Le Népal a été touché par un épisode exceptionnel de mousson estivale : Le gouvernement épinglé pour sa gestion des inondations

02/10/2024 mis à jour: 21:30
AFP
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Les inondations et les glissements de terrain provoqués par les pluies diluviennes au Népal ont fait plus de 200 morts

Anticipation défaillante, secours à la traîne, aide insuffisante... Au Népal, la grogne monte contre le gouvernement après les inondations meurtrières qui ont noyé plusieurs quartiers de Katmandou et de nombreux villages du pays. Mira KC n’a pas pu sauver grand chose de la marée de boue et de débris qui a traversé sa maison du petit village de Roshi, à l’est de la capitale. 

Elle et sa famille n’ont eu la vie sauve qu’en fuyant en catastrophe dans un bon mètre d’eaux en furie. «Nous n’avons pu sauver que nous-mêmes», raconte-t-elle à l’AFP. «Notre maison est restée debout mais tout est endommagé.» Dans les heures qui ont suivi la catastrophe, quelques habitants du village ont été évacués par voie aérienne. Mais depuis, plus rien. L’aide se fait attendre. «Il n’y a plus de route, alors personne n’est venu», rouspète-t-elle. «Et quand bien même ils viendraient, les morts sont morts et le mal est fait. Que pourraient-ils faire d’autre que de nous présenter leurs condoléances ?» Dans la nuit de vendredi à samedi, le Népal a été touché par un épisode exceptionnel de mousson estivale. Katmandou et une bonne partie de l’est et du centre du pays ont été soumises à un déluge de pluie jamais vu depuis vingt ans. Des quartiers entiers de la capitale et de nombreux villages alentours ont été noyés par des rivières en crue ou ensevelis sous des glissements de terrain. Selon le bilan publié hier par la police, 225 personnes ont trouvé la mort et 24 autres étaient toujours portées disparues.

 L’Unicef a précisé que 35 des victimes étaient des enfants. «Nous travaillons sans relâche depuis le désastre et nous utilisons toutes nos ressources», a assuré le porte-parole du ministère, Rishi Ram Tiwari.   L’armée népalaise a fait savoir qu’elle avait évacué plus de 4000 sinistrés par hélicoptère, bateaux ou canots de sauvetage. Et 14 000 sauveteurs ont été mobilisés dans tout le pays. Pourtant, les critiques n’ont pas tardé à émerger sur la gestion de la catastrophe par les autorités. «Les prévisions (météorologiques) avaient anticipé la possibilité d’un tel événement, elles étaient largement correctes», note Arun Bhakta Shrestha, un climatologue du Centre international pour un développement intégré en montagne (Icimod). «Mais il semble (...) qu’on ne les ait pas pris suffisamment au sérieux et que les mesures nécessaires ont été ignorées», ajoute-t-il.    


«Pas assez au sérieux»

De quoi faire gronder Man Kumar Rana Magar, un des sinistrés des bidonvilles de Katmandou détruits par la catastrophe, qui a déploré que les secours aient déjà déserté son quartier. «On est si près du siège du gouvernement. S’ils ne sont même pas capables d’aider les pauvres les plus proches, que vont-ils faire pour les autres», s’indigne ce peintre de 49 ans. Membre de l’ONG Nepal Mahila Ekta Samaj, Bina Buddhacharya confirme que ces quartiers manquent encore cruellement d’eau potable et de nourriture. «Il semble que les habitants des bidonvilles ne soient pas la priorité», regrette-t-il.


Depuis samedi, les réseaux sociaux bruissent des coups de griffes contre la lenteur des secours ou du manque d’équipement des sauveteurs. Ils n’ont pas épargné le Premier ministre Khadga Prasad Sharma Oli, qui participait à l’Assemblée générale de l’ONU à New York lors du désastre et n’est rentré dans son pays que... lundi soir. «A un moment aussi délicat, nous devons tous travailler ensemble de façon réaliste, pas nous critiquer juste pour le plaisir», a-t-il commenté devant la presse. 


Les inondations et glissements de terrains meurtriers sont courants en  Asie du Sud pendant la mousson estivale. Les experts assurent que le changement climatique accroît leur fréquence et leur intensité. Expert en gestion des catastrophes, Man Bahadur Thapa déplore le manque de moyens des autorités. «Nous sommes victimes de catastrophes majeures tous les dix-quinze ans mais nous n’en apprenons rien», constate-t-il, «avec plus de coordination et de ressources, nous aurions pu sauver plus de vies». Au Népal, plus de 300 personnes sont mortes en 2024 dans des catastrophes liées aux pluies.
 

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