Dans son livre Les 7 tours du diable, le célèbre occultiste soufi converti à l’islam, René Guénon, définissait, après des recherches ésotériques et historiques, les 7 endroits sur Terre où résiderait le diable, deux en Afrique, chez les Dogons et Peuls du fleuve Niger et au Soudan, une en Irak chez les Kurdes de Mossoul, une en Syrie, une au Turkestan et les deux dernières en Sibérie dans des lieux fréquentés par des Yézidis expatriés, où Raspoutine aimait s’y rendre pour partager des transes collectives.
Mais ce que Guénon ne savait pas, c’est que dans une villa sur les hauteurs de l’Edough, massif qui surplombe la jolie baie de Annaba, jeudi dernier, des jeunes dansaient sur de la musique électro dans le cadre d’une soirée privée. Au petit matin, sur requête du procureur, la police débarquait et mettait fin à la fête. Résultat de cette descente spectaculaire des forces de l’ordre sur celles du désordre, 70 personnes arrêtées, dont les organisateurs et propriétaires de la villa, accusés d’«organisation de fêtes sataniques».
Des sacrifices d’enfants ? Des messes noires ? Des lectures du livre des diableries ? Non, de la musique électro et quelques adjuvants, psychotropes, cannabis et autres boosters de réalité. Nous ne sommes pas à Tipasa, où un décret interdisant aux femmes de manger des bananes en public serait en préparation, mais à Annaba, l’organisation de fêtes sataniques dans un endroit privé est-elle prévue par l’épais code pénal ?
A part le récent et vague article 144 bis du code pénal, qui prévoit un emprisonnement de 3 à 5 ans «quiconque offense le Prophète et les envoyés de Dieu ou dénigre le dogme ou les préceptes de l’islam, que ce soit par voie d’écrit, de dessin, de déclaration ou de tout autre moyen», rien ne spécifie ce délit satanique. Les diables verraient le diable partout ? En tous les cas, Annaba, ville abandonnée par l’Etat où des réseaux mafieux font la loi, serait la 8e tour du diable. René Guénon étant mort, on attend la mise au point du diable.