Les épisodes caniculaires enregistrés depuis la deuxième moitié du mois de mai ont sonné la fin brutale de la saison des pluies et interrompu l’espoir de rattraper le déficit pluviométrique effrayant.
De quoi rendre obsolètes les données pourtant alarmantes sur lesquelles s’était basé le projet de charte sur les économies d’eau, présenté par le gouvernement voilà juste une année et ayant tiré la sonnette d’alarme sur une situation hydrique préoccupante en Algérie.
Les Algériens ne sont pas à l’abri d’une réédition de la catastrophe de l’été 2021, marqué par de graves pénuries d’eau, la sécheresse et les incendies meurtriers. De plus en plus, les études s’accordent sur l’idée que l’Algérie fait partie des pays les plus exposés à un stress hydrique à long terme dans le pourtour méditerranéen, se basant sur la croissance démographique et la raréfaction de la ressource vitale.
De ce fait, l’accès à l’eau potable pour la population constitue un défi majeur pour les pouvoirs publics, et ce, sans délai. Face à cette situation, Abdelmadjid Tebboune avait donné, en mai 2021, des instructions pour la création d’une agence de supervision de la gestion des stations de dessalement de l’eau de mer, et d’accorder la priorité absolue aux projets de ressources en eau non conventionnelles.
De plus, le Conseil des ministres, tenu dimanche, a examiné une partie de ce dossier marqué par l’urgence, et le communiqué officiel nous apprend que «le président de la République a instruit le gouvernement de poursuivre la mise en œuvre de la stratégie nationale de développement des ressources en eau non conventionnelles, notamment en ce qui concerne la mise en œuvre des projets de réalisation des cinq stations de dessalement de l’eau de mer dans les délais impartis».
Il est à craindre que ces mesures n’atteignent pas encore les objectifs formulés dans la charte sur les économies d’eau et ne répondent pas suffisamment aux défis de l’heure. Pourtant, l’urgence ne manque pas, ni les moyens financiers, considérant l’embellie offerte par les cours du pétrole. Il suffit juste de s’appuyer sur une vision globale, mais aussi de tirer les leçons du fiasco de Bouteflika/Sellal.
Rappelons-nous que l’objectif stratégique de hisser aux normes internationales le service public par une distribution continue d’une eau de bonne qualité ; cet objectif pour lequel l’Etat/Bouteflika avait mobilisé pas moins de 50 milliards de dollars, pour cinq métropoles, a échoué lamentablement.
En plus du préjudice financier gravissime, le taux de déperdition de l’eau demeure suspendu à hauteur de 50%. Inouï ! Or, la déperdition et le gaspillage sont les principales contraintes aux côtés de la cause climatique qui forment la problématique de l’eau en Algérie. Doit-on croire que ce n’est pas une priorité pour l’Exécutif ?