Le drame sans fin des familles des disparus en mer à Boumerdès  

17/04/2022 mis à jour: 06:34
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La nouvelle de la présence supposée de harraga algériens dans les prisons tunisiennes a redonné de l’espoir à beaucoup de familles algériennes ayant un proche disparu en mer. Mais leur espoir a vite cédé la place à la déception à cause de la légèreté ayant caractérisé la gestion de ce dossier hautement sensible. 
 

Dans la wilaya de Boumerdès, elles sont une soixantaine de familles à attendre le retour du fils prodige. Malgré les difficultés, elles ne comptent pas renoncer et céder au fatalisme. Sofiane est le frère d’un jeune harraga de Dellys, disparu en mer avec 13 autres jeunes en novembre 2020 alors qu’ils  tentaient de rejoindre l’autre rive de la Méditerranée. «On n’a jamais cessé de le chercher. Car nous sommes convaincus qu’il est en vie», dira-t-il avec un brin d’amertume. Comme les proches des autres harraga, Sofiane se dit certain que son frère est détenu dans les geôles tunisiennes.  
 

Ce qu’il avance, souligne-t-il, «découle des résultats d’enquêtes minutieuses et des recoupements d’informations obtenues auprès de plusieurs parties». «Je suis même parti en Tunisie. La dernière fois, j’y suis resté 10 jours. Et grâce à l’aide de beaucoup de personnes, j’ai pu confirmer que nos enfants ont été arrêtés par les gardes-côtes tunisiens avant de les jeter en prison», poursuit-il. En tout cas, l’accusation n’est pas nouvelle. 
 

Corroborée par plusieurs ONG, l’idée des disparitions forcées des harraga en Tunisie a fait couler beau d’encre. Au lendemain de la disparition des 14 jeunes de Dellys, leurs proches ont affirmé avoir pu localiser leur présence sur le sol tunisien grâce à leurs portables et l’aide d’organisations humanitaires espagnole et italienne. 
Ces familles croient savoir que leurs enfants ont été sauvés d’un naufrage certain en haute mer par un bateau turque avant d’être transportés vers la Tunisie. 
 

Cependant, cette information n’a jamais été confirmée par les autorités de ce pays, restées à ce jour silencieuses sur ce sujet, malgré les souffrances de leurs proches. «J’ai un frère (Merah Ahmed) qui est porté disparu en septembre 2017. Il est parti avec 13 autres harraga de Boumerdès. 

En avril 2019, un jeune de Zemmouri, qui s’appelle Merabet Said, a déclaré aux médias l’avoir croisé avec un autre harrag de la région à la prison de Mornaguia, près de Tunis. Depuis, nous n’avons cessé de le chercher. Sans résultats», relate Samir Merah. Natif de Zemmouri, Said Merabet (25 ans) a passé plusieurs mois dans la même prison. Sa déclaration a  été alors relayée par tous les médias. 

Contacté à l’époque pour nous en dire plus, Saïd était catégorique. «Nous avions partagé la même cellule (A5) durant plusieurs jours, mais on n’a pas tardé à leur changer de lieu de détention. La législation tunisienne considère les étrangers vivant illégalement sur son sol comme étant des individus à identifier. Ils sont soumis à des enquêtes durant 18 mois au niveau de la caserne de Laouina. Ils les placent en isolement afin d’éviter tout contact avec les autres prisonniers. 

Ce genre de détenus sont généralement condamnés à des peines maximales», nous a-t-il avoué. Malgré les contraintes, Samir Merah ne perd pas espoir de revoir son frère disparu sain et sauf. 
 

Sa quête de la vérité l’a mené cinq fois en Tunisie. Avec l’aide d’avocats tunisiens, il affirme avoir même consulté le fichier national des personnes détenues dans le pays. 

Samir et les membres des autres familles ont saisi plusieurs institutions officielles, le Parlement, des organisations humanitaires, des députés, plusieurs ministères, l’ambassade d’Algérie en Tunisie, etc. Les réponses, ils en ont vu par dizaines, mais toujours pas de traces de leurs proches disparus. 

 

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