Après bientôt huit mois d’une guerre barbare et dévastatrice menée contre les Palestiniens de Ghaza, la pression s’accroît chaque jour un peu plus sur Israël, en faveur d’une trêve.
L’armée d’occupation israélienne a intensifié hier ses bombardements sur la bande de Ghaza, ignorant les avertissements de la Cour pénale internationale, faisant mine néanmoins de répondre aux pressions de la CIJ, notamment en ce qui concerne l’aide humanitaire. Des frappes aériennes et des tirs d’artillerie ont de nouveau ciblé le nord et le centre du territoire, ainsi que Rafah, à l’extrême sud, d’où des centaines de milliers de personnes ont fui.
En 24 heures, au moins 81 nouveaux décès ont été recensés, portant le bilan à près de 36 000 morts, selon un communiqué du ministère palestinien de la Santé. Le président de la Cour internationale de justice (CIJ), Nawaf Salam, a qualifié la situation humanitaire de «désastreuse». En se basant sur les données des Nations unies, les juges estiment que près de 800 000 personnes ont été déplacées de Rafah depuis le 18 mai.
En réalité, ce chiffre avoisine le million, soit la moitié de la population du territoire. La Cour dénonce explicitement une méthode israélienne devenue courante dans l’enclave, rejetant les «déplacements successifs de grande ampleur de la population palestinienne de la bande de Ghaza, déjà extrêmement vulnérable». Ces déplacements forcés, bien qu’ils ne constituent pas des actes génocidaires en eux-mêmes, peuvent être considérés comme un signe de génocide, selon les experts.
Les juges de la CIJ, qui estiment qu’Israël n’a pas respecté leurs deux premières ordonnances, ont également ordonné à l’Etat sioniste de «maintenir ouvert le point de passage de Rafah» afin de permettre la fourniture «sans restriction» et «à grande échelle» de l’aide humanitaire. La dernière agression israélienne a désorganisé le réseau d’aide internationale établi à Rafah, qui peine désormais à se reconstituer ailleurs, mettant en danger l’ensemble des habitants de l’enclave.
La base logistique de l’Unrwa à Rafah, la principale agence des Nations unies pour l’aide à Ghaza, est ainsi devenue inaccessible. «Nous devons reconstruire nos capacités à distribuer de la nourriture, et nous n’avons pas encore ces moyens», alertait Philippe Lazzarini, directeur de l’agence. Suite aux injonctions de la CIJ, les Etats-Unis ont annoncé le début d’une réorganisation de la zone frontalière pour atténuer les contraintes pesant sur l’acheminement de l’aide humanitaire.
Washington s’est félicité de l’accord obtenu avec l’Egypte, à la suite d’un échange entre le maréchal Al Sissi et Joe Biden, visant à faciliter le transit de l’aide humanitaire de l’Egypte vers le poste-frontière israélien de Kerem Shalom, contournant ainsi la frontière de Ghaza. L’Egypte, qui refusait de rouvrir le poste frontière de Rafah tant que les troupes israéliennes contrôlent le côté palestinien, a annoncé hier avoir laissé passer finalement des camions d’aide par le point de passage israélien de Kerem Shalom, selon Al Qahera News, un média proche des services de renseignement égyptiens.
Peu après cette annonce, la présidence palestinienne a déclaré, après des discussions avec les autorités égyptiennes, qu’elle acceptait «temporairement» cette nouvelle route, «jusqu’à la conclusion d’un accord sur l’opération du côté palestinien du poste-frontière de Rafah».
Aussi, hier, un convoi de 200 camions a pu enfin quitter le côté égyptien du poste-frontière de Rafah, fermé depuis qu’Israël a pris le contrôle du terminal côté palestinien, en direction de Kerem Shalom. Al Qahera News n’a pas précisé combien de camions avaient passé les contrôles, mais a indiqué que quatre camions de carburant avaient déjà traversé et se dirigeaient vers des hôpitaux.
«Accès sans entrave»
Il convient également de souligner que, dans leur première décision, les juges de la CIJ avaient exigé qu’Israël préserve les preuves de crimes. Cette fois-ci, ils enjoignent à l’Etat sioniste de «garantir un accès sans entrave à la bande de Ghaza» à toute commission d’enquête, mission d’établissement des faits ou autre organisme mandaté par l’ONU pour enquêter sur les accusations de génocide.
Après bientôt huit mois d’une guerre barbare et dévastatrice menée contre les Palestiniens de Ghaza, la pression s’accroît chaque jour un peu plus sur Israël, en faveur d’une trêve. Un haut responsable israélien a annoncé à l’AFP, sous le couvert de l’anonymat, qu’une réunion du cabinet de guerre était prévue hier soir, afin d’évoquer les efforts destinés à obtenir une libération d’otages.
Samedi, une autre source a fait état de l’intention d’Israël de relancer «cette semaine» les négociations. De son côté, le président américain, Joe Biden, a affirmé être «engagé dans une diplomatie de l’urgence» pour tenter de sécuriser un cessez-le-feu et la libération des otages. L’Egypte dit aussi poursuivre «ses efforts pour réactiver les négociations», selon Al Qahera News, tandis que des responsables qataris devraient rencontrer une délégation du Hamas dans les prochains jours, d’après le site américain Axios.
Attaf participe à Bruxelles à une réunion sur la question palestinienne
Chargé par le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, le ministre des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger, Ahmed Attaf, est arrivé, hier, à Bruxelles (Belgique) pour participer à une réunion ministérielle arabo-européenne sur la question palestinienne, a indiqué un communiqué du ministère.
Cette réunion fait suite à la première édition tenue à Riyad fin avril avec la participation d’un groupe restreint de pays arabes et européens «dans le cadre d’efforts diplomatiques conjoints visant essentiellement à promouvoir la solution à deux Etats au conflit israélo-palestinien et à renforcer l’élan des reconnaissances diplomatiques de l’Etat de Palestine», a précisé la même source.
«L’Algérie participe à cette réunion en sa qualité de membre arabe du Conseil de sécurité et dans le cadre de ses démarches et efforts en faveur de la cause palestinienne, notamment pour mettre un terme à l’agression israélienne incessante contre Ghaza et pour faire avancer le dossier de l’admission de l’Etat de Palestine en tant que membre de plein droit de l’ONU», a ajouté le communiqué.