Dans une région aux immenses potentialités touristiques, beaucoup de projets restent à réaliser pour combler le déficit en infrastructures d’accueil, tout en préservant les sites menacés par des interventions aberrantes.
En visite, jeudi 10 octobre, dans la wilaya de Guelma, le ministre du Tourisme et de l’Artisanat, Mokhtar Didouche, a insisté auprès des autorités locales pour «un meilleur développement du produit touristique thermal, forestier, environnemental et historique, d’autant que Guelma est incontestablement une région qui regorge de sources thermales et autres spécificités».
Lors d’un point de presse organisé à l’hôtel Mermoura de la ville de Guelma, qu’il venait d’inaugurer, le ministre a ajouté : «Notre présence aujourd’hui à Guelma nous a permis de visiter des stations thermales, dont certains projets d’investissement sont en cours de réalisation pour le secteur privé, notamment un établissement classé 4 étoiles et deux autres en activité.
Mais aussi de revenir ici pour rouvrir ce bel hôtel Mermoura après sa réhabilitation et modernisation, ce qui va agrandir le parc hôtelier de la wilaya». En effet, après la mise en service, il y a quelques mois, de l’hôtel Lala Maouna, situé à la sortie nord de la ville de Guelma, un établissement du secteur privé classé trois étoiles, doté de 99 chambres d’une capacité de 212 lits, le parc hôtelier du chef-lieu de la wilaya offre aux visiteurs, depuis jeudi dernier, le très attendu hôtel Mermoura.
Il s’agit d’un établissement classé 4 étoiles relevant du groupe Hôtellerie, tourisme et thermalisme (HTT) premier opérateur public dans le secteur du tourisme avec ses 17 filiales, dont l’Entreprise de gestion touristique d’Annaba (EGTA) comprenant le Seybouse à Annaba, Mermoura à Guelma, El Mountazah (Seraidi- Annaba), El Mordjane à El Kala (El Tarf) et enfin Hammam Chellala à Hammam Debagh (Guelma).
Ainsi, ce sont 78 chambres de haut standing d’une capacité globale de 146 lits proposés aux vacanciers et personnes de passage à l’hôtel Mermoura de Guelma. Ce dernier, qui a été construit au début des années 1980, et dont l’esquisse a été réalisée par le célèbre architecte Fernand Pouillon, n’a pas perdu son cachet architectural originel, bien au contraire, c’est un hôtel aux normes internationales dit «intelligent et connecté».
Un parc hôtelier de 2 221 lits
La wilaya de Guelma dispose de 17 infrastructures hôtelières, dont 5 sont exploitées dans des zones thermales. On cite le complexe Hammam Chellala, le complexe Benmessahel et Hotel Djihane à Hammam debagh, El Baraka et Bouchahrine à Héliopolis (Hammam Ouled Ali). Ces établissements disposent de 1 559 lits pour les curistes soit 70 % des offres, selon les chiffres présentés par la directrice du tourisme et de l’artisanat de la wilaya.
Si déficit il y a en matière de capacités d’accueil des curistes, le complexe Chellala à Hammam Debagh, du groupe HTT a pour ambition de créer une nouvelle extension dotée d’un hôtel 4 étoiles d’une capacité de 320 lits pour 164 chambres. Ainsi, au regard de la fiche technique exposée à l’occasion de la visite du ministre du secteur, au complexe Hammam Chellala, l’infrastructure sera érigée sur quatre étages.
Bien évidemment et face à la concurrence du secteur privé, il est prévu la création d’une piscine couverte sur 1 200 m2 ainsi qu’une piscine en plein air.
La restauration n’est pas en reste puisqu’il est projeté la réalisation d’un restaurant de 500 couverts avec buffet central. Un SPA (centre d’hydrothérapie) de 1 800 m2, et autres ailes proposant divers services à la clientèle, sont également prévus. Au terme de ce projet qui, faudrait-il le rappeler, fait partie d’une vaste opération de réhabilitation et de modernisation des structures existantes en l’occurrence l’hôtel 3 étoiles et ses bungalows, le complexe Chellala s’étalera finalement sur une assiette de 11,5 hectares dans un cadre agréable.
