Après un troisième pourvoi en cassation auprès de la Cour suprême, l’affaire Khalifa Bank est revenue dimanche dernier devant le tribunal criminel d’appel de Blida, qui devait statuer également sur le dossier de trois nouveaux accusés, condamnés par contumace à une peine de 20 ans de réclusion dans le cadre du même dossier.
Il s’agit des deux frères Keramane, Abdelwahab, ancien gouverneur de la Banque d’Algérie, et Abdenour, ancien ministre de l’Industrie et des Mines, et sa fille Yasmine, représentante de Khalifa Airways à Milan, en Italie, qui avaient décidé de rentrer au pays et de vider les mandats d’arrêt internationaux dont ils faisaient l’objet et d’être jugés le 28 avril dernier par le tribunal criminel de première instance et d’obtenir l’acquittement.
Le représentant du ministère public a fait appel contre cette décision et l’affaire a été programmée pour dimanche dernier devant la même composante de la chambre criminelle près la cour de Blida, qui devait examiner le dossier Khalifa Bank, revenu de la Cour suprême pour la troisième fois.
Étant donné qu’il s’agit des mêmes faits, la présidente du tribunal a procédé à la jonction des deux dossiers (Khalifa Bank, et celui des trois membres de la famille Keramane, Abdelwahab, Abdenour et Yasmine).
En tout, onze accusés, dont Abdemoumène Khalifa (jugé à distance par visioconférence à partir de la prison de Chlef) ont comparu dimanche dernier pour «constitution d’une association de malfaiteurs», «vol qualifié», «escroquerie», «abus de confiance», «faux en écritures de banque», «corruption», «trafic d’influence», «faux en écritures publiques».
Le liquidateur n’a pas été convoqué
Parmi eux, l’ancien directeur de l’agence Banque de développement locale (BDL) de Staoueli, Mourad Issir Iddir, les deux frères Chachoua, Badreddine et Abdelhafid, Mahrez Aït Belkacem, ancien DG de la Caisse nationale d’assurance chômage (CNAN), Ali Aoun, ancien directeur de Saidal, Meziane Ighil, ancien président d’un club de football et Messaoud Sedrati, qui, à en croire de nombreux avocats constitués, ont tous nié les faits. Nos interlocuteurs sont revenus sur les déclarations des frères Keramane, qui ont rejeté catégoriquement les faits qui leur sont reprochés.
L’ancien gouverneur de la Banque d’Algérie, affirme-t-on, a réfuté les griefs retenus contre eux, en affirmant que le contrôle des activités bancaires relève des prérogatives de la Commission bancaire de la Banque d’Algérie, et non pas de celles qui lui incombent, alors que son frère, Abdenour, poursuivi pour un virement de Khalifa Bank, d’un montant de 22 000 euros, s’est défendu en présentant des preuves sur le fait que cet argent n’avait rien d’illégal. Il en est de même pour Yasmine Keramane, qui était chargée d’ouvrir une représentation de Khalifa Airways à Milan, en Italie et que c’est à ce titre qu’elle a reçu la somme de 228 000 euros, utilisée pour le démarrage et le fonctionnement des bureaux de la compagnie aérienne privée.
Lors de son réquisitoire en milieu de l’après-midi de lundi dernier, le procureur général a requis 20 ans de réclusion contre Abdelmoumène Khalifa et 12 ans de réclusion contre le reste des accusés.
Après 12 heures de plaidoiries de la défense, et une longue mise en délibéré, le tribunal a rendu son verdict dans la matinée du mardi vers 1h30. Il a confirmé la condamnation à 18 ans de réclusion criminelle contre Abdelmoumène Khalifa, et celle infligée aux frères Chachoua.
Ces derniers ont néanmoins bénéficié de la levée de saisie sur leurs biens, une villa et un appartement, alors que plusieurs accusés, dont Keramane Abdelwahab, Keramane Abdenour et Keramane Yasmine, ainsi que Ali Aoun, Meziane Ighil, Mahrez Aït Belkacem et Messaoud Sedrati, ont été blanchis des faits qui leur sont reprochés, après avoir bénéficié d’un acquittement.
Pour la première fois, le liquidateur de Khalifa Bank, représenté par Moncef Badsi, n’a pas été convoqué comme témoin au procès.