Le terrorisme frappe encore au Pakistan : Au moins onze morts dans un attentat à la bombe

21/08/2023 mis à jour: 06:06
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Le Pakistan est confronté depuis plusieurs mois à une détérioration de la sécurité - Photo : D. R.

Le Pakistan est confronté depuis plusieurs mois, en particulier depuis le retour au pouvoir des talibans à Kaboul en août 2021, à une détérioration de la sécurité, notamment dans les régions frontalières de l’Afghanistan. Islamabad affirme que certaines des attaques sont planifiées depuis le sol afghan, ce que Kaboul dément.

Un attentat à la bombe contre un bus transportant des ouvriers construisant un poste militaire dans le nord-ouest du Pakistan, à la frontière avec l’Afghanistan, a fait au moins onze morts, ont annoncé hier les autorités locales, relayées par l’AFP.

Les ouvriers, qui construisaient un nouveau poste pour l’armée pakistanaise, ont été tués samedi soir par une bombe artisanale fixée à leur véhicule, a déclaré Rehman Gul Khattak, haut fonctionnaire du Waziristan du Nord, dans un communiqué.

Amir Muhammad Khan, un haut responsable de la police de la région, a confirmé l’explosion de la bombe et le nombre de victimes. «Il est déchirant d’apprendre l’attentat terroriste au Waziristan du Nord qui a coûté la vie à onze ouvriers innocents.

Nous condamnons fermement cet acte de violence insensé et exprimons notre solidarité envers les familles touchées», a déclaré le Premier ministre intérimaire Anwaar-ul-Haq Kakar sur X (anciennement Twitter).

Le Waziristan du Nord est l’une des anciennes zones tribales semi-autonomes du nord-ouest du pays, où l’armée pakistanaise a mené de nombreuses opérations contre les insurgés liés au réseau Al Qaïda et aux talibans, après l’invasion en 2001 de l’Afghanistan par les Etats-Unis et leurs alliés de l’Otan.

Le Pakistan est confronté depuis plusieurs mois, en particulier depuis le retour au pouvoir des talibans à Kaboul en août 2021, à une détérioration de la sécurité, notamment dans les régions frontalières de l’Afghanistan. Islamabad affirme que certaines des attaques sont planifiées depuis le sol afghan, ce que Kaboul dément.

Début août, après de nouvelles accusations du Pakistan, le ministre afghan de la Défense, Mohammed Yaqoub, avait rapporté la mise en garde du chef suprême des talibans, Hibatullah Akhundzada, contre toute attaque en dehors des frontières du pays.

Se battre hors d’Afghanistan n’est pas un «jihad» autorisé religieusement, mais une guerre, illicite aux yeux du chef suprême des talibans, a déclaré le ministre dans un discours prononcé devant des membres des forces de sécurité afghanes retransmis par la télévision étatique.

Ces derniers mois, le groupe taliban pakistanais, Tehreek-e-Taliban Pakistan (TTP), a mené une campagne de plus en plus intense contre les responsables de la sécurité, notamment les policiers. En janvier, un kamikaze lié au TTP s’était fait exploser dans une mosquée située à l’intérieur d’un complexe policier dans la ville de Peshawar, dans le nord-ouest du pays, tuant plus de 80 fonctionnaires.

La section pakistanaise du groupe Etat islamique (EI) est aussi active dans la zone. Le 31 juillet, dans la ville de Khar, à 45 kilomètres de la frontière afghane, un attentat lors d’un meeting du parti religieux conservateur Jamiat Ulema-e-Islam (JUI-F) avait fait 54 morts, dont 23 enfants.

Un homme s’est fait exploser sur le devant de la scène, alors que quelque 400 participants attendaient le début des discours. Cet attentat a été revendiqué par la section pakistanaise de l’EI qui entretient une rivalité sanglante avec les talibans.

Frictions avec les Pachtounes

Par ailleurs, une éminente défenseure des droits et un ancien membre de l’Assemblée nationale ont été arrêtés au Pakistan après avoir participé à une manifestation pro-Pachtounes, a annoncé hier la police.

Présentés à un tribunal d’Islamabad dimanche, Imaan Mazari-Hazir et Ali Wazir ont tous deux été maintenus en détention, l’affaire étant traitée dans le cadre de la loi antiterrorisme, a expliqué l’avocate Zainab Janjua.

Dans un document du tribunal, la police d’Islamabad indique qu’ils se voient reprocher de graves accusations. L’avocate I. Mazari-Hazir et l’ancien parlementaire A. Wazir ont pris part vendredi à la première manifestation du Mouvement de protection des Pachtounes (PTM) depuis des mois.

Ce parti politique lutte pour les droits de la minorité pachtoune surtout présente dans la province du Khuber Pakhtunkhwa (Nord-Ouest) et qui s’estime discriminée.

Le PTM accuse l’armée d’exactions dans cette région, ce que les militaires nient. Un porte-parole a affirmé que des dizaines de membres du parti, outre A. Wazir qui est un des cofondateurs, ont été arrêtés après le rassemblement.

Jusqu’à 3000 personnes étaient présentes à la manifestation à Islamabad, où Mme Mazari-Hazir et A. Wazir ont prononcé des discours condamnant le harcèlement des Pachtounes et appelant au retour des personnes disparues.

«Vous êtes arrêtés comme si vous étiez les terroristes, pendant que les talibans ont repris le contrôle de vos maisons», peut-on entendre dire Imaan Mazari-Hazir à la foule dans une vidéo postée sur les réseaux sociaux.

Shireen Mazari, ministre des Droits de l’homme sous l’ancien Premier ministre condamné à une peine d’emprisonnement Imran Khan et mère de l’avocate, a assuré que sa fille a été emmenée «en vêtements de nuit» hors de sa maison d’Islamabad par des femmes qui n’ont aucun mandat.

A son arrivée au tribunal, I. Mazari-Hazir, encore en pyjama noir et gris et pantoufles blanches, a fait un signe de la paix. Ali Wazir, quant à lui, est depuis longtemps un fervent détracteur de l’armée et de ses opérations d’évacuations forcées d’activistes dans des régions frontalières avec l’Afghanistan, autrefois occupées par des tribus.

Il faisait partie du dernier gouvernement en tant qu’élu du PTM, mais le Parlement a été dissous le 9 août. Il a déjà été arrêté plusieurs fois.

«C’est inacceptable», a dénoncé la Commission des droits de l’homme au Pakistan dans un communiqué, estimant que ces arrestations étaient les signes d’un système «plus inquiétant de violence autorisée par l’Etat contre des personnes qui exercent leurs droits à la liberté d’expression et d’assemblée». L’ONG Amnesty International a réclamé la libération «immédiate et inconditionnelle» de Mme Mazari-Hazir.

 

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