Le chancelier allemand, Olaf Scholz, s’est dit «profondément bouleversé» après les «terribles attentats perpétrés à Jérusalem-Est qui ont fait sept morts et deux blessés». Dans un excès de démonstration émotionnelle, il va jusqu’à s’étrangler, à s’offusquer de ce qu’il y ait eu des morts «au cœur d’Israël», appuyant son air outré par le fait que ses pensées vont aux victimes et à leurs familles avant de surenchérir : «L’Allemagne est au côté d’Israël.» Aucun mot dans le tweet du chef de l’Exécutif allemand sur les raids meurtriers nocturnes de l’aviation israélienne sur la ville de Jénine, qui ont fait dix morts, dont une vieille femme de 80 ans. On connaît depuis longtemps le sentiment de culpabilisation dont sont empreints les dirigeants allemands en référence aux massacres abominables de millions de juifs perpétrés par le régime nazi au cours de la Seconde Guerre mondiale. Dans les années qui ont suivi la fin de ce conflit meurtrier, l’entité sioniste israélienne joue sur cette culpabilisation de l’Europe et agit sur les cordes sensibles de toutes les nations du monde pour mettre en avant le martyre du peuple juif et faire l’impasse sur le martyre des Palestiniens spoliés de leur terre et enfermés dans une sorte de ghetto, où plus de deux millions de personnes y vivent et sont interdites d’en sortir. Avez-vous une idée de ce qu’est Ghaza ? Ghaza est une bande de terre de 41 km de long sur la côte méditerranéenne et d’une largeur de 6 à 12 km (superficie de 360 km2) où sont venus s’établir des réfugiés palestiniens déplacés par le conflit avec Israël. Depuis des dizaines d’années, les Ghazaouis vivent en autarcie, sous embargo, et subissent des bombardements cycliques sanglants de l’armée israélienne. Beaucoup d’enfants en sont victimes, sans que le monde ne s’en émeuve. Ghaza a connu quatre affrontements majeurs avec les forces sionistes (2009, 2012, 2014 et 2021) qui ont fait des centaines de morts palestiniens. La densité de population y est la troisième plus importante au monde après Monaco et Singapour. La comparaison s’arrête là, puisque les Ghazaouis ne jouissent d’aucune liberté de mouvement.
Le tweet du chancelier allemand a donc failli par son timbre disproportionné et à deux vitesses. Motus et bouche cousue quand ce n’est pas une dénonciation a minima. Les dirigeants politiques européens et américains nous ont habitués à cette cécité inqualifiable. Olaf Shulz et son gouvernement ne se hasardent pas à se détourner du mode de pensée et des réactions pro-israéliennes dont se pare aujourd’hui la communauté internationale. Le fait que l’attentat de la synagogue de Jérusalem-Est intervienne le jour de la commémoration de l’holocauste rajoute à la dramaturgie émotionnelle dont Israël s’est toujours servi, contrairement aux victimes quasiment invisibles palestiniennes. C’est connu, l’holocauste est un événement malheureux historique par lequel l’Allemagne apporte une aide continuelle et multiforme ainsi qu’un soutien sans condition au régime sioniste en fermant les yeux sur les exactions de ce dernier.
Le plus révoltant dans cette situation très difficile que vivent les Palestiniens de Ghaza, de Cisjordanie et d’ailleurs et particulièrement en temps d’agression de l’armée israélienne et les assassinats quotidiens de celle-ci sur des enfants, c’est qu’au plan médiatique international, existe un consensus non écrit pour réduire les Palestiniens «à des terroristes qui veulent la destruction d’Israël». Cette fausse assertion sous-entend que l’entité sioniste occupante, raciste et agressive «ne fait que se défendre».
Toute éthique ravalée, ces médias présentent le conflit russo-ukrainien et israélo-palestinien sous le reflet d’un prisme déformant. D’un côté de braves Ukrainiens qui se battent, c’est légitime, pour expulser l’envahisseur russe «hideux et sanguinaire» et de l’autre des Israéliens continuellement agressés par des Palestiniens.
Les plateaux de télé occidentaux font souvent dans la gymnastique verbale et abjecte pour nous expliquer que nous ne faisons pas partie du même monde et que le nôtre est ignoré quand bien même l’injustice, la spoliation notoire et la violence subie sont condamnées à être son lot quotidien.