Construit au début des années 1900 et rénové en 1949, le marché qui s’étend sur 2700 m2 se trouve, le moins que l’on puisse dire, dans un état lamentable.
La quiétude du centre-ville de Sétif a été fortement ébranlée lundi vers 23h. L’incendie ayant embrasé le marché couvert en est la cause. Visibles à des kilomètres à la ronde, les flammes ont calciné une grande partie de ce patrimoine matériel. Le sinistre met en émoi toute la population de la capitale des Hauts-Plateaux pleurant à chaudes larmes la perte d’une tranche de leur histoire.
Alertée, la Protection civile mobilise de gros moyens (70 agents appuyés par 18 camions-citernes) met plus de trois heures pour atteindre le feu. Hormis des dégâts matériels importants, puisque la toiture et plus de 50 locaux de boucherie ont été calcinés, aucune perte humaine n’a été heureusement enregistrée.
Construit au début des années 1900 et rénové en 1949, le marché qui s’étend sur 2700 m² se trouve, le moins que l’on puisse dire, dans un état lamentable. En une fraction de seconde, une grande partie des 173 commerçants, (des bouchers, marchands d’olives, de fruits et légumes, de vêtements) perdent leur gagne-pain. Des Sétifiens faisant leur marché quotidien en ces lieux mythiques devront changer leurs habitudes.
Contacté par El Watan, le maire de Sétif, Hamza Belayat, ne pouvait révéler l’origine et la cause du sinistre provoqué, selon certaines indiscrétions, par un court circuit : «La calcination d’une partie du marché couvert, un patrimoine collectif, nous bouleverse. Hormis les dégâts matériels, aucune perte n’est à déplorée. Nous ignorons pour l’heure les causes du sinistre.
Tant que les experts n’ont pas établi leur diagnostic, on ne peut avancer la moindre hypothèse ou piste. Les équipes de la commune ont, par ailleurs, pris attache avec les assurances et font de leur mieux pour trouver des solutions aux commerçants, en particulier les bouchers – les premières victimes de l’incendie. Avant de parler d’une restauration ou du lancement d’un autre marché, il est impératif de sécuriser les lieux.
La municipalité ne ménagera aucun effort pour aider les 173 commerçants à renouer au plus vite avec une activité normale. J’y veillerai personnellement», souligne non sans dépit le premier magistrat d’une ville tombant en ruines.
Meurtris, les commerçants ne trouvent pas les mots pour exprimer leur désarroi. «Ce sinistre est la conséquence logique de la démission des autorités locales n’ayant jamais répondu à nos cris de détresse. Vétuste, dépourvu de la moindre norme de sécurité, le marché couvert fait les frais du laisser-aller des anciennes assemblées communales. Nous payons les pots cassés de l’indifférence des responsables connaissant tous les problèmes du marché infesté de rats et d’immondices. N’ayant plus que leurs yeux pour pleurer, les petits marchands se retrouvent au chômage.
On attend avec impatience la réaction et les mesures des autorités…» fulminent des marchands à bout de nerf. Ne mâchant pas leurs mots, des citoyens fustigent le laxisme des gestionnaires de la commune et de la wilaya.
«L’incendie qui a ravagé le cœur de la ville de Sétif est un cinglant avertissement aux autorités locales devant mettre de l’ordre dans le souk de la cité Chimino, du marché des 1014 Logements, du souk hebdomadaire des voitures, où les normes de sécurité sont piétinées. Implanté à quelques encablures du lycée Mohamed Kerouani, de l’ancienne Grande-Poste, du CEM Allem Mansour (l’ex-Ecole des indigènes), du siège de la wilaya et de la rue Valée (pas belle à voir), le marché couvert résume la situation lamentable de la ville de Sétif en lambeaux. Ne dit-on pas gouverner c’est prévoir ?» s’interrogent non sans colère de nombreux citoyens hier matin à côté du marché bouclé par un impressionnant cordon de sécurité.
En attendant les résultats de l’enquête devant déterminer les circonstances exactes de ce gravissime sinistre, les commerçants ainsi que la population sétifienne scrutent l’horizon, croisent les doigts, sont à l’affût du moindre geste et réaction des responsables concernés…