En mars 1970, à la demande du Club de Rome basé en Suisse, un groupe de réflexion, on dit think tanks aujourd’hui, réunissant des scientifiques, des économistes et des industriels de 52 pays, trois chercheurs du prestigieux Massachussetts Institut of Technologie (MIT), Donella Meadows, son mari Dennis Meadows et Jorgen Randers, ont préparé un rapport intitulé «Les limites de croissance (dans un monde fini)» mais qui a fini par porter le nom de ses principaux auteurs.
Le but était de s’interroger sur les limites de la croissance économique.
Le rapport est communiqué lors d’un colloque en 1971 avant d’être publié le 1er octobre 1972. L’ouvrage a eu l’effet d’une bombe, il fait un tabac, il devient rapidement un best-seller avant de tomber aux oubliettes. Pour la première fois, des chercheurs alertaient sur les risques d’une croissance économique infinie dans un monde aux ressources limitées. En effet, la réponse des chercheurs est implacable : «Une société qui consomme et produit toujours plus, pollue aussi toujours plus et sera confrontée à la raréfaction des ressources.»
Ces scientifiques ont échafaudé différents scénarios possibles de développement humain. Ils affirmaient toutefois que quels que soient les scénarios envisagés, la croissance infinie se heurtera nécessairement à des pénuries de matières premières. En 1972, ils estimaient que le monde dispose de 50 ou 100 ans avant d’être confronté à un manque de ressources non renouvelables, à commencer par le pétrole, le gaz, les minerais ou même l’eau. Ils conseillaient aux dirigeants de réguler la croissance s’ils ne veulent pas assister à une multiplication des crises, des famines et même des guerres.
Cette prévision s’avère globalement juste estiment-on aujourd’hui. La croissance économique des pays développés est au mieux anémique et celle des pays en voie de développement ont un coût écologique et social très lourd. Aujourd’hui, peu d’économistes contestent le fait qu’une croissance infinie est une chimère et que de très nombreuses limites de la planète ont été franchies.
Le rapport Meadows préconise, pour mettre fin à la croissance et préserver le système mondial d’un effondrement, de stabiliser à la fois l’activité économique et la croissance démographique. Les auteurs prônent la limitation de deux enfants par couple et sur le plan économique, taxer l’industrie, pour inhiber la croissance et réorienter les ressources vers l’agriculture et la lutte contre la pollution.
Pour être acceptée, cette économie sans croissance doit répartir les richesses en priorité pour assurer les besoins humains principaux. Selon les auteurs du rapport révolutionnaire, plus la prise de décision sera tardive, plus elle deviendra difficile à mettre en place.
Un demi-siècle après, l’ouvrage est devenu une référence, amélioré à différentes reprises 1992, 2004 et 2012, il est réédité cette année dans une version augmentée.