurs économiques à l’occasion de la clôture des journées de l’entrepreneuriat, la contribution des banques privées dans le processus de financement de l’économie a été soulevée.
Certes, le constat n’est pas nouveau : les crédits alloués aux entreprises par les banques privées sont en deçà des attentes du monde économique et du gouvernement. Mais, le poids pèse de plus en plus lourd sur les banques publiques.
Le président de la République a saisi justement l’occasion pour revenir sur cette question et relever des anomalies. Les entreprises privées consomment 85% des crédits débloqués majoritairement par les banques publiques. C’est-à-dire, les acteurs financiers privés qui sont au nombre de 14 sur 22 ne contribuent qu’à hauteur de 25% dans le financement de l’économie. Une part faible par rapport aux besoins exprimés à ce niveau.
Les opérateurs économiques se plaignent d’ailleurs régulièrement de cette réticence qui continue à retarder les investissements productifs au moment où les orientations se multiplient sur la nécessité de libérer les initiatives via la facilitation de l’accès au financement.
La Banque d’Algérie a dans ce cadre appelé à maintes reprises les banques à renforcer et développer le financement de l’économie sachant qu’elles enregistrent les conditions de liquidité et de solvabilité. Il est vrai que l’analyse des tendances conjoncturelles montre une croissance des crédits, comme c’est le cas sur la période 2022 à mai 2023, cependant cela reste insuffisant.
C’est ce que fait remarquer la Banque centrale qui met en exergue l’importance des capacités de financement sur la place bancaire et le poids soutenu par le secteur public dans ce sens. L’on note pour rappel à fin mai dernier selon le ministre des Finances, Laaziz Faid, 10000 milliards de dinars de prêts et crédits-bails dédiés au financement de l’économie, dont 70% étaient destiné à l’investissement avec l’objectif de créer des richesses et des emplois. Mais, l’effort est beaucoup plus soutenu par les banques publiques et destiné aux entités économiques privées, grandes consommatrices de crédits sans pour autant réaliser les objectifs escomptés.
D’où le paradoxe et «les dysfonctionnements» soulignés. Les banques privées sont donc appelées aujourd’hui à jouer le jeu du financement loin de toute frilosité ou réticence. Et ce, d’autant que le nouveau cadre réglementaire le permet clairement via notamment la nouvelle loi monétaire. D’où la nécessité de saisir les mutations engagées pour se lancer dans le financement des entreprises.
Et insuffler ainsi une nouvelle dynamique à la mobilisation optimale des capacités de financement des banques privées. Il s’agit aussi pour ces acteurs de contribuer à l’élargissement de l’offre des produits financiers. Ce qui est grandement attendu du côté des opérateurs économiques dont les préoccupations ne se limitent pas à l’accès au financement. Donc, autant les alléger. L’émergence de nouveaux acteurs serait, dans ce sens, salvateur dans une économie qui cherche encore à se construire au sein d’une place bancaire en quête d’outils managériaux efficaces face aux risques.