Le «Paracétamol Challenge» : Le nouveau «jeu» dangereux des réseaux sociaux

15/04/2025 mis à jour: 04:12
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Le «Paracétamol challenge» fait parler de lui ces derniers jours sur la toile

Le «Paracetamol Challenge» est le nouveau défi «tendance» mais ô combien dangereux auquel s’adonnent des adolescents sur les réseaux sociaux. La règle est «simple» : ingérer une très grande dose de cette molécule et comparer leur durée d’hospitalisation. Et face à la propagation inquiétante de ce «challenge», les professionnels de la santé tirent la sonnette d’alarme. 

En effet, de nombreux médecins ont tenu à mettre en garde parents et enfants. Via des vidéos publiées sur les réseaux sociaux, tous ont véhiculé le même message de prévention : un surdosage en paracétamol, un médicament disponible sans ordonnance, peut causer de graves lésions au foie, irréversibles dans certains cas, et peut même entraîner la mort. Si de manière générale, les surdosages n’entraînent pas de signes immédiats, les symptômes, eux, se manifestent en 4 stades cliniques de l’intoxication aiguë au paracétamol. 

«Ces stades sont caractérisés par une progression des symptômes, allant de l’absence de signes cliniques immédiats à une insuffisance hépatique potentiellement mortelle», explique le Dr Yacine Iddir. Il y a d’abord le premier stade. Il survient au bout de plusieurs heures. Lors de ce dernier, les personnes peuvent vomir mais ne semblent pas malades. 

De nombreuses personnes sont asymptomatiques à ce stade. Arrive ensuite le stade 2 qui survient 24 à 72 heures après. Dès lors, la personne souffre de nausées et de vomissements, et des douleurs abdominales peuvent même apparaître. «A ce stade, les analyses de sang montrent que le foie fonctionne anormalement».

 Arrivé au stade 3, soit 3 à 4 jours après le surdosage, les vomissements s’aggravent. «Les examens biologiques montrent que le foie fonctionne peu, et une jaunisse (jaunissement des yeux et de la peau) et une hémorragie apparaissent», poursuit le médecin. Il arrive parfois que les reins ne fonctionnent plus, et le pancréas devient enflammé engendrant une pancréatite. Au stade 4, soit 5 jours après le surdosage, l’état des personnes peut se rétablir, ou une insuffisance du foie et souvent d’autres organes potentiellement mortelle peut se révéler. 

C’est pourquoi, le Dr Yacine Iddir estime crucial de souligner que l’absence de symptômes dans les premières heures suivant un surdosage  peut donner une fausse impression de sécurité, retardant ainsi la prise en charge médicale. «Une intervention rapide, notamment l’administration de l’antidote N-acétylcystéine, est essentielle pour prévenir les dommages hépatiques graves», recommande-t-il.

L’ANPHA réagit

De son côté, l’Association nationale des pharmaciens algériens (Anpha) met en garde contre ce défi qui met la santé des jeunes en péril de manière dramatique. «Un surdosage de paracétamol peut non seulement entraîner une intoxication sévère du foie, une insuffisance hépatique aiguë, mais aussi fait courir un risque de décès en quelques heures seulement», prévient l’Association. 

C’est pourquoi, l’Anpha appelle les parents, les éducateurs, les professionnels de santé, ainsi que les jeunes eux-mêmes à faire preuve de la plus grande vigilance face à cette trend aussi absurde que dangereuse. «Nous insistons également auprès des parents : ne laissez jamais les médicaments, y compris le paracétamol, à la portée des enfants et des adolescents», insiste l’Association. 

La raison : une consommation non surveillée peut avoir des conséquences dramatiques. «Nous interpellons également les professionnels de la pharmacie pour qu’ils redoublent de prudence dans la vente libre du paracétamol, notamment pour les enfants, les adolescents et les jeunes adultes», appelle encore l’Association. Selon elle, en tant que premier point de contact du système de santé, le pharmacien joue un rôle fondamental dans la sensibilisation, la prévention et l’éducation sanitaire. 

Pour sa part, le ministère de l’Éducation nationale a adressé une note à l’ensemble des établissements publics et privés. Dans celle-ci, le ministère ordonne le lancement immédiat de campagnes de sensibilisation à destination des élèves, des parents et du personnel pédagogique. 

L’objectif : «expliquer les dangers liés à la surconsommation de médicaments en dehors de tout cadre médical et casser l’image faussement inoffensive du paracétamol», indique la note. Sofia Ouahib
 

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