Agressions physiques, insultes et menaces. Les violences envers les pharmaciens en raison du refus de délivrer des médicaments psychotropes se multiplient à travers le territoire national.
Dernier exemple en date : une officine située à Bab Ezzouar, dans la wilaya d’Alger, a été la cible, lundi dernier, d’une attaque violente, perpétrée par des individus armés. Les images de la vidéosurveillance ont rapidement fait le tour des réseaux sociaux, suscitant une vague d’indignation. Les auteurs de l’agression ont été arrêtés par les services de sécurité.
Il s’agit de quatre personnes d’une même famille, dont une femme, a indiqué, vendredi dernier, un communiqué de la sûreté de wilaya d’Alger. Le juge d’instruction près le tribunal de Dar El Beïda a ordonné le placement en détention provisoire de quatre individus pour «tentative d’homicide volontaire», a annoncé, avant-hier, le parquet de la République près le même tribunal. «Les mis en cause ont été déférés devant le parquet et une information judiciaire a été ouverte à leur encontre pour ''tentative d’homicide volontaire avec préméditation'', ''constitution et participation à une bande de quartier'', ''coups et blessures volontaires à l’arme blanche'', ''dégradation volontaire d’un bien appartenant à autrui'' et ''tentative d’obtenir des psychotropes par la violence'', et ce, conformément aux dispositions du code pénal, de la loi relative à la prévention et à la lutte contre les bandes de quartier et de celle relative à la prévention et à la répression de l’usage et du trafic illicites de stupéfiants et de substances psychotropes», a ajouté le communiqué, notant que «les peines maximales prévues pour de tels crimes peuvent aller jusqu’à la peine de mort».
Cette attaque soulève une fois de plus la question de l’insécurité dans les établissements recevant du public. A l’instar des autres praticiens, les pharmaciens se sentent de plus en plus vulnérables face à la montée des faits de violence. Face à la prolifération de la consommation des psychotropes, les autorités avaient décidé en 2023 de durcir la réponse pénale.
Le ministre de la Justice, garde des Sceaux, Abderrachid Taibi, avait motivé la modification de la législation, à cause des «lacunes» constatées dans la loi relative à la prévention des drogues, en vigueur depuis 2004. La loi 23-05 modifiant et complétant la loi n° 04-18 relative à la prévention et à la répression de l’usage et du trafic illicites de stupéfiants et de substances psychotropes prévoit une peine de prison de deux mois à deux ans contre quiconque consomme, achète ou possède illégalement ces substances pour consommation personnelle. La loi prévoit également une peine d’emprisonnement de deux à dix ans contre quiconque établit une ordonnance médicale fictive contenant des psychotropes ou délivre des psychotropes sans ordonnance ou selon une ordonnance ne répondant pas aux prescriptions légales.
Parmi les dispositions pénales sévères contenues dans le projet de loi, figure une peine de prison de 20 à 30 ans si le coupable est un agent public dont le travail a facilité la commission du crime, ou un professionnel de la santé, un pharmacien, ou travaillant dans le secteur de l’industrie pharmaceutique, un employé d’un établissement de désintoxication, ou membre d’une association active dans le domaine de la prévention et la lutte contre l’usage et le trafic de drogues et de psychotropes.
La peine sera portée à la perpétuité dans le cas où ces actes seraient commis par un groupe criminel organisé, selon le même texte, qui a également signalé la perpétuité contre quiconque cultive illégalement du pavot à opium, du cocaïer ou la plante de cannabis.
La loi prévoit aussi une classification de certains produits pharmaceutiques, dont la Pregabaline, médicament utilisé habituellement dans le traitement des douleurs neuropathiques et que les jeunes consomment comme drogue. La liste a été mise à la disposition des services judiciaires, des praticiens de la santé et des structures du ministère de la Santé et des Douanes afin d’en faciliter le contrôle.