Le rapport de la banque mondiale sur l’économie algérienne : Des perspectives positives pour 2023

10/01/2023 mis à jour: 03:26
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Alors que le constat, selon le Fonds monétaire international FMI,  pour 2023 est que l’activité économique mondiale connaît un ralentissement avec une inflation qui atteint des niveaux jamais vus depuis plusieurs décennies, que  la crise du coût de la vie, le durcissement des conditions financières dans la plupart des régions, le conflit  Russie/Ukraine via l’Occident et les effets persistants de la pandémie de Covid-19 sont autant de facteurs qui pèseront lourdement sur les perspectives  2023 de l’économie mondiale, le rapport de la Banque mondiale, appelant à accélérer les   réformes institutionnelles et micro économiques dresse un état positif pour l’économie algérienne.

1.-  La Banque mondiale note que la promulgation en 2022 de la nouvelle loi sur l’investissement et la publication de ses textes d’application; la suppression en 2020 de la règle 51/49 pour les secteurs non-stratégiques et la publication de la nouvelle loi sur les hydrocarbures en 2019 sont des actions positives mais devant s’attaquer  à l’ écosystème dont la bureaucratie paralysante avec une  meilleure visibilité dans la politique socio-économique. Mais si l’amélioration à priori durable des équilibres extérieurs contribue à la résilience de l’économie, la hausse marquée des dépenses publiques en 2022 renforce la sensibilité des équilibres budgétaires et de la trajectoire de la dette publique aux prix des hydrocarbures, et renforce également l’importance d’une conduite budgétaire prudente, d’une mobilisation accrue des recettes fiscales et du renforcement de l’efficacité et de l’équité de la dépense publique. Pour ce rapport, la  reprise économique devrait se poursuivre en 2023, soutenue par le secteur hors-hydrocarbures et par la croissance des dépenses publiques. L’institution financière internationale prévoit que «le PIB réel croîtrait de 2,3% en 2023, emmené par sa composante hors hydrocarbures (+3,1%) et des hydrocarbures (+0,5%) et «la croissance du PIB se modérerait à 1,8% en 2024». Le PIB devrait s’établir à 197,9 milliards de dollars en 2023 et 193,2 milliards de dollars en 2024. Le PIB par habitant devrait baisser en 2023 et 2024.. En valeur, selon les projections de la BM, le PIB par habitant devrait s’établir à 4270 dollars en 2023 et 4094 dollars en 2024, contre 4427 dollars en 2022. En 2023, selon les prévisions de la Banque mondiale, «la balance des comptes courants demeurerait excédentaire (+1,2% du PIB), grâce au maintien du prix des hydrocarbures à un niveau élevé». «Les exportations d’hydrocarbures diminueraient pour atteindre 22,5% du PIB sous l’effet de la baisse modérée des prix et de celle des volumes exportés, dans un contexte de reprise de la consommation intérieure. Le rapport de la BM prévoit que «la croissance des réserves de change se poursuivrait en 2023 pour culminer à 13,5 mois d’importations de biens et services à la fin-2023, avant de s’infléchir en 2024. Dans le scénario de base, le secteur public et le secteur de l’énergie devraient tirer la croissance des investissements, tandis que la croissance de la consommation devrait être plus modeste, dans un contexte de reprise progressive du marché du travail et d’effet de l’inflation élevée sur le revenu réel des consommateurs, en partie compensée par les mesures de soutien au pouvoir d’achat.

2.-Sous l’angle sectoriel, la production pétrolière devrait se stabiliser à son niveau pré-pandémie, atteint à l’été 2022 et la production gazière demeurerait stable, prolongeant sa bonne performance de 2022. La production algérienne de pétrole s’établira à 1,031 million de barils/jour en 2023 et 1,022 million de barils/jour en 2024. Celle du gaz atteindra 102,8 milliards de m3 en 2023 et 103 milliards en 2024. En hausse par rapport à l’année 2022 où elle était de 1,016 million de barils/jour pour le pétrole et 102,7 milliards de mètres cubes pour le gaz. Pour 2022, malgré une forte croissance des dépenses courantes et une reprise marquée de l’investissement public, la forte dynamique des recettes issues des exportations d’hydrocarbures génère une forte hausse des recettes en 2022, qui excéderait celle des dépenses et le déficit budgétaire global se résorberait modérément (5,7% du PIB). Mais dans un contexte global incertain, l’amélioration de la résilience et la viabilité des soldes extérieurs et budgétaires reste tributaire de la forte volatilité des prix mondiaux du pétrole, dans un contexte d’incertitude quant à la dynamique de l’économie mondiale. Des prix plus élevés ou plus bas qu’anticipés pourraient avoir un impact marqué sur les soldes extérieurs et budgétaires, la marge de manœuvre fiscale, les besoins de financement et la trajectoire des réserves de change», explique la même source. Les efforts de l’Europe pour diversifier son approvisionnement énergétique pourraient soutenir les investissements dans le secteur des hydrocarbures en Algérie, les recettes de l’Etat et la croissance à moyen terme.

3.- Il est attendu que les initiatives globales de lutte contre les changements climatiques décourageront à l’avenir l’investissement dans les industries fossiles. En 2023 et 2024, la baisse de la valeur des exportations d’hydrocarbures diminuerait les recettes, ce qui ne serait qu’en partie compensé par la croissance des recettes fiscales, les dépenses courantes et d’investissement augmenteraient modérément, et le déficit croîtrait, financé par l’augmentation de la dette publique domestique. La dette publique avoisinerait ainsi 68% du PIB à la fin de 2024. Le déficit budgétaire global devrait quant à lui s’améliorer en 2022 puis se creuser à moyen terme, dans un contexte de baisse des recettes d’hydrocarbures et de rigidité des nouvelles dépenses. L’inflation  se résorberait partiellement, notamment par l’appréciation du dinar par rapport à l’euro et au dollar. Dans le scénario de base l’inflation ralentit, en partie grâce à la modération relative des prix à l’importation, à l’effet différé de l’appréciation du dinar vis-à-vis l’euro, et aux politiques de renforcement des mécanismes de subvention aux produits alimentaires. L’inflation (moyenne annuelle) devrait s’établir à 7,8% en 2023 et 6,4% en 2024, contre 9,3 en 2022.

En conclusion selon la Banque mondiale   les efforts supplémentaires pour soutenir l’investissement, une moindre pression sur le secteur bancaire domestique pour financer les déficits budgétaires permettrait à ce dernier d’allouer ses ressources au financement de la reprise et de la diversification, tout en modérant les risques inflationnistes. Une hausse importante des dépenses publiques peut partiellement compenser certains ménages pour le niveau d’inflation, mais présentant des risques à terme. Car,  la capacité de l’Etat à soutenir la croissance est  limitée et appelée à diminuer, le secteur privé hors-hydrocarbures devant devenir le moteur de la croissance algérienne et de la diversification de l’économie. La promotion d’une croissance durable hors hydrocarbures et la création d’emplois dépendent d’une mise en œuvre soutenue et du succès du programme de réformes structurelles du gouvernement, qui doit permettre une plus grande ouverture au secteur privé. L’amélioration de la compétitivité de l’économie, de la productivité des entreprises et le renforcement de l’investissement dans le capital humain n’en sont que plus essentiels à l’essor et la résilience de l’économie algérienne.  A.  M. 


 

 

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