Le rôle méconnu des excréments de baleine dans la préservation des océans

09/11/2024 mis à jour: 06:18
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Fasciné par les défécations de baleines, le biologiste américain Joe Roman explique en quoi elles sont si importantes pour la compréhension et la protection des écosystèmes marins. «J’ai découvert pour la première fois des excréments de baleine il y a trente ans». 

De cette rencontre est née une véritable passion pour les défécations chez Joe Roman, biologiste de la conservation à l’Université du Vermont (USA), et auteur des livres Eat, Poop, Die : How Animals Make our World et Whale. Dans un article de The Guardian, le scientifique décrit l’origine de cette drôle de vocation et en quoi l’étude des déjections de baleine est indispensable pour notre compréhension des océans. Deux années après avoir vu des excréments de baleine pour la première fois, à l’est du Canada, Joe Roman a suivi ses premiers cours d’écologie marine. Depuis, il parcourt le monde de l’Alaska au Mexique, en passant par l’Islande ou Hawaï, à la recherche de cette étonnante matière fécale.
 

Une niche d’informations 

Surprenante, elle l’est. Et c’est très probablement ce qui a fasciné cet explorateur d’un nouveau genre. «Les panaches fécaux des baleines peuvent être vert fluo ou rouge vif. Parfois, ils scintillent d’écailles argentées, comme le soleil qui scintille sur l’eau. Chaque défécation de baleine est unique», explique Joe Roman. Et chacune d’elle est riche d’informations nouvelles. En effet, les excréments de baleines livrent des éléments à la fois sur le régime alimentaire des cétacés, mais également sur leur reproduction, leurs hormones, leur lignée génétique, leur microbiome intestinal ou encore leur niveau de stress. Plus étonnant encore, cette matière fécale fournit des renseignements sur le niveau de pollution des océans : présence de mercure, de microplastiques, de parasites, etc. Grâce à cette passion singulière Joe Roman a découvert ce qu’il considère comme «l’un des processus les plus importants de l’océan, en particulier en ce qui concerne la séquestration du carbone : la pompe biologique».
 

La «pompe à baleine»

En effet, le phytoplancton pousse à la surface de l’océan. «Des animaux comme le krill et les copépodes s’en nourrissent et sont mangés par les poissons et même les baleines». Ses nutriments sont rejetés au fond de l’océan et le carbone est ainsi éliminé dans les profondeurs marines. C’est ce qu’on appelle «la pompe biologique». A contrario, certains animaux comme les baleines franches «se nourrissent souvent en profondeur et font leurs besoins à la surface», nous apprend le biologiste. De ce fait, les nutriments remontent à la surface et sont absorbés par les algues avant de traverser la chaîne alimentaire des océans. C’est ce que Joe Roman appelle la «pompe à baleine». «Si nous pouvons restaurer les baleines et les voies de nutriments qui existaient historiquement à travers leurs excréments, cela pourrait contribuer à soutenir une plus grande biodiversité dans l’océan», soutient-il.

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