Le programme quinquennal 2025-2030 dédié au secteur de l’agriculture est en préparation. Le programme qui met l’accent sur le défi de la sécurité alimentaire va même au-delà de cette période et prend en considération le contexte géopolitique à l’échelle mondiale.
«Ce contexte nous interpelle et nous impose de renforcer les efforts en vue d’assurer cette sécurité en prenant en considération tous les facteurs.» C’est ce qu’a indiqué hier le ministre de l’Agriculture et du Développement rural, Mohamed Abdelhafid Henni, à l’ouverture de la réunion d’évaluation du secteur consacrée principalement aux filières stratégiques.
A l’occasion, M. Henni a dressé devant les cadres du secteur le bilan enregistré au cours de ces dernières années à travers les différents axes pris en charge.
Le ministre a en effet dévoilé un bilan détaillé des résultats obtenus faisant valoir la portée des mesures «audacieuses» mises en œuvre conformément aux orientations du chef de l’Etat, Abdelmadjid Tebboune.
Ce qui s’est soldé sur le plan réglementaire par l’adoption de 270 textes de loi relatifs notamment à la promotion de l’investissement, la libération des initiatives l’assainissement du foncier agricole et la protection du patrimoine forestier.
Parlant d’une nouvelle approche dans la gestion du secteur, le ministre a essentiellement insisté sur l’amélioration de la situation en matière de disponibilité des produits alimentaires de base tels les céréales et le lait. Selon M. Henni, le stock stratégique pour des deux produits assujettis dans le passé à des crises cycliques a triplé au cours de ces deux dernières années.
«Ce qui nous a permis d’assurer un approvisionnement régulier sur le marché en mettant fin aux perturbations grâce à la révision du mode de distribution du lait subventionné», a souligné le ministre. Et de rappeler qu’en 2019, les stocks stratégiques pour la poudre de lait et des céréales ne suffisaient que pour un mois. «Ce qui n’est pas le cas aujourd’hui avec des réserves pour le long terme», a-t-il précisé. Selon la même source, l’Algérie a même réussi à économiser l’équivalent de 450 millions de dollars annuellement en produisant localement les semences de céréales. Un résultat qui sera consolidé à la faveur du lancement de la banque des semences en août dernier.
Cette étape sera suivie le 31 décembre prochain par l’inauguration de la banque des gênes d’une capacité de conservation de 80 000 souches. «C’est cela la souveraineté alimentaire», s’est d’ailleurs satisfait le ministre, non sans rappeler le classement de l’Algérie dans différents rapports internationaux en matière de sécurité alimentaire.
En somme, c’est le satisfecit total pour Mohamed Abdelhafid Henni sur toute la ligne. C’est le cas pour ce qui est de la mise en valeur des terres dans le Grand Sud, une mission dédiée à l’Office de développement de l’agriculture en terres sahariennes (ODAS) qui a eu à lancer quatre appels à projets d’investissements agricoles et agro-industriels. Le dernier a eu lieu la semaine dernière avec un nouveau portefeuille foncier destiné à tous les investisseurs intéressés par les cultures stratégiques dans dix wilayas pour un total de 164 000 hectares répartis sur 30 périmètres.
Il s’agit pour l’office de développer les cultures stratégiques au Sud au moment où les régions du Nord font face au stress hydrique. La stratégie du secteur table en effet sur une forte contribution de ces régions dans l’approvisionnement du marché en produits de base.
L’accent est mis dans ce cadre sur le renforcement des capacités de stockage à ce niveau pour augmenter notamment les stocks de céréales à 9 millions de tonnes.
L’Algérie compte 17 millions de têtes ovines
Alors que le troisième Recensement général de l’agriculture (RGA), pour lequel le gouvernement a dégagé une enveloppe financière de 130 milliards de centimes est en phase de lancement après la mise en place la semaine dernière de la commission nationale multisectorielle pour le suivi de l’opération, les résultats du recensement général du cheptel sont connus. Selon le ministre, le cheptel ovin s’élève à 17 millions de têtes, moins de la moitié du chiffre en circulation «et non 36 millions de têtes comme avancé précédemment»,a précisé le ministre annonçant le lancement d’un programme national pour la protection et la multiplication du cheptel, et ce, en sus d’un plan dédié à la filière dattes et d’un autre à l’oléiculture. Pour rappel, le lancement officiel de l’opération de recensement du cheptel, à l’aide de puces électroniques, a eu lieu le 13 novembre 2022 avec comme objectif la création d’une base de données numériques sur cette richesse animale. L’opération s’inscrit dans le cadre de la numérisation de cette filière, à travers la mise en place d’un système national d’identification du cheptel et de lutte contre les maladies infectieuses. Il s’agit aussi d’identifier les cheptels pour faciliter l’opération de sélection dans le cadre de l’amélioration génétique et permettre également aux éleveurs de bénéficier du soutien de l’Etat.