Dans un document diffusé après l’attaque sous le titre «Pourquoi l’opération Déluge d’Al Aqsa ?», le Hamas a tenu à préciser que cette action de guérilla s’inscrit dans une guerre de libération contre l’occupant sioniste. L’objectif de cette opération, souligne le mouvement de résistance palestinien, était d’«en finir avec l’occupation, d’arracher notre droit à l’autodétermination comme les autres peuples du monde, et d’établir un Etat palestinien indépendant». «Le combat du peuple palestinien contre l’occupation n’a pas commencé le 7 octobre 2023, mais a débuté bien avant», insiste le Hamas, ajoutant que la Palestine a enduré «105 ans de colonisation : 30 ans sous le joug britannique et 75 ans sous l’occupation sioniste».
Il y a un an, jour pour jour, le Hamas menait une opération spectaculaire baptisée «Tofane Al Aqsa» (Le déluge d’Al Aqsa) contre Israël. Des commandos des Brigades Azzeddine Al Qassam, la branche militaire du Hamas, ont réussi à déjouer le gigantesque dispositif de sécurité qui protège l’Etat hébreu et ont conduit cette attaque dont le mode opératoire est inédit dans l’histoire de la résistance palestinienne. L’opération était, notamment, caractérisée par une triple incursion dans les villes et les kibboutz israéliens, se déployant à la fois par terre, par mer et même par air moyennant des parapentes motorisés.
Préalablement à ces infiltrations, il y a eu des salves de roquettes Qassam tirées par milliers vers Israël. Le bilan de l’attaque est l’un des plus lourds jamais subis par l’entité sioniste : quelque 1140 morts et 7500 blessés. En outre, 251 personnes ont été prises en otage, dont une quarantaine qui prenaient part à un festival de musique, le festival Nova, près du kibboutz de Réïm, en plein désert du Néguev.
Parmi les captifs, qui seront détenus par le Hamas afin de les négocier contre la libération de prisonniers palestiniens, figurent les dépouilles d’une trentaine d’Israéliens qui avaient déjà perdu la vie au cours de l’attaque. «Restent les noms de 63 otages officiellement présumés vivants», indique Libération. Une partie des otages juifs ont été libérés, rappelle-t-on, à la faveur de l’unique accord de trêve qui a été conclu entre le Hamas et Israël le 22 novembre 2023.
Une campagne punitive sauvage
Les représailles israéliennes à cette offensive sans précédent seront d’une brutalité inouïe. Netanyahu et son cabinet de guerre lancent aussitôt l’opération «Epées de fer», une effroyable campagne militaire placée sous le signe de la vengeance. Celle-ci s’est donné pour objectif principal la destruction du Hamas et la récupération des otages. Immédiatement, l’armée israélienne commence à bombarder Ghaza. Le 13 octobre, elle entame une incursion au sol. Le 27 octobre, une invasion terrestre à grande échelle de l’ensemble de la bande de Ghaza est lancée.
L’une de ses missions est de détruire les tunnels utilisés par les combattants palestiniens. Alors que les Brigades Azzedine Al Qassam et les autres factions de la résistance palestinienne, notamment le Jihad islamique et les Brigades des martyrs d’Al Aqsa (branche militaire du Fatah) tentent de repousser l’abominable rouleau compresseur israélien soutenu par les Etats-Unis, Ghaza s’écroule sous un véritable tapis de bombes.
Ce sont d’abord les villes du Nord qui tombent les premières, autour du camp de Jabaliya, de Beit Hanoun et Beit Lahia. Très vite, Ghaza, la capitale de l’enclave, est assiégée et pilonnée de partout. On se souvient de l’effroi suscité par le massacre de l’hôpital baptiste (Al Ahli Al Arabi) le 17 octobre 2023. La frappe de ce complexe hospitalier, l’un des plus vieux de la ville de Ghaza, provoque un carnage : 471 morts et 314 blessés, selon le ministère de la Santé de Ghaza. La boucherie déclenche un tollé.
C’est la première fois qu’on entendait enfin la «communauté internationale» donner de la voix pour réclamer la paix pour Ghaza. Mais Netanyahu est plus déchaîné que jamais. Les forces d’occupation sionistes redoublent d’acharnement dans leur guerre punitive contre la population palestinienne. Ghaza est réduite en cendres. Aucun site n’est épargné, pas même les cimetières. Immeubles d’habitation, camps de déplacés, hôpitaux, écoles, structures de l’UNRWA, mosquées, églises, châteaux d’eau, bureaux de presse… La machine de guerre israélienne broie tout sur son passage.
L’échec de la communauté internationale
Et tandis que les opinions publiques dans le monde entier appellent à arrêter le massacre en Palestine, des efforts diplomatiques sont entrepris pour essayer d’arracher un cessez-le-feu. Peine perdue. Ghaza ne connaîtra que cette courte trêve de novembre évoquée tantôt. L’accord consistait en la libération de 50 otages israéliens en échange d’un certain nombre de prisonniers palestiniens. Il a permis également une accalmie de quatre jours. Bien que furtive, la trêve avait ouvert l’espoir à un compromis durable. Mais dès le 30 novembre, les bombardements ont repris et ne se sont finalement jamais arrêtés. Pourtant, cela fait des mois que les pays médiateurs, à savoir les Etats-Unis, le Qatar et l’Egypte tentent de mettre fin au génocide en cours. En vain.
