Le PAM alerte sur la situation à Ghaza : «Les opérations humanitaires sont sur le point de s’effondrer»

25/05/2024 mis à jour: 04:14
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Plusieurs milliers de Ghazaouis sont contraints de fuir les bombardements - Photo : D. R.

«Moins de 100 camions sont entrés dans le sud de la bande de Ghaza depuis le 6 mai», a alerté hier le Programme alimentaire mondial (PAM), soit depuis le début de l’opération militaire israélienne au sud du territoire assiégé. C’est la quantité la plus faible de produits alimentaires entrés à Ghaza depuis décembre, «ce qui rend le risque de famine bien réel», s’alarme l’agence alimentaire onusienne. «Il n’y a pratiquement pas de nourriture, pas de carburant et aucune aide n’est acheminée», martèle le PAM en affirmant n’être plus en mesure d’accéder à son principal entrepôt à Rafah en raison de l’offensive en cours.

Alors que l’étau se resserre sur Rafah, quelque 900 000 Palestiniens ont été contraints de fuir la ville frontalière avec l’Egypte, tout au sud de la bande de Ghaza, depuis le 6 mai, a indiqué hier l’Agence américaine pour le développement international (Usaid).

«Environ 900 000 personnes ont été déplacées de force de la ville de Rafah, dans le sud de la bande de Ghaza, à la suite de l’opération militaire israélienne en cours», a déclaré l’agence américaine dans un communiqué publié hier. Pour rappel, le 6 mai, l’occupant sioniste a émis un ordre d’évacuation à l’attention de la population de Rafah, l’obligeant à aller se réfugier dans une zone prétendument sûre à Al Mawassi, près de Khan Younès.

Le 7 mai, l’armée israélienne a pris le contrôle du point de passage de Rafah et l’a fermé aussitôt. Deux jours avant, les forces d’occupation avaient fermé le poste commercial de Karam Abou Salem après une attaque des Brigades Al Qassam.

Ces décisions de fermeture des principaux points d’accès vers la bande de Ghaza ont eu pour conséquence immédiate d’aggraver lourdement le blocus qui étouffe l’enclave palestinienne. «Le point de passage terrestre de Rafah est considéré comme une bouée de sauvetage pour la population palestinienne dans la bande de Ghaza. C’est le seul point de passage terrestre pour l’entrée de l’aide et l’évacuation des blessés», note l’agence d’information palestinienne.

«Des familles vivant parmi les décombres»

Le Programme alimentaire mondial (PAM) a averti que l’assistance humanitaire en faveur des civils palestiniens à Ghaza est proche de l’effondrement. «Les opérations humanitaires à Ghaza sont sur le point de s’effondrer, et si la nourriture et les autres fournitures ne reprennent pas en quantités massives, des conditions proches de la famine se répandront», a déclaré Abeer Etefa, porte-parole du bureau du PAM au Moyen-Orient, dans un message posté hier sur le réseau social X.

Le PAM estime que la poursuite de la guerre sur Ghaza et l’asphyxie de l’enclave après la condamnation de ces postes-frontières «vont précipiter une catastrophe humanitaire et une aggravation de la faim». «Moins de 100 camions sont entrés dans le sud de la bande de Ghaza depuis le 6 mai», précise le PAM, soit depuis le début de l’opération militaire au sud du territoire encerclé.

C’est la quantité la plus faible de produits alimentaires entrés à Ghaza depuis décembre, «ce qui rend le risque de famine bien réel», s’alarme l’agence alimentaire onusienne. «Il n’y a pratiquement pas de nourriture, pas de carburant et aucune aide n’est acheminée», martèle le PAM en affirmant n’être plus en mesure d’accéder à son principal entrepôt à Rafah en raison de l’offensive en cours. Le PAM a indiqué en outre que sur les 16 boulangeries qu’il gère à Ghaza, «seules dix fonctionnent en raison du manque de carburant et d’autres produits de première nécessité».

