Le pays connaît une crise socio-économique difficile : Le FMI au secours de la Tunisie

01/03/2022 mis à jour: 04:10
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La contribution du FMI est sujette à l’obtention d’un plan de redressement

La crise économique et financière traversée par la Tunisie durant l’année 2021 ne l’a pas empêché d’honorer ses engagements vis-à-vis de ses créanciers, sans l’apport du FMI. Néanmoins, la situation reste difficile ; un véritable redressement de l’économie du pays nécessite l’apport des bailleurs de fonds étrangers, dont la contribution est sujette à l’obtention d’un plan de redressement en accord avec le FMI. 

Les négociations entre la Tunisie et le FMI ont débuté début 2021 ; elles ont été toutefois interrompues à cause, d’abord, des tergiversations sur l’aval de l’UGTT, avant que ne surviennent les développements politiques en Tunisie de juillet dernier. L’installation du gouvernement de Najla Bouden a permis la réouverture des négociations et les voilà avancées à un point tel que l’on parle d’un prochain accord. 

En effet, une mission du FMI entamera aujourd’hui un nouveau round de négociations en Tunisie, pour tenter d’aider le pays à retrouver son équilibre financier et socioéconomique. Les perspectives s’annoncent positives après une mission à distance opérée durant la dernière quinzaine de jours. Il y a accord sur les grandes lignes. L’institution internationale veut toutefois rencontrer les principaux acteurs socioéconomiques, notamment l’UGTT, pour s’assurer de leur engagement à réussir les réformes. 
 

Tout le monde sait que les deux principaux différends portent sur les charges administratives de l’Etat, d’une part, et la compensation des denrées de base, d’autre part. Par charges administratives, il faut comprendre les salaires des employés de l’Etat, qui avoisinent les 18% du PIB, ainsi que le soutien apporté aux entreprises publiques, toutes déficitaires. 

Le budget de l’Etat n’a, sans cesse, renfloué leurs caisses depuis 2011, sans que leurs équilibres financiers ne soient atteints. Par ailleurs, la question de la compensation des produits de base, notamment les denrées alimentaires (farine, semoule, pâtes) et les carburants. Le FMI veut que cette compensation soit dirigée exclusivement aux populations nécessiteuses, à travers des moyens plus sélectifs. Face aux répercussions de pareilles mesures sur le pouvoir d’achat de segments multiples de la population, l’accord de la centrale syndicale, l’UGTT, est donc exigé par le FMI, avant d’entamer ces réformes.
 

Où en est-on ? 
 

Le round des négociations du printemps 2021, entre la Tunisie et le FMI, a permis de déceler les positions de chacun des intervenants. Ainsi, le FMI a exigé l’aval de l’UGTT et de l’Utica aux propositions contenues dans le plan de redressement économique, pour qu’on ne justifie pas un éventuel échec par les réticences de ces organisations. L’UGTT a voulu voir les détails des accords à passer avec le FMI, pas uniquement les termes généraux. Quant au gouvernement Mechichi, il a essayé de dépasser les obstacles en usant de termes flous, comme l’avaient fait les précédents gouvernements. 

Les actuels objectifs faisaient déjà partie de l’accord précédent passé en 2016 entre le FMI et le gouvernement Chahed ; le dossier de la compensation et celui de l’équilibre du secteur public n’ont jamais été rationnellement examinés entre le gouvernement et l’UGTT, pour pouvoir aspirer à des solutions. Le FMI a donc voulu anticiper. 

Dans la réalité, la question est très complexe. L’obtention de réponses convaincantes aux problématiques de la compensation et de l’équilibre des établissements publics inquiète tous les experts et les observateurs. D’une part, le taux de chômage s’approche de la barre inquiétante des 20% ; il dépasse les 25% chez les diplômés. 

Le redressement de l’administration et des entreprises publiques signifie l’arrêt des recrutements, soit l’approfondissement du chômage, faute d’alternatives sérieuses pour l’emploi. D’autre part, la hausse des prix inquiète déjà tous les Tunisiens, sans la levée de la compensation. Le taux d’inflation a dépassé les 7% durant les trois derniers mois. La levée de la compensation, aussi évolutive soit-elle, ne saurait qu’avoir un impact considérable sur l’inflation. 

La population concernée par les aides compensatrices se limite aux plus démunis, ceux qui n’ont pas de revenus stables. L’UGTT se trouve face à un dilemme. Ses experts comprennent parfaitement les soucis du FMI et du gouvernement concernant le secteur public et la compensation. La centrale syndicale ne veut toutefois pas que ses adhérents soient les seuls à subir l’impact de ces réformes, étant des employés aux bas salaires, qui ne bénéficieront pas des compensations promises. 

Il est donc demandé aux experts de l’UGTT et du gouvernement de trouver les moyens adéquats pour ne pas porter atteinte au pouvoir d’achat de ces catégories sociales. Une équation difficile à résoudre. Attendons pour voir.
 

Tunis
De notre correspondant  Mourad Sellami

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