Une ZET pour Hammam Debagh
La commune de Hammam Debagh, plus connue sur le plan international par Hammam Meskhoutine, est une zone touristique par excellence avec sa cascade pétrifiée et ses eaux thermales, les plus chaudes au monde après celles des geysers d’Islande, jaillissant à plus de 97 °C. Jusque là, il n’y a rien de particulier, sauf qu’à ce jour et officiellement aucune Zone d’extension touristique (ZET) n’est inscrite dans cette région.
Soulevant cette problématique au ministre, le wali de Guelma, Houria Aggoune, n’a pas manqué de souligner que «le dossier est complet et soumis à proposition pour la création d’une ZET à Hammam Debagh». Nous l’aurons compris, la situation n’est pas aussi simple qu’il ne parait puisque cette condition a été à maintes reprises évoquée lors des sessions de l’APW et des réunions de l’exécutif de la wilaya depuis plus de deux décennies. «Probablement pour protéger le site naturel classé contre l’empiétement d’un urbanisme anarchique galopant», ont évoqué à El Watan des observateurs ayant souhaité garder l’anonymat.
Par ailleurs, une halte de la délégation ministérielle a été marquée à proximité des formations géologiques appelées communément «El ârais» à Hammam Debagh, qui ne sont autres que des geysers asséchés, formant un site unique au monde protégé par la loi. Le lieu est pris d’assaut en période printanière par une multitude d’activités commerciales très controversées, ce qui ne finit pas de soulever indignation et réprobation. Mais voilà que c’est l’APC de Hammam Debagh qui propose un projet de kiosques sur le site, avec l’aménagement d’un réseau d’évacuation des eaux usées, et la réalisation d’un parcours bétonné, un réseau d’eau potable, et l’installation de jeux pour enfants et nous en passons.
Des aberrations qui sont prévues, au moment où ce lieu devait être préservé contre toute intervention humaine en sous-sol immédiat en raison de l’activité thermale qui y règne, mais aussi pour un site qui sera définitivement défiguré si ce projet aboutit en surface. Notons enfin, et pour pallier au manque d’infrastructures hôtelières, les maisons et les chambres d’hôtes proposées par les habitants sont-elles prises en considération par le ministère du Tourisme ?
À cette question posée par El Watan à M. Mokhtar Didouche lors du point de presse, la réponse a été affirmative. «Absolument, nous encourageons ce genre d’initiatives qui viendraient en appui par rapport aux structures que nous avons, entre autres les hôtels», a indiqué le ministre de tutelle. Et de conclure : «Nous avons transmis ce dossier pour réglementer cette activité qui sera imposable puisque c’est une activité commerciale et les personnes identifiées».
Quoi qu’il en soit, beaucoup de choses restent à réaliser pour capter plus d’estivants, attirés, entre autres, par un tourisme de masse aux frontières Est du pays. Pour rappel, la directrice du secteur a déclaré que durant l’année en cours et jusqu’au 31 août, «136 457 curistes algériens ont séjourné à Guelma et plus de 173 000 touristes nationaux et étrangers ont visité la cascade de Hammam Debagh». Des chiffres qui devraient doubler ou tripler dans un avenir proche, selon les prévisions. Mais ceci est un autre problème auquel il faudrait associer les Tours Operators et autres agences touristiques en concertation directe avec les hôteliers nationaux pour favoriser un tourisme attractif.
Quant à la promotion du tourisme dans la wilaya de Guelma, une application numérique disponible sur Google Store dénommée «Visit Guelma» a été mise en ligne, depuis plus d’une année, par la direction du secteur. L’initiative a pour but de mettre en valeur les nombreux sites touristiques de la région. Téléchargeable gratuitement, cette application facilite aux touristes locaux et étrangers d’identifier et de visualiser les plus beaux sites touristiques de la wilaya ainsi que les hôtels et les circuits et d’y accéder sur Google Maps. Les produits artisanaux de la région dont la tapisserie, la broderie et la poterie, fabriqués par les 8 513 artisans de la wilaya, ne sont pas en reste, puisqu’ils constituent le fer de lance et la base même pour attirer les visiteurs.