De son côté, l’UNRWA a annoncé que l’invasion militaire israélienne a obligé les trois quarts de la population de Ghaza à se déplacer de force, souvent jusqu’à 4 ou 5 fois. «Pour des milliers de familles palestiniennes, il n’y a plus d’endroit où aller : les opérations militaires et les bombardements constituent une menace permanente, les bâtiments sont réduits à l’état de ruines.

Aucun endroit n’est sûr à Ghaza», affirme l’UNRWA.  Les personnes déplacées suite à l’ordre militaire d’évacuation émis par l’armée sioniste le 6 mai dernier sont «des familles vivant parmi les décombres dans des écoles endommagées, manquant de tentes, de services essentiels et de fournitures vitales», déplore l’UNRWA. Philippe Lazzarini a soutenu, par ailleurs, dans une déclaration à l’AFP, que les autorités israéliennes donnent la priorité au secteur commercial privé au niveau du point de passage des marchandises de Karam Abou Salem. «Les camions du secteur privé sont inspectés avant tous les autres camions», a-t-il précisé.

Le chef de l’UNRWA fera remarquer dans la foulée que de nombreux habitants du territoire palestinien martyrisé sont dépourvus de toute ressource financière après plus de sept mois d’une guerre d’une extrême brutalité et ne peuvent se permettre d’acheter des produits avec les prix inflationnistes induits par la guerre. «Nous avons besoin d’une combinaison d’aide humanitaire et de marché à Ghaza», a-t-il préconisé.

Le chef de la CIA veut relancer les négociations

L’UNRWA a été obligée de suspendre les distributions de nourriture dans le Sud, y compris à Rafah, a déclaré l’agence onusienne pour les réfugiés palestiniens. 143 camions d’aide uniquement, gérés par l’UNRWA, sont entrés dans le sud de la bande de Ghaza depuis le 6 mai.

Un chiffre largement inférieur au pic de 340 camions entrés dans le Sud et enregistré le 3 mai, relève l’agence onusienne. «Nous devons reconstituer nos stocks pour pouvoir reprendre les distributions dans le Sud», explique Philippe Lazzarini. «Une offensive est en cours, de nombreuses zones ont dû être évacuées, et se déplacer dans ce type d’environnement est extraordinairement difficile», a-t-il argumenté.

Alors que les négociations sont au point mort et que les contacts semblaient totalement rompus, le chef de la CIA, William Burns, devrait se rendre à Paris «pour tenter de relancer les pourparlers avec Israël sur une trêve à Ghaza», rapporte l’AFP en citant une source proche du dossier. L’Etat hébreu a donné jeudi son accord pour un nouveau round des négociations.

Selon le site d’information américain Axios (axios.com), «le directeur de la CIA, William Burns, devrait se rendre en Europe dans les prochains jours pour une réunion avec le chef du Mossad et le Premier ministre du Qatar, dans le but de relancer les négociations pour libérer les otages détenus à Ghaza et établir un cessez-le-feu dans l’enclave, selon des responsables américains et israéliens».

Parallèlement à ces tractations, le président français, Emmanuel Macron, s’est entretenu hier avec le Premier ministre et chef de la diplomatie du Qatar Mohammed Ben Abdelrahmane Al Thani, le ministre saoudien des Affaires étrangères Fayçal Ben Farhane, le chef de la diplomatie égyptienne Sameh Choukry et le ministre des AE de la Jordanie Ayman Safadi. Le but de ces entretiens est de «faire un point sur la situation au Proche-Orient», a indiqué hier la présidence française.

«Cette visite s’inscrit dans le cadre de la volonté de coopérer avec les ministres arabes pour faire pression en faveur d’un cessez-le-feu dans la bande de Ghaza», a souligné le porte-parole du ministère égyptien des Affaires étrangères Ahmad Abou Zeid, cité par l’AFP.

«Il s’agit également de discuter des moyens de mettre fin à la crise humanitaire et d’assurer l’acheminement de l’aide dans le territoire palestinien», a-t-il ajouté. Les discussions porteront par ailleurs, selon le diplomate égyptien, sur «les efforts internationaux et régionaux visant à mettre fin à cette crise et soutenir l’application de la solution à deux Etats».

 

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