Le périlleux trafic de gaz par ballons explose (littéralement) au Pakistan

29/01/2023 mis à jour: 08:36
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Dans le district de Karak, situé au nord-ouest du Pakistan, on peut apercevoir en ce mois de janvier de jeunes hommes déplaçant d’énormes ballons blancs. Ils ne sont pas en route vers une fête foraine, mais transportent du méthane siphonné illégalement sur le réseau de gaz, qu’ils transportent dans des sacs plastiques afin de pouvoir cuisiner et se chauffer chez eux. Il faut dire que malgré les importantes ressources pétro-gazières de la région, la majorité de ses habitants ne dispose pas d’un accès au gaz.

Cette méthode d’approvisionnement dite du «gaz en sac» («bag gas») présente un risque élevé d’explosion qui fait des porteurs de véritables «bombes ambulantes», selon le journaliste pakistanais Ghulam Abbas Shah.

Depuis le déclenchement de la guerre en Ukraine et les inondations dévastatrices de l’été dernier, le Pakistan, qui a misé depuis des années sur l’importation de gaz naturel liquéfié (GNL) principalement qatari, peine à se fournir en méthane. Notamment parce que des cargaisons de GNL qui lui étaient destinées ont été détournées vers d’autres destinations, telles que l’Union européenne.

En quête d’alternatives au gaz russe, celle-ci a littéralement «plongé dans le noir» Pakistan et Bangladesh. Pire: en octobre, aucun fournisseur n’a candidaté à l’appel d’offres passé par Islamabad pour fournir le pays en GNL sur la période 2023-2029. Enfin, d’ici à 2030, le coût des importations de GNL du Pakistan pourrait dépasser les 32 milliards de dollars, contre 2,6 milliards en 2021. Tous ces problèmes ont engendré une pénurie et une flambée des prix. La demande intérieure en gaz se situe autour de 2,5 milliards de mètres cubes/jour, alors que l’offre plafonne désormais à 1,7 milliard de mètres cubes/jour. Pour cette raison, les autorités pakistanaises ont autorisé les principaux fournisseurs à augmenter leurs prix d’environ 75% –une catastrophe pour les foyers les plus pauvres. Ainsi, si les autorités s’efforcent de réprimer le trafic de «gaz en sac», le phénomène n’est pas près de s’arrêter.

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