Le coup d’Etat au Niger suscite de vives inquiétudes quant au risque de voir le pays sombrer à nouveau dans une spirale de violences et d’insécurité qui ne ferait qu’aggraver la situation déjà préoccupante dans le Sahel.
La crainte d’une nouvelle déstabilisation régionale s’explique par la place centrale qu’occupe le Niger dans la stratégie internationale visant à endiguer la menace terroriste de plus en plus grandissante dans cette partie de l’Afrique. Arrivé au pouvoir le 21 février 2021, Mohamed Bazoum a continué sur la même lancée que son prédécesseur et compagnon de route Mahamadou Issoufou, en renforçant la stabilité du pays à travers le dialogue mais aussi l’intensification des opérations militaires contre les groupes terroristes sur son sol. Cela en plus de sa précieuse contribution dans le cadre d’une coopération régionale pour contrer la recrudescence des attaques terroristes au Sahel.
En effet, le Niger est fortement engagé dans coalition régionale de lutte contre le terrorisme. L’armée nigérienne est, par exemple, membre dans le Comité d’état-major opérationnel conjoint (CEMOC), créé en 2010 à l’initiative de l’Algérie et dont le siège se trouve à Tamanrasset, au Sud algérien. Le CEMOC vise à mutualiser les moyens des armées des quatre pays de la région (Algérie, Niger, Mauritanie et Mali) et à coordonner leurs efforts sur le terrain pour endiguer les activités des groupes terroristes ainsi que celles des bandes criminelles. Le Niger est également présent dans la Force multinationale mixte (FMM).
Composée de troupes de cinq pays africains (Bénin, Niger, Tchad, Nigeria, Cameroun), la FMM, créée en 1994 pour lutter contre le grand banditisme, a été transformée en 2014 en un instrument de lutte multilatéral contre le groupe terroriste Boko Haram, devenu la principale menace sécuritaire pour les Etats du bassin du lac Tchad (Nigeria, Tchad, Niger et Cameroun). L’armée nigérienne a participé dans la Mission multidimensionnelle Intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (Minusma) avec 850 hommes. Elle est également partie prenante du Processus de Nouakchott, qui constitue le cadre de coopération sécuritaire régionale le plus large en ce sens qu’il regroupe 11 pays, à savoir l’Algérie, le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, la Guinée, la Libye, le Mali, la Mauritanie, le Niger, le Nigeria, le Sénégal et Tchad. Initié en 2013 par l’Union africaine, il a pour objectif d’articuler l’action africaine dans les domaines de la sécurité, de la gouvernance, de la décentralisation et du développement.
Acteur majeur
Aussi, avec deux bataillons, le Niger est un acteur majeur de la Force conjointe du G5 Sahel, qui a vu le jour dans le sillage de l’intervention militaire française au Mali en 2014. A cela s’ajoute sa participation depuis 2017 à la réactivation de l’Autorité de développement intégré de la région du Liptako-Gourma, appelée communément Autorité du Liptako-Gourma (ALG), qui regroupe le Mali, le Burkina Faso et le Niger. Créée en décembre 1970, l’ALG a pour but de «promouvoir les ressources minières, énergétiques, hydrauliques et agropastorales dans un cadre régional pour un développement harmonieux et intégré».
Ce pays, qui risque de basculer dans une dangereuse instabilité politique, a affiché son entière disponibilité à participer à la capacité africaine de réponse immédiate aux crises (CARIC), créée par l’Union africaine (UA) pour renforcer les dispositifs existants. Outre sa forte contribution dans les dispositifs et les instruments régionaux de lutte contre le terrorisme, le Niger coopère grandement avec l’Union européenne et les Etats Unis d’Amérique. L’armée nigérienne bénéficie d’une importante assistance militaire américaine.
Les Américains, qui ont des drones stationnés à la base aérienne de Niamey, fournissent des moyens et des équipements militaires de formation et d’intervention à l’armée nigérienne. L’aide militaire américaine au Niger a atteint un total de 350 millions de dollars depuis 2012.
Ayant retrouvé sa stabilité en menant une lutte implacable contre les organisations terroristes, fortement actives dans la région du Tillabéri, frontalière au nord avec le Mali et à l’ouest avec le Burkina Faso, le Niger est considéré comme un facteur de stabilité régionale. S’il plonge dans une crise politique majeure à cause de ce coup d’Etat vivement condamné par la communauté internationale, cela risque d’avoir des conséquences sur son engagement dans la lutte contre le terrorisme.