Islamabad va demander au chef suprême des talibans afghans d'intercéder auprès des militants talibans du Pakistan après l'attentat de la mosquée qui a tué 84 personnes lundi à Peshawar, ont indiqué des responsables samedi.
Depuis que les talibans sont revenus au pouvoir à Kaboul, le Pakistan connait une nette hausse des attentats dans les régions frontalières avec l'Afghanistan, où les militants profitent du terrain accidenté pour échapper à la détection.
La police a attribué l'attaque de lundi à Jamaat-ul-Ahrar, une faction plus radicale, tantôt affiliée tantôt dissidente, des talibans pakistanais du Tehreek-e-Taliban Pakistan (TTP), qui lui-même a nié toute implication.
Les talibans pakistanais partagent une histoire et des objectifs communs avec les talibans afghans, dirigés par Hibatullah Akhundzada, qui gère le pays par décret depuis Kandahar (Sud), berceau du mouvement islamiste fondamentaliste.
Faisal Karim Kundi, conseiller spécial du Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif, a indiqué samedi que des délégations seraient envoyées à Téhéran et à Kaboul pour «leur demander de s'assurer que leur sol n'est pas utilisé par des terroristes contre le Pakistan».
Un responsable de la police pakistanaise de la région de Khyber Pakhtunkhwa, où a lieu l'attentat de lundi, a précisé que la délégation de Kaboul s'entretiendrait «avec des personnes très haut placées». «Quand on dit très haut placé, on parle...du chef afghan Hibatullah Akhundzada,» a-t-il poursuivi sous le couvert de l'anonymat.
Mercredi, le ministre afghan des Affaires étrangères, Amir Khan Muttaqi, a prévenu que le Pakistan ne devait pas «rejeter la faute sur les autres».
Pendant les 20 ans de l'intervention américaine en Afghanistan, Islamabad a été accusée de soutenir secrètement les talibans afghans, malgré leur alliance militaire avec les Etats-Unis. Mais depuis le retour des talibans au pouvoir à Kaboul en 2021, les relations se sont dégradées, notamment à cause de la résurgence du TTP.
Le TTP, groupe créé en 2007 par des jihadistes pakistanais alliés à Al-Qaïda a tué en moins d'une décennie des dizaines de milliers de civils pakistanais et membres des forces de sécurité. Il avait été chassé des zones tribales par une opération militaire lancée en 2014.
Parmi les groupes extrêmistes étrangers en Afghanistan, c'est le TTP, connu notamment pour avoir attaqué Malala Yousafzai, qui «a vraisemblablement bénéficié le plus du retour des talibans au pouvoir», selon un rapport du conseil de sécurité de l'ONU en mai 2022.