Commentant les plans de Netanyahu et notamment son obsession à vouloir maintenir ses troupes au couloir de Philadelphie, Blinken a tenu à préciser que depuis le début des négociations, «il a été dit très clairement que les Etats-Unis n’acceptent pas une occupation à long terme de Ghaza par Israël». Exaspéré par l’entêtement belliqueux du Premier ministre israélien, un haut fonctionnaire américain qui accompagnait Blinken ne cache pas son agacement. «De telles déclarations maximalistes ne sont pas constructives» dans l’optique de la conclusion d’une trêve, a-t-il déploré.
Le secrétaire d’Etat américain, Antony Blinken, est reparti bredouille au terme de sa neuvième tournée au Moyen-Orient qu’il a achevée hier. Dépêché avec la ferme volonté de revenir avec un accord de cessez-le-feu à Ghaza approuvé par les deux parties, Blinken a pris la mesure du fossé abyssal qui sépare les positions palestinienne et israélienne.
Tandis que le Hamas milite pour un cessez-le-feu permanent, un retrait complet des forces d’occupation israéliennes de l’enclave assiégée et le retour de tous les déplacés, y compris au nord de Ghaza, la partie adverse n’est préoccupée en gros que par la libération des otages.
C’est le plan Netanyahu. Son seul souci, en effet, est de faire libérer les otages et «le maximum d’otages», a-t-il insisté, dès que se profilera l’ombre d’un accord. Mais l’espoir d’une trêve s’éloigne justement en raison de l’acharnement du Premier ministre israélien à poursuivre la guerre jusqu’à «la destruction du Hamas».
En outre, il n’entend nullement céder sur «l’après». Dans son esprit, Ghaza ne redeviendra plus jamais palestinienne. En tout cas, Israël ne veut pas entendre parler d’un retour du Hamas aux commandes au sein de l’enclave.
Et le fait de vouloir imposer à Ghaza une «escorte» militaire en insistant sur le maintien des troupes israéliennes autour de l’axe de Netzarim qui coupe le territoire asphyxié en deux, et au corridor de Philadelphie ainsi qu’au point de passage de Rafah veut tout dire. L’occupant sioniste tient par ailleurs à aménager des zones tampons au nom de la préservation de sa sécurité, et qui vont rogner le territoire de Ghaza.
«Les états-Unis n’accepteront pas une occupation de Ghaza par Israël»
Autre divergence de taille : sur le plan politique, l’Etat hébreu est farouchement opposé à un règlement définitif du conflit. Et alors que le monde entier – y compris les Etats-Unis et l’Union européenne – plaide pour une solution à deux Etats, l’occupant s’obstine à ne pas reconnaître le droit des Palestiniens à l’autodétermination.
Avant de quitter Doha, sa dernière escale, Antony Blinken a lancé un appel aux deux parties, les exhortant à faire preuve d’une «flexibilité maximale». Ses paroles résonnaient comme celles de la dernière chance.
«Le temps est compté», a-t-il averti. «Chaque jour qui passe risque d’apporter plus de malheurs à de braves gens qui ne le méritent pas», a plaidé le secrétaire d’Etat américain devant la presse, rapporte l’AFP. «Il faut que cela se fasse, et cela doit se faire dans les jours qui viennent.
Et nous ferons tout ce qui est possible pour que cela franchisse la ligne d’arrivée», est-il revenu à la charge, laissant une petite fenêtre ouverte à l’espoir alors que tout indique que ce round connaîtra le même sort que les précédents.
Commentant les plans de Netanyahu et notamment son obsession à vouloir maintenir ses forces au couloir de Philadelphie, Blinken a tenu à préciser que depuis le début des négociations, «il a été dit très clairement que les Etats-Unis n’acceptent pas une occupation à long terme de Ghaza par Israël».
Il a souligné au passage qu’Israël avait déjà accepté les «lieux et le calendrier des retraits» de ses troupes. Exaspéré par l’entêtement belliqueux de Netanyahu, un haut fonctionnaire américain qui accompagnait Blinken ne cache pas son agacement. «De telles déclarations maximalistes ne sont pas constructives» dans l’optique de la conclusion d’une trêve, a-t-il glissé, selon des propos relayés par l’AFP.
Et faute d’un accord, les souffrances infligées au peuple palestinien au quotidien à Ghaza ne font que se prolonger. En plus de dix mois de bombardements acharnés, le bilan de la guerre s’élève à 40 223 morts et 92 981 blessés a indiqué hier le ministère de la Santé palestinien. 50 morts et 124 blessés ont été recensés en 24 heures, entre mardi soir et mercredi matin, ajoute la même source.
21 morts à Khan Younès
Au 320e jour de la guerre, de nouvelles victimes des frappes israéliennes ont été enregistrées hier dans divers secteurs de la bande de Ghaza. L’agence Wafa a fait savoir qu’«au moins 25 civils palestiniens sont tombés en martyrs ce mercredi, dans une série de raids israéliens menés par les avions de l’occupation sur les maisons et les écoles des citoyens déplacés au centre et au sud de la bande de Ghaza, selon des sources médicales».
«L’aviation des forces d’occupation a déclenché des frappes sur l’est de Khan Younès, faisant 21 martyrs», affirme Wafa. En outre, quatre Palestiniens ont péri dans un raid contre des zones d’habitation à Rafah d’après la même source. Celle-ci ajoute que des dizaines de personnes ont été blessées suite à des attaques contre des tentes de déplacés au camp d’Al Mawasi, à l’ouest de Rafah.
Au centre de la bande de Ghaza, quatre membres de la famille Abou Rahma ont été tués dans le camp de réfugiés de Nuseirat, suite à une frappe qui a ciblé leur maison, indique l’agence palestinienne. Celle-ci signale, par ailleurs, ce bombardement d’une énième école abritant des déplacés, en l’occurrence l’école Salah Eddine, dans la ville de Ghaza, faisant plusieurs morts.
A noter aussi cette frappe sur le camp de Jabaliya, au nord de la bande de Ghaza, qui a ciblé une maison à Tell Al Zaâtar, faisant un mort et un certain nombre de blessés. L’agence d’information palestinienne a fait part également hier de tirs lancés par l’artillerie israélienne contre plusieurs positions dans les quartiers de Haï Al Zaytoun, Sabra et Tell El Hawa, à Ghaza-ville.
Al Jazeera a rapporté de son côté que 7 personnes dont deux enfants ont été tués hier suite à un bombardement qui a ciblé un camp de déplacés constitué de tentes à Bani Sahila, à l’est de Khan Younès. 5 autres morts et plusieurs blessés ont été déplorés suite à un raid qui a visé une école de l’UNRWA à l’ouest de la ville de Ghaza. Il s’agit probablement de l’école Salah Eddine, évoquée par Wafa.
L’agence palestinienne indique en outre qu’un nouvel ordre d’évacuation a été émis hier par l’armée israélienne. Celui-ci concerne cette fois les habitants de Deir Al Balah, les obligeant à quitter les secteurs est de la ville.
«Des milliers de citoyens ont été contraints de fuir à pied, portant sur leur dos de petits sacs et quelques bagages rudimentaires, essentiellement des couvertures, de la literie et un peu de nourriture», note l’agence palestinienne.
«Les déplacés souffrent d’un manque de moyens de transport en raison de la pénurie de carburant. (…) Les familles déplacées rencontrent de grandes difficultés pour transporter les personnes âgées et les malades», constate Wafa.