La guerre menée depuis une année contre Ghaza signe en définitive l’échec de la communauté internationale qui n’a pas réussi à faire respecter le droit international en Palestine, qui n’a pas réussi à protéger le peuple palestinien de l’épouvantable machine de mort de Benyamin Netanyahu. Et qui a encore moins réussi, malgré une nette avancée au niveau des mentalités, à remettre le politique sur les rails et relancer le processus de paix de manière à garantir un règlement définitif et juste de la question palestinienne.
Pis encore : Netanyahu passe ses nerfs maintenant sur le Liban. Il faut noter que dès le 8 octobre 2023, le Hezbollah s’était engagé dans le conflit en soutien à Ghaza. Quotidiennement, des échanges de tirs avaient eu lieu aux frontières israélo-libanaises. Cela a obligé des dizaines de milliers de personnes, de part et d’autre de la frontière, à déserter les zones touchées par les combats. C’est ainsi qu’environ 60 000 Israéliens ont quitté le nord de l’Etat hébreu pour échapper aux roquettes du Hezbollah.
Le 30 juillet va marquer un tournant : Israël frappe Beyrouth au cœur et élimine Fouad Chokr, un haut cadre militaire du Hezbollah. Quelques heures plus tard, dans la nuit du 30 au 31 juillet, les services secrets israéliens exécutent le chef politique du Hamas, Ismaïl Haniyeh, en plein Téhéran. Il venait d’assister à l’investiture du nouveau président iranien Massoud Pezeshkian. Il sera remplacé quelques jours plus tard par Yahya Sinwar, le «cerveau» présumé (avec Mohamed Al Daïf) de l’opération du 7 octobre. Il convient de rappeler qu’avant de l’éliminer, Israël avait tué trois des fils d’Ismaïl Haniyeh et quatre de ses petits-enfants. C’était le 10 avril 2024, en plein Aïd El Fitr au camp Al Shati, à Ghaza. Le 27 septembre, Israël exécute une autre figure de proue de l’Axe de la résistance : Sayyed Hassan Nasrallah. Mais le Hezbollah ne craque pas.
Une guerre de libération
Il serait difficile de consigner en quelques lignes tout ce que l’armée israélienne a commis à Ghaza en 365 jours d’atrocités continues. Les statistiques compilées par les instances locales et diverses institutions internationales et ONG résument l’ampleur de la tragédie palestinienne (voir encadré). Le dernier bilan diffusé ce dimanche 6 octobre par les autorités sanitaires fait état de 41 870 morts et 97 166 blessés enregistrés en une année d’exactions à Ghaza, à quoi ajouter 10 000 victimes qui sont portées disparues.
Pour saisir la monstruosité de la guerre d’extermination israélienne, méditons le nombre d’enfants et de mineurs tués. Ceux-là, le boucher de Ghaza ne peut pas les accuser d’être des «terroristes du Hamas». Selon le Bureau central palestinien des statistiques, le nombre d’enfants et d’adolescents fauchés par la machine de mort israélienne à Ghaza s’élève à 16 891 depuis le 7 octobre.
Il fauter citer aussi les terribles statistiques des pertes quotidiennes recensées en Cisjordanie occupée où Israël a très vite étendu sa loi infernale. 742 morts et près de 6000 blessés ont été enregistrés à «Al Dhiffa», selon le Bureau palestinien des statistiques. Dans un document diffusé après l’attaque sous le titre «Pourquoi l’opération Déluge d’Al Aqsa ?», le Hamas a tenu à préciser que cette action de guérilla est une bataille qui s’inscrit dans une guerre de libération contre l’occupant sioniste. «C’est une étape nécessaire et une réponse naturelle pour faire face aux plans israéliens (de colonisation de la Palestine)», souligne le document du Hamas.
L’objectif de cette opération, explicite le mouvement de résistance palestinien, était d’«en finir avec l’occupation, de restaurer les droits nationaux (des Palestiniens), d’arracher notre droit à l’autodétermination et notre indépendance comme les autres peuples du monde, et d’établir un Etat palestinien indépendant avec Jérusalem comme capitale». Le groupe islamiste paramilitaire fera remarquer par ailleurs que «le combat du peuple palestinien contre l’occupation n’a pas commencé le 7 octobre 2023, mais a débuté bien avant». La Palestine, rappelle le Hamas, a enduré «105 ans de colonisation : 30 ans sous le joug britannique et 75 ans sous l’occupation sioniste».
UN BILAN EFFROYABLE
41 870 Palestiniens ont été tués et 97 166 ont été blessés à Ghaza depuis le 7 octobre 2023.
10 000 victimes sont portées disparues.
16 891 enfants et adolescents ont été fauchés par la machine de guerre israélienne à Ghaza.
986 membres du personnel médical ont été tués.
496 cadres de l’éducation, entre enseignants et personnel administratif, ont péri dans l’enclave palestinienne.
203 employés de l’UNRWA ont perdu la vie.
85 membres de la Défense civile ont été fauchés par l’armée israélienne.
175 journalistes ont laissé leur vie à Ghaza.
2 millions de déplacés internes vivent dans des camps de fortune, soit près de 85% de la population de Ghaza.
360 000 unités d’habitation ont été détruites ou endommagées par la guerre.
625 000 élèves ont été privés de rentrée scolaire auxquels s’ajoutent 58 000 nouveaux élèves qui devaient effectuer pour la première fois leur rentrée cette année.
456 écoles et université ont été totalement ou partiellement détruites.
611 mosquées ont été démolies.
25 hôpitaux sont endommagés du fait des bombardements.
34 hôpitaux sont hors service.Source : Bureau central palestinien des statistiques et ministère de la Santé dans la bande de Ghaza