Le Japon se prépare à mettre en place des mesures robustes pour contrer les fraudes associées aux cartes bancaires. Selon le South China Morning Post, l'Agence nationale de police japonaise a suggéré la suspension des cartes de crédit des citoyens âgés de 65 ans et plus.
Cependant, cette proposition est moins rigoureuse en pratique, car elle ne s'appliquerait que si la carte en question est restée inactive pendant plus d'un an. Cette initiative vise à enrayer les escroqueries liées aux cartes bancaires qui sévissent depuis des décennies dans le pays. Malgré les efforts des campagnes gouvernementales, les arnaques impliquant les cartes à puce persistent : durant le premier semestre de 2023, les pertes liées aux fraudes se chiffraient à environ 15 milliards de yens (environ 100 millions d'euros). Dans la plupart des cas, les fraudeurs se font passer pour des employés de banque pour piéger leurs victimes, les convaincant souvent que leur compte est à découvert. Une autre tactique consiste à prétendre être un proche en difficulté nécessitant de l'argent pour régler une situation urgente, comme une amende ou une dette.
Même si seulement un petit pourcentage de personnes tombe dans le piège, les escrocs sont toujours attirés par les perspectives de profit. En 2018, une femme de 84 ans avait été victime d'une arnaque téléphonique, payant jusqu'à 82 millions de yens (525 000 euros). Cette affaire avait mis en lumière l'ampleur du problème et la vulnérabilité des personnes âgées, particulièrement lorsque les criminels récidivent. Avec près d'un tiers de la population japonaise dépassant les 65 ans, les personnes âgées constituent des cibles faciles pour les délinquants. Cette situation est bien comprise par la plupart des Japonais. Tomoko Oono, une retraitée de Tokyo, explique au South China Morning Post : « Je pense que tout doit être fait, car j'entends parler de nombreuses affaires de ce type. Les banques et la police ont tenté d'y mettre un terme, mais c'est difficile, car tout ce dont les escrocs ont besoin, c'est d'un téléphone portable ».
Bien que l'initiative des autorités semble logique pour contrer les fraudes, des inquiétudes subsistent chez ceux qui, comme Tomoko Oono, redoutent que cette mesure puisse discriminer les personnes âgées. Beaucoup d'entre elles ne sont pas à l'aise avec les transactions en ligne, et certaines vivent dans des zones rurales sans accès facile à une banque. « Ma mère vit seule et préfère les paiements en espèces, car elle ne sait pas naviguer en ligne pour faire des achats », souligne-t-elle. « Je ne sais pas comment elle s'en sortirait si elle ne pouvait pas retirer d'argent ». Cette critique trouve également écho sur les réseaux sociaux. Néanmoins, compte tenu de l'augmentation des risques d'arnaque, la majorité de la population, y compris les personnes âgées, semble favorablement réceptive à cette annonce.