Alors qu'un épais brouillard s'installe au lendemain des législatives, de nombreux éditorialistes français se félicitent, comme dans le journal régional le Midi Libre, de «la gifle infligée au (parti d'extrême droite) Rassemblement national arrivé troisième et qui ne gouvernera pas le pays».
La «clarification» promise par le président français, Emmanuel Macron, après la dissolution surprise de l'Assemblée nationale, a accouché d'un Parlement fragmenté en trois blocs, plongeant le pays dans la plus grande «confusion», selon la presse française lundi. «La ‘’clarification’’ qu'il appelait de ses vœux précipite la France, et sans doute pour longtemps, dans la plus grande confusion», relève le quotidien national Le Figaro, classé à droite.
Même constat dans Le Parisien - Aujourd'hui en France : «Emmanuel Macron avait promis une clarification, il faudra patienter! La situation est plus nébuleuse et confuse encore à l'issue de ces élections législatives (...). Perplexes devant des résultats dont ils comprennent qu'ils rendent l'Assemblée ingouvernable, les Français ont bien du mal à voir vers quoi on se dirige», poursuit-il.
Créant la surprise, l'union de la gauche est arrivée légèrement en tête du second tour des élections législatives dimanche, devant le camp présidentiel et l'extrême droite, dont l'élan a été freiné par la mise en place d'un «front républicain» caractérisé par des désistements stratégiques et des alliances en vue de faire barrage à l'extrême droite.
Mais ni l'alliance des gauches (autour de 180 sièges), ni le bloc du président Macron (autour de 160 sièges), ni l'extrême-droite (plus de 140 sièges) ne peuvent atteindre, seuls, la majorité absolue (289 députés).
Le 9 juin, «le coup de tête du président, touché par le résultat des européennes (lors desquelles le camp présidentiel a été largement devancé par l'extrême-droite, ndlr), entraîne le pays dans une période d'instabilité. Aucun parti ne domine. Personne ne pourra appliquer son programme.
Qui pour gouverner ?» s'interroge le quotidien régional du Sud-Est, La Provence. Plus que jamais, le «flou persiste sur les alliances à venir et le futur Premier ministre», souligne à l'autre bout du pays la Voix du Nord, qui titre à la une «La gauche devant: et maintenant ?»
«Gifle» à l'extrême droite
Alors qu'un épais brouillard s'installe au lendemain des législatives, de nombreux éditorialistes français se félicitent, comme dans le journal régional le Midi Libre, de «la gifle infligée au (parti d'extrême droite) Rassemblement national arrivé troisième et qui ne gouvernera pas le pays». «Merci qui ? Merci le front républicain !» s'exclame ainsi le quotidien national de gauche Libération.
«Décidé très rapidement par la gauche le 30 juin au soir, le gros des troupes de la majorité présidentielle embrayant dans son sillage, le front républicain que l'on disait moribond aura donc permis l'essentiel : barrer la route du pouvoir à l'extrême droite», souligne-t-il.
«Le Rassemblement national ne doit pas accéder au pouvoir. C'est le message transmis par une forte majorité de Français lors du second tour des élections législatives», renchérit le quotidien catholique La Croix. «Le sursaut républicain témoigne d'une France généreuse, qui ne cède pas à l'appel de la peur. C'est avec elle et par elle que l'avenir doit être construit», estime-t-il.
«L'espoir renaît», titre à la une le journal communiste L'Humanité. Mais l'Assemblée désormais recomposée, «l'heure de la reconstruction a sonné», écrit l'hebdomadaire L'Express.
«Il y a urgence, avant le rendez-vous» de l'élection présidentielle de 2027. «De ce chaos pourrait naître une nouvelle manière de faire fonctionner la démocratie. (Le poète français) Guillaume Apollinaire écrivait : ‘’Perdre, mais perdre vraiment, peut laisser la place à la trouvaille’’», veut croire La Provence.
Moins de femmes dans la nouvelle Assemblée
La proportion de femmes dans la nouvelle assemblée issue des législatives en France est tombée à 208 élues sur 577, soit 36% de l'hémicycle, en recul par rapport à 2017 et 2022, selon une analyse par l'AFP des résultats publiés hier par le ministère de l'Intérieur. La proportion de femmes à l'Assemblée française avait atteint un record en 2017, culminant à 38,8% (224 députées), avant de reculer en 2022, à 37,3% (215).
Elle reflue de nouveau cette année. L'Assemblée nationale française est désormais légèrement moins féminisée que le Sénat, la chambre haute du parlement français élue au suffrage indirect et qui compte 36,8% de femmes (128 sur 348 sénateurs). Parmi les grands blocs de la nouvelle Assemblée, l'union des gauche ou Nouveau front populaire (NFP) et apparentés (41,7%, 78 sur 187) est le plus féminisé, devançant d'une courte tête le camp présidentiel (41,5%, 66 sur 159).
L'extrême droite (Rassemblement national) et ses alliés ne comptent que 32,4% de femmes (46 sur 142) et la droite classique (Les Républicains) a fait élire seulement 30,8% de femmes. En 1958, la première Assemblée nationale de la Ve République ne comptait que huit députées, parmi lesquelles Nafissa Sid Cara, née en Algérie avant l'indépendance et qui sera également en 1959 la seule femme du premier gouvernement de la Ve République.