Ponctuelle et exceptionnelle, la campagne de nettoiement des établissements scolaires a atteint les objectifs escomptés et permettra une rentrée dans de bonnes conditions dans nombre de structures éducatives. Basée sur le volontariat, et outre les directions de wilaya, l’opération a vu la participation des organisations de la société civile, notamment celles en rapport avec l’environnement.
Le dynamisme et l’engagement du mouvement associatif sont une nouvelle fois mis en valeur à l’occasion de cette action initiée par le gouvernement une dizaine de jours avant la rentrée scolaire. Cependant, les appels à rendre cette campagne permanente, rééditée «tout au long de l’année», ne paraissent pas d’une grande pertinence.
Si c’est la défaillance et le manque de moyens dans les collectivités locales, précisément les communes, qui ont motivé ces actions engagées sous le signe de l’urgence, la solution durable est de renforcer les services communaux en effectifs et en budgets à l’effet d’assurer continuellement les tâches liées à l’entretien des écoles. Il n’est pas nécessaire de rappeler que le travail n’est jamais mieux fait que par des ouvriers professionnels rémunérés en conséquence.
En outre, et s’agissant d’un secteur aussi sensible que celui de l’éducation, il y a lieu de remettre au centre de l’action et de la réflexion, parfois exclusivement, les spécialistes du domaine, à savoir les pédagogues. Les images des fresques murales réalisées à l’intérieur des salles de classe, relayées dans la communication des collectivités locales, ne manquent pas de susciter des interrogations. Cela a été fait en l’absence des enseignants et à distance des responsables du secteur de l’éducation.
Ces derniers peuvent pourtant prendre connaissance des recherches menées dans le monde et ayant montré le «lien direct entre la décoration des salles de classe et l’attention des élèves». «Le taux de comportement hors tâche est plus important dans la salle de classe décorée», et les élèves ont «appris davantage quand la salle était moins décorée». Les chercheurs rappellent qu’il appartient aux enseignants de «concevoir d’une façon optimale les salles de classe».
Et ne pas leur réserver la surprise, le jour de la rentrée, au même titre que leurs élèves, de découvrir placardés aux murs, tous les animaux marins, souvent peu engageants. Les autorités sont par ailleurs interpellées à ce sujet, vu que le phénomène se répand, sous le prétexte de l’embellissement, jusqu’à l’intérieur des trémies où les automobilistes ne cherchent pas spécialement à être divertis.
L’étude et la professionnalisation des tâches sont une exigence incontournable et le mouvement associatif ne peut pas constituer la réponse à toute situation d’urgence. L’extrême dynamisme observé dans pareille circonstance bute souvent sur des débordements qui embarrassent tous les protagonistes des campagnes concernées.
Lors de la crise sanitaire de ces dernières années, des appareils médicaux importés de l’étranger par des collectifs citoyens n’ont pas été réceptionnés par des directeurs d’hôpitaux qui ont eu de la peine à convaincre leurs interlocuteurs que les installations dans les services de soins obéissent à de nombreuses règles techniques et réglementaires relevant du secteur de la santé.
Il est arrivé que les autorités locales aient recours à des décisions d’interdiction pour mettre un terme à des situations devenues ingérables. Ce fut le cas des quêtes d’argent organisées sur les routes pour récolter la cagnotte exigée par de lointaines cliniques. Il est apparu finalement que la prise en charge d’un malade nécessite simplement une admission dans un hôpital public ou privé et la couverture par un organisme de la sécurité sociale.