L'Église portugaise tire ses conclusions d'un rapport accablant sur la pédocriminalité

03/03/2023 mis à jour: 13:56
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Les évêques portugais sont réunis vendredi 3 mars dans la ville-sanctuaire de Fatima (centre) pour décider des mesures à prendre à la suite du choc provoqué par la publication d'un rapport indépendant sur l'ampleur des violences sexuelles commises par des membres du clergé contre des mineurs.

Une conférence de presse est prévue pour 18H00 (heures locale et heure de Paris) à l'issue d'une assemblée plénière extraordinaire de la Conférence épiscopale portugaise (CEP) exclusivement consacrée à l'analyse du rapport rendu public le 13 février par une commission chargée par les évêques de faire la lumière sur le phénomène de la pédocriminalité au sein de l'Église.

Violences dissimulées de façon «systémique»

Après avoir recueilli plus de 500 témoignages en l'espace d'un an, ce groupe d'experts indépendants a établi qu'au moins 4815 mineurs avaient été victimes de violences sexuelles dans un contexte religieux depuis 1950. Ces violences ont été dissimulées par la hiérarchie de l'Église de façon «systémique», ont-ils ajouté dans leurs conclusions. «Nous demandons pardon à toutes les victimes», avait réagi aussitôt après la publication du rapport le président de la CEP, l'évêque de Leiria-Fatima, José Ornelas.

«Face aux abus, et surtout à ceux qui sont commis par des membres de l'Église, il ne suffit pas de demander pardon», a toutefois déclaré le pape François dans un message diffusé jeudi sur Twitter. «La douleur et les blessures des victimes ne peuvent commencer à guérir que si elles trouvent des réponses et des actions concrètes en mesure de réparer les horreurs subies et d'empêcher leur répétition», a ajouté le souverain pontife argentin dans une vidéo où il s'exprime en espagnol.

Confronté aux milliers de cas de violences sexuelles impliquant des prêtres mis au jour dans le monde et aux accusations de dissimulation par des membres du clergé, le pape François a promis en 2019 de livrer une «bataille totale» contre la pédophilie au sein de l'Église. Dans son rapport, la commission indépendante qui a enquêté sur la pédocriminalité au sein de l'Église portugaise a fait plusieurs recommandations aux responsables ecclésiastiques réunis à Fatima.

Elle a notamment suggéré la création d'une nouvelle commission qui pourrait assurer un suivi de cette thématique, le respect d'un «devoir moral de dénonciation» des agresseurs sexuels et l'abolition des confessionnaux fermés, un des lieux où ces violences ont été souvent commises. Dans une lettre ouverte rendue publique jeudi, plusieurs organisations et personnalités des milieux catholiques progressistes ont appelé les évêques à mettre en œuvre l'essentiel de ces suggestions et à organiser «un moment solennel et collectif» pour demander pardon aux victimes.

«Evêques dissimulateurs»

Ce groupe, dont une bonne partie avait déjà réclamé la constitution de la commission indépendante fin 2021, se prononce en outre en faveur du départ des «évêques dissimulateurs» et de la suspension des membres du clergé soupçonnés d'agressions sexuelles qui sont toujours au service de l'Église. À l'occasion de l'assemblée épiscopale de Fatima, la commission indépendante doit remettre vendredi aux évêques une liste des agresseurs présumés cités dans les témoignages recueillis par les experts.

La commission a également prévu d'adresser au ministère public une liste des agresseurs présumés encore actifs au sein des institutions religieuses. «L'heure de rendre des comptes», titrait vendredi en Une le quotidien de référence Publico. «L'Église choisit soit les victimes, soit les agresseurs», résumait dans son éditorial le directeur adjoint du journal, Amilcar Correia, évoquant l'effet «dévastateur» du rapport indépendant pour un pays dont 80% de la population se définit comme catholique